RK34 (avatar)

RK34

Robert Kissous - Communiste - Militant associatif - Rencontres Marx

Abonné·e de Mediapart

131 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 janvier 2022

RK34 (avatar)

RK34

Robert Kissous - Communiste - Militant associatif - Rencontres Marx

Abonné·e de Mediapart

Un bouleversement mondial

Tribune publiée dans l'Humanité du vendredi 4 Décembre 2020

RK34 (avatar)

RK34

Robert Kissous - Communiste - Militant associatif - Rencontres Marx

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En 2006 la France reculait de la 5ème à la 6ème position, en terme de PIB, au profit de la Chine. En 2017 c’était au tour de l’Inde qui, doublant son PIB en dix ans, passait devant la France rétrogradée au 7ème rang.

Diverses études prévoient les évolutions à venir en 2030 ou 2050. Toutes convergent sur ce fait : la montée des pays émergents est une tendance de fond.

Selon plusieurs projections de cabinets d’audits et d’institutions économico-financières, en 2050 six pays émergents seraient dans les dix premiers, la France reculant à la 12ème place. Déclin relatif puisque le PIB ne recule pas mais croît beaucoup moins vite que celui d’autres pays.

Fait notable, la Chine passerait devant les Usa d’ici 2030. A 2050 sept pays émergents représenteraient 50% du PIB mondial contre 20% pour les pays du G7.

La pandémie, survenue depuis ces études, ne modifiera pas globalement ce pronostic. Elle peut même l’accélérer puisque les pays asiatiques s’en sortent plutôt mieux que les pays européens ou les Usa.

Le très important accord de libre-échange RCEP comprenant quinze pays - l’ASEAN plus Chine, Japon, Corée du Sud, Australie, Nouvelle Zélande – renforce le poids de la zone Asie-Pacifique dans l’économie mondiale. L’Inde et les Usa ont refusé de s’y associer. Pour les Usa la « concurrence libre et non faussée » est acceptable si elle leur profite. Ce n’est pas la théorie économique néo-libérale ou autre qui les guide mais leur visée hégémonique.

C’est donc un bouleversement considérable des rapports mondiaux qui s’affirme. Ce n’est pas l’accumulation de capitaux ni le casino boursier qui créent les richesses mais le labeur des centaines de millions de travailleurs d’ex pays sous-développés, exploités dans l’échange inégal subit au profit des pays impérialistes et qui se mettent en mouvement pour sortir de la misère.

Les pays du G7 pourraient s’en réjouir et décider de prendre le chemin de la coopération avec les économies émergentes, sur un pied d’égalité, en endossant le multilatéralisme.

Les dirigeants de ces pays, Macron notamment avec l’arrogance habituelle, adoptent une telle rhétorique. Mais la pratique est autre, on ne change pas l’essence de l’impérialisme même si on peut parfois en infléchir le cours. La bourgeoisie française cherche à renforcer ses positions ou au moins à les maintenir sur la scène internationale. Il y va de sa capacité à peser dans sa zone d’influence traditionnelle, de l’accès aux ressources nécessaires et à « sa part du gâteau ».

Dans ce contexte, la pandémie a retardé des projets de loi ou de décisions tout en posant la question : qui va payer la crise sanitaire ? Pour renforcer ses positions, la classe dominante prépare sa « sortie de la pandémie ».

La loi Sécurité Globale renforce les moyens pour imposer par la violence, si nécessaire, les choix politiques sur le plan social et économique. Quand le pouvoir a du mal à convaincre il lui reste l’autoritarisme. Darmanin menace avec la bénédiction de Macron : « Le cancer de la société, c’est le non-respect de l’autorité ». Mais avec une large opposition.

C’est là qu’intervient la loi sur le séparatisme. Elle vise à constituer un bloc idéologique autour de Macron et de la classe dominante, en le faisant apparaître comme « progressiste », en mobilisant pour une laïcité dévoyée. En ciblant une partie des classes populaires, les musulmans ou supposés tels, elle caresse la droite et l’extrême-droite en vue de 2022.

Des manœuvres qui n’effaceront pas la réalité catastrophique dans laquelle la classe dominante a mis le pays : croissance phénoménale de la pauvreté et de la précarité, dégradation des conditions de vie, démocratie en berne … « Arroser » les grandes entreprises n’y changera rien, au contraire. Les mobilisations sociales multiformes d’avant pandémie attestent du rejet de cette politique. et ce n’est pas un autoritarisme croissant, brutal, qui emportera davantage les convictions.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.