Robert Kissous - Communiste - Militant associatif - Rencontres Marx
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A l’été 1973, onze ans après la fin de la guerre d’Algérie, la France connaît une série d’assassinats ciblés sur des Arabes, surtout des Algériens. On les tire à vue, on leur fracasse le crâne. En six mois, plus de cinquante d’entre eux sont abattus, dont une vingtaine à Marseille, épicentre du terrorisme raciste. Police et justice semblent impuissantes…
Dominique Manotti a écrit bien plus qu'un roman noir, elle explore un angle mort de notre histoire. L'objet du débat est donc triple
D'abord faire connaître une de ces terribles tueries provençales ou pas, soigneusement enterrées, qui relèvent du terrorisme raciste le plus ignoble et restent inconnues du plus grand nombre. L'assassinat de 50 Algériens en six mois dont une vingtaine à Marseille est bien réel et son ensevelissement orchestré aussi. C'est donc rendre visibles les invisibles de l'histoire, tâche de salubrité publique.
Le héros récurrent de Dominique Manotti le jeune commissaire Daquin, vingt-sept ans, a une autre fonction dans le roman. fraîchement nommé à l’Évêché, l’hôtel de police de Marseille, sa quête initiatique est une formidable dénonciation d'un système. Des politiciens corrompus, des tueurs de l'OAS amnistiées assurés d' impunité, ce que nous pourrions appeler le "système Pasqua" du SAC mais plus ancien que Pasqua. L'Evêché n'est pas un hôtel de police mais une catacombe où les secrets sont bien gardés.
Enfin, Dominique Manotti, ne vous y trompez pas, nous parle d'aujourd'hui. Les méthodes sont en apparence moins brutales en 2020 mais la tentative de stigmatiser et d'écarter toute une population qui vit pourtant à Marseille ou ailleurs depuis longtemps, a des racines profondes et reste très actuelle. C'est ce qui rend ce livre si précieux.
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