La coalition menée contre la France Insoumise depuis le début de cette campagne présidentielle a en partie réussi. En effet « grâce » à une alliance inédite et qui restera dans les mémoires comme une combine digne de Machiavel, quelques centaines de milliers de voix ont été légalement et habilement détournées et ont manqué à Mélenchon pour être au deuxième tour.
L'originalité de cette entente consciente, mais clandestine entre des gens qui sur le papier semblent opposés comme les Verts, le PC et PS et les Macronistes, existent pourtant dans les faits, Je laisse de côté les deux partis de l'extrême gauche qui ont juste escamoté comme un joueur de bonneteau un point pas négligeable à la gauche légitime surtout que pour le NPA et Lutte Ouvrière participer à la présidentielle grâce à la générosité intéressée du pouvoir leur permet d'encaisser 1 million d'euros chacun quelque soit leur score et vu ce que leur coûte leur campagne cela représente un moyen pour tenir jusqu'à la prochaine élection. Pour ces mouvements ultras minoritaire c'est probablement une question de survie...
Revenons aux partis de la désunion et du gâchis de la gauche, les Verts, Le PC, le PS, les trois faux mousquetaires qui comme dans le récit d'Alexandre Dumas Père servent le roi et non le peuple. En effet en se présentant contre toute logique et contre l'intérêt général des Français de gauche, mais aussi contre l'intérêt de leur propre parti, ces agents doubles voire triples travaillent d'abord pour leur propre intérêt en refusant de soutenir quelqu'un de leur bord qui pourrait gagner. Pour cela, ils avancent leur propre candidature pour éparpiller les voies du premier tour et ils gagnent sur deux tableaux à la fois. Primo en empêchant Mélenchon d'arriver au second tour Jadot, Roussel et Hidalgo qui savent qu'ils(qu'elle) ne sont pas vraiment populaires ni sur le plan national ni même dans leur partie évitent le sacre d'un autre qu'ils n'aiment pas (la réciproque est vraie) et dont ils n'attendraient rien, sauf leur propre mise au rencart et une disparition médiatique et politique. Au contraire, en gelant des voix qui auraient pu aller à la France Insoumise, ils peuvent espérer, dans un second temps, pour service rendu à la Macronie toucher des dividendes en postes ministérielles ou à la tête d'institutions comme Fabius au Conseil Constitutionnel et Barbara Pompili ancienne vice-présidente du parti Europe-Écologie-lesVerts sans parler de François de Rugy, coprésident, des verts, ensuite ministre PS sous Valls puis macroniste comme ministre et ensuite Président du Parlement. Ils sont nombreux à faire des allers-retours lucratifs...
Il reste le cas sibyllin de Roussel, car lui ne peut prétendre à un poste en vue au sein d'un futur gouvernement de droite, peut-être le fait d'avoir été médiatisé lui a fait monter la tension artérielle et galvanisé par les instituts de sondage à plus de 5 points, ces derniers avaient intérêt à lui faire endosser le masque de la grenouille, celle de la farce de la Fontaine, la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf…., pour le pousser à s'enfermer dans une candidature sans horizon pour lui et dévastatrice pour la gauche. J'avoue m'interroger sur les raisons de ce détournement de voix.
En résumé, pour nos mercenaires de la politique mieux vaut donc rendre service à son suzerain qu'aux moujiks qui n'ont rien à offrir à part leurs remerciements et leur beau sourire naïf.
Dans cette pièce de théâtre tragi-comique, il faut aussi parler des autres acteurs, les médias avec trois familles co-sanguines : les instituts de sondage, les médium et les journalistes avec leurs cohortes de pseudo-spécialistes occupant matin et soir les écrans pour répéter le même message simple, clair et faux : Mélenchon est seul et ne passera pas le cap des 15 points donc pourquoi perdre son temps et son énergie à voter pour lui. On peut soit partir le 10 avril à la pêche ou bien voter blanc ou encore voter pour ses convictions, car le vote utile est inutile puisque le chevalier blanc ne sera pas quoique l'on pense qualifié pour le second tour.
En effet c'est la première fois ou l'on assiste à la promotion en direct de l'abstention comme un réflexe compréhensible, et l'on voit défiler comme à la caserne ces cohortes de quidam au pas de l'oie annonçant fièrement que puisque aucun programme ne parle de leur préoccupation : le pouvoir d'achat, l'écologie, le chômage, la précarité de la jeunesse, ils voteront blanc ou ne voteront pas. Évidemment toutes ces thématiques sont abordées dans le programme de la France Insoumise, mais « quand le sage montre la lune, l'ignorant regarde le doigt ».
