Richard Rossin

Ancien secrétaire général de MSF, co-fondateur de Médecins du Monde

Abonné·e de Mediapart

13 Billets

0 Édition

Billet de blog 4 septembre 2010

Richard Rossin

Ancien secrétaire général de MSF, co-fondateur de Médecins du Monde

Abonné·e de Mediapart

L’arbre qui cache la forêt.

La république islamique d’Iran n’est jamais en reste d’une provocation et d’un geste pour déstabiliser la région. L’Iran gage le Liban depuis sa création du Hezbollah sous Moussavi devenu opposant au régime de Mahmoud Ahmadinejad à l’ombre du guide suprême : l’ayatollah Ali Khamenei, l’homme qui, de fait, dirige à peu près tout.

Richard Rossin

Ancien secrétaire général de MSF, co-fondateur de Médecins du Monde

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La république islamique d’Iran n’est jamais en reste d’une provocation et d’un geste pour déstabiliser la région. L’Iran gage le Liban depuis sa création du Hezbollah sous Moussavi devenu opposant au régime de Mahmoud Ahmadinejad à l’ombre du guide suprême : l’ayatollah Ali Khamenei, l’homme qui, de fait, dirige à peu près tout. Le Hezbollah est devenu la maladie hémorragique mortelle que l’on sait et qui a confisqué les élections libanaises avec son armée privée et son allié syrien. Il avait fallu l’intervention de la communauté internationale pour donner un semblant de légitimité à l’Etat mais le blanc seing syro-iranien avait été obligatoire ; la Syrie ; les cèdres sont abattus.

Justement c’est une nouvelle histoire d’arbre : l’Iran plante 5 arbres à la frontière libano-israélienne.

Ceci intervient après que l’élagage d’un arbre israélien par les israéliens eut provoqué le heurt sanglant (ce n’était pas un chêne) que l’on connait malgré des réunions préparatoires avec la FINUL et l’armée libanaise dont voit bien maintenant que certains de ses soldats obéissent plus à la milice, mieux armée qu’elle, qu’à son propre commandement. Mais ceci intervenait aussi dans un climat incroyable où chaque jour tel ou tel (habituellement un gradé libanais) était accusé d’espionnage au profit d’Israël, à croire que Tsahal a des divisions entières de citoyens levantins, sûrement un souvenir de la coopération entre Salomon et Hiram de Tyr… Rappelons-nous encore que cette armée avait perdu la bataille du contrôle de l’aéroport de Beyrouth face au Hezbollah et que, depuis, il n’était plus un responsable politique qui ne menaçât son voisin méridional (qu’il ne reconnait pas), à l’unisson de la milice shiite, des pires représailles au moindre mouvement qui d’ailleurs n’a pas lieu.

L’étiolement de l’Etat Nation de l’ancienne Suisse du Moyen Orient est porteur de toutes les violences et un climat d’hystérie guerrière s’était emparé du pays. L’Iran « ayatollahisé », la Syrie, qui se sent les mains d’autant plus libres qu’elle est courtisée par l’Occident, et la Turquie, ancien gardien de la laïcité et dont l’armée se voit chaque jour un peu plus dépossédée de son ancien pouvoir par Erdogan, poussent à la roue de la spirale de l’enfer. Le Liban en exutoire à l’incapacité de ses voisins belliqueux à réaliser leur rêve impérial dans une alliance improbable que seule leur soif d’importance régionale a conjoncturellement unis.

Mais il semble que le Liban se réveille : le Président, le Premier ministre et le Président du Parlement, c'est-à-dire tous les groupes politico-religieux refusent de rencontrer les militantes du groupe « free Gaza ». Ce groupe islamiste, essentiellement turco-iranien connu pour l’organisation de la flottille du Marvi Marmara, affrète, avec l’aide de finances syriennes, un navire, le Mariam, transportant uniquement des femmes (puisque les hommes ont échoués) pour forcer l’embargo dit « blocus de Gaza ». Encore que, la Turquie échaudée par sa dernière provocation lui refuse une escale dans sa partie occupée de Chypre mais l’Iran qui n’arrive pas à affréter sa propre flottille pousse à la roue. Dans ce réveil un texte de loi permet enfin aux Palestiniens de travailler au Liban, sauf dans les professions libérales ; jusque là, les frères libanais, à l’instar des autres pays arabes, n’autorisaient que le travail clandestin.

Après les morts inutiles le long de la frontière à cause d’un arbre en Israël, l’Iran en replante cinq au Liban. L’Iran plante cinq arbres à la frontière libano-israélienne mais les libanais en coordination avec la Force Intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) les arrachent après quelques tergiversations.

Un vent de liberté et un espoir de renaissance de la Nation soufflerait-t-il au Liban, malgré la présence de soldats iraniens à la frontière israélo-libanaise pour observer les positions des soldats de Tsahal ?

Richard Rossin

Ancien Secrétaire Général de MSF, Co-fondateur de MDM

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.