Tirant la leçon de l’échec enregistré aux élections d’avril 2019, les 4 partis à dominante « arabe » (Palestiniens) - Hadash (PC), Raam, Taal, Balad – décidaient d’une liste commune, la Liste Unie, pour l’élection à la Knesset, le parlement israélien.
En premier il fallait surmonter les tendances au boycott, ou plus simplement à l’abstention, chez les palestiniens citoyens israéliens (20% de la population). Boycott vis-à-vis d’un Etat qui discrimine ouvertement ses citoyens arabes ou considéré illégitime. Abstention aussi, nourrie par le scepticisme à pouvoir changer les choses tant les arabes sont stigmatisés, discriminés. Les problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés sont considérables : travail, logement, politique pour l’enfance, soins médicaux, lutte contre la criminalité … Autant de points que la Liste Unie (LU) prend en compte. La loi faisant d’Israël l’Etat-nation du peuple juif a encore aggravé la situation, le ressentiment. Sa suppression et l’exigence de la complète égalité de droits sont des revendications fortes.
Ayman Odeh (Hadash) a déclaré que la LU lutterait contre toutes les discriminations à l’encontre des arabes, des juifs d’origine éthiopienne, des orthodoxes et contre tout racisme. Il a appelé les juifs progressistes à rejoindre la LU, le combat devant être mené juifs et arabes ensemble, qu’ils gagneraient ensemble ou perdraient séparément. Avec la claire volonté de s’affirmer comme champion de la lutte pour l’égalité, la démocratie, la paix avec la réaffirmation de la nécessité de l’Etat palestinien sur les « frontières » de 1967. Ces prises de positions ont attiré des israéliens progressistes : une centaine d’universitaires ont appelé à voter pour la LU ainsi que des personnalités et journalistes.
Les Palestiniens d’Israël, premières victimes du racisme, sont en première ligne pour exiger l’égalité pour tous et la démocratie. Ils le sont aussi, en Israël, dans la lutte pour la paix et l’Etat palestinien à l’heure où la stratégie « la terre contre la paix » est en échec total. Les pays du Golfe avec l’Egypte s’étant alliés à Israël contre l’Iran, n’ont plus rien à offrir à Israël. Le rôle des Palestiniens d’Israël en est encore plus important.
Le vote du 17 septembre a permis à la LU d’avoir 13 sièges sur les 120 de la Knesset. Les provocations de Netanyahu ont poussé l’électorat arabe à se mobiliser fortement, un des objectifs étant de le faire tomber. Une chute rendue possible grâce au résultat de la LU. Benny Gantz félicitant Ayman Odeh pour le résultat du vote, du jamais vu jusqu’ici, est un signe fort du poids pris par la LU.
Un vieux débat revenait sur la table au sein de la LU : pour peser faut-il s’intégrer au jeu politique israélien ? Un tournant a été amorcé. Le dimanche 22/9, la LU décidait, hormis les 3 élus du Balad, de recommander, au président d’Israël, Benny Gantz comme premier ministre, sans participation au gouvernement, pour faire tomber Netanyahu et faire avancer ses demandes dans une négociation avec Gantz.
Netanyahu en tête avec 55 recommandations et Gantz 54, les deux décidaient le 23/9 de mener un gouvernement de coalition avec premier ministre tournant. La Liste Unie devient alors chef de l’opposition avec d’importantes prérogatives. Une combinaison instable, provisoire ?
Ayman Odeh, après avoir appelé à la fin de l’occupation et à l’établissement d’un Etat Palestinien à côté d’Israël, a déclaré : « Nous avons décidé de démontrer que les Arabes palestiniens ne peuvent plus être rejetés ou ignorés … le seul avenir pour ce pays est un avenir partagé ».
Incontestablement ce résultat de la Liste Unie est l’élément essentiel, moteur et porteur d’espoir, dans les dernières élections israéliennes.