Sans vergogne après avoir poussé dans le dos sans se découvrir la jeunesse à se « rebeller » en boycottant les urnes, les médias sont allés plus loin jusqu'à sous- estimer les chiffres des sondages du premier tour pour le candidat de la France Insoumise, donné longtemps à moins de 15% des voix jusqu'au 5 avril alors que tout le monde voyait qu'il faisait le plein à ses meetings (100 000 à Paris …) pour péniblement lui ajouter un ou deux point supplémentaire quand il était trop tard. Car si les sondeurs avaient comme pour les autres donnés les bons chiffres, ils auraient suscités un élan, un enthousiasme tel que la barre des 25 % auraient été probablement franchie, mais il fallait au contraire désespérer Billancourt...
Dans cette partie de poker menteur pour couronner le tout il ne restait plus qu'à faire semblant de s'extasier devant les mérites d'un Roussel devenu dans la bouche de nos chroniqueurs libéraux : crédible, séduisant, sincère... afin d'inciter quelques candides à persévérer dans un vote sans avenir. Nous avons même eu le droit sur les chaînes du service public et sur les chaînes d’information en continu à un moment unique de démocratie : des compliments visant Poutou et le célébrant comme direct, franc et représentant d'une partie de la population légitime (ce qui est vrai, mais dans la bouche des ultras libéraux cela prête à sourire).
Seul contre tous acculé comme Cyrano contre un mur avec cent spadassins prêts à l'embrocher, Mélenchon était vilipendé et traité de gauche extrême (pour les moins virulents) de poutiniste (pour les plus falsificateurs), d'utopiste (en oubliant que le progrès naît dans l'utopie comme les 40 heures et les congés payés), d'islamo-gauchiste pour des laïcards extrémistes (qui volontairement ou non font croire que la laïcité serait un dogme anti-religieux ), de dictateur puisqu'il serait pour le gouvernement par le peuple et de fou sans notion des réalités économiques puisqu'il demanderait aux riches et très riches de payer leur part équitable d'impôt au lieu de profiter des lois fiscales concoctées par Bercy pour leur permettre de faire de l'évasion fiscale sous prétexte comique de ruissellement mathématique.
Seul contre tous, il n'a pas succombé, il n'est pas tombé, LFI dernier rempart contre la barbarie des riches ou des aigris racistes peut encore inverser la balance, il reste le 3ème et 4ème tour, car l'élection présidentielle n'est rien sans les législatives puisque si le gouvernement prépare les lois c'est le parlement qui les vote donc il reste encore la reine des batailles et là enfin débarrassé de ses amis perfides LFI pourra se charger de ses ennemies.
Pourtant s'il veut cette fois l'emporter Mélenchon et son parti devront veiller à quelques corrections sémantiques et programmatiques :
1- Le nom du parti n'est pas le meilleur pour rallier la majorité des Français qui ne se veut pas vraiment insoumise et qui ne cherche qu'à vivre sans faire de bruit pour cela il suffit de voir comment les Gilets Jaunes qui se battaient pour les Français les plus précaires ont été désavoués par ces derniers. L'Union Populaire me semble un bon choix.
2- Certaines des de propositions LFI vont probablement trop loin pour le français moyen:
Les 32 heures alors que les 35 heures ne sont pas encore complètement fonctionnelles.
La possibilité de récuser un élu local notamment simplement à travers un RIC local.
Il ne faut pas essayer de faire le bonheur des gens malgré eux, mais plutôt s'adapter à leur ressenti en proposant ces mesures dans un avenir plus ou moins proche et avec l'assentiment de la majorité.
3- Une certaine cohérence avec les discours concernant la mixité sociale et culturelle qui pour l'instant n'apparaît pas beaucoup dans les cadres et animateurs de LFI et qui serait la bienvenue. Les têtes connus des Insoumis sont presque tous des « bobos » cultureux issus du milieux bourgeois et intello pas de personnalités émanant d'un parcours social ou culturel réellement issus des classes populaires.
Pour finir, ne capitulons pas en nous avouant vaincu, certes après la Covid, la guerre Russo-Ukrainienne et la perspective d'une élection désespérante entre la peste et le choléra, nous pourrions nous laisser aller à la dépression. Pourtant nous pouvons déjouer le bel échafaudage de ceux qui veulent gouverner en promettant à 90% des Français comme unique perspective du sang et des larmes : il suffit de se mobiliser pour la vraie élection celle qui compte vraiment et qui décidera de l'avenir de ce pays, les législatives.