20 avril 2023
Pourquoi l'émergence des BRICS est en train de remodeler l'économie mondiale et ce qu'elle signifie pour le développement de l'Afrique
Par Steve Biko Wafula
La formation d'organismes tels que les BRICS est importante pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, elle offre aux économies émergentes une plateforme leur permettant de se réunir et d'échanger des idées, des expériences et des bonnes pratiques dans des domaines tels que le développement économique, le commerce et l'investissement.
Cela permet à ces pays d'apprendre les uns des autres, de collaborer sur des défis communs et de défendre conjointement leurs intérêts sur la scène internationale.
Deuxièmement, les BRICS représentent un contrepoids à la domination des puissances occidentales traditionnelles dans l'économie mondiale et les structures de gouvernance. C'est important car cela contribue à promouvoir un ordre mondial plus multipolaire et démocratique, où les voix et les intérêts des pays en développement sont mieux représentés et reflétés dans le processus décisionnel mondial.
Troisièmement, les BRICS créent de nouvelles opportunités de commerce, d'investissement et de transfert de technologie entre leurs membres. En mettant en commun leurs ressources et leur expertise, les BRICS peuvent tirer parti de leur force économique collective pour soutenir le développement durable et la prospérité partagée dans leurs régions respectives.
Quatrièmement, les BRICS constituent une source alternative de financement et d'aide au développement pour les pays en développement, grâce à des initiatives telles que la nouvelle banque de développement et l'accord sur les réserves contingentes. Cela réduit la dépendance des pays en développement à l'égard des donateurs et des prêteurs traditionnels et leur offre davantage d'options et de flexibilité pour financer leurs priorités en matière de développement.
Enfin, la formation des BRICS et d'autres organismes similaires favorise la coopération et la solidarité Sud-Sud, sur la base d'une histoire, d'une culture et d'une vision communes d'un monde plus juste et plus équitable. Cela permet de renforcer la compréhension et la bonne volonté entre les peuples et les nations et contribue à la construction d'un monde plus pacifique et plus harmonieux.
La géopolitique actuelle ;
Le paysage économique mondial s'est modifié ces dernières années, les économies émergentes telles que le Brésil, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud (collectivement appelées BRICS) se développant à un rythme plus rapide que les pays du G7. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB combiné des pays des BRICS a dépassé celui des pays du G7 en 2013 et n'a cessé d'augmenter depuis.
Cette évolution est due à une combinaison de facteurs, notamment une démographie favorable, des niveaux d'éducation et de compétences en hausse, des avancées technologiques et des politiques gouvernementales favorables. Toutefois, il est important de noter que les pays du G7 conservent une influence économique et politique considérable dans le monde, et que l'équilibre des pouvoirs est en constante évolution.
Les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se sont imposés comme un bloc économique redoutable ces dernières années, avec un PIB combiné de plus de 20 000 milliards de dollars en 2021, contre environ 35 000 milliards de dollars pour le G7.
Les pays BRICS se caractérisent par une population nombreuse, des ressources naturelles abondantes et des niveaux élevés de croissance économique, alimentés par une demande intérieure croissante, l'industrialisation et les exportations vers d'autres régions.
En revanche, les pays du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se caractérisent par des économies relativement matures, des taux de croissance plus lents et des populations en déclin.
Les pays du BRICS ont également un poids géopolitique important, avec une influence croissante sur le commerce international, la finance et la gouvernance, comme en témoigne la création d'institutions telles que la Nouvelle banque de développement, la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et l'Organisation de coopération de Shanghai.
En outre, les pays BRICS s'intègrent de plus en plus par le biais d'accords bilatéraux et multilatéraux, tels que l'initiative "la Ceinture et la Route" menée par la Chine, l'Union économique eurasienne menée par la Russie et la coopération Brésil-Inde-Afrique du Sud (BISA).
Les pays du BRICS investissent également massivement dans l'innovation et la technologie, en mettant l'accent sur l'intelligence artificielle, la biotechnologie, les énergies renouvelables et l'exploration spatiale, entre autres domaines.
Les pays du G7, quant à eux, sont confrontés à divers défis, tels que des niveaux d'endettement élevés, une polarisation politique et une baisse de la compétitivité dans des secteurs clés.
En outre, les pays du G7 ont été critiqués pour leur domination des institutions internationales telles que le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et les Nations unies, qui sont considérées comme reflétant les intérêts du monde développé plutôt que ceux du monde en développement.
Le contexte africain
Pour l'Afrique, la montée en puissance des BRICS présente à la fois des opportunités et des défis, car le continent cherche à s'intégrer dans l'économie mondiale et à répondre à ses besoins en matière de développement. L'Afrique doit prêter attention à la fois au G7 et aux BRICS, mais de manière différente.
Le G7 reste une force économique et politique importante, qui exerce une influence significative sur l'économie mondiale et les structures de gouvernance. Il comprend certains des principaux partenaires de l'Afrique, tels que les États-Unis, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui fournissent de l'aide, des investissements et des opportunités commerciales aux pays africains.
Les pays africains devraient donc continuer à s'engager auprès du G7, à approfondir leurs partenariats et à défendre leurs intérêts sur la scène mondiale.
Dans le même temps, l'Afrique devrait également accorder une attention particulière aux BRICS, compte tenu de leur montée en puissance économique et politique et de leur intérêt croissant pour les relations avec l'Afrique. Les pays du BRICS offrent de nouvelles possibilités de commerce, d'investissement et de transfert de technologie, qui peuvent contribuer au développement et à l'intégration de l'Afrique.
Par exemple, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique et a investi massivement dans les infrastructures et les projets industriels africains. L'Inde a également augmenté ses échanges commerciaux et ses investissements avec l'Afrique, notamment dans les domaines de l'agriculture, des soins de santé et des énergies renouvelables. L'Afrique devrait donc chercher à approfondir ses partenariats avec les BRICS et à tirer parti de leurs forces et de leurs ressources pour un bénéfice mutuel.
En fin de compte, l'Afrique doit adopter une approche équilibrée et pragmatique pour s'engager avec le G7 et les BRICS, sur la base de ses propres priorités et intérêts en matière de développement. Pour ce faire, l'Afrique doit évaluer soigneusement les opportunités et les risques de chaque partenariat, construire des alliances stratégiques qui favorisent ses objectifs et promouvoir un ordre économique mondial plus équitable et plus équilibré qui profite à toutes les nations et à tous les peuples.
D'une part, les pays du BRICS s'engagent de plus en plus avec l'Afrique par le biais du commerce, de l'investissement et de l'aide au développement, offrant ainsi des sources alternatives de financement et de transfert de technologie aux donateurs traditionnels. Par exemple, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l'Afrique, avec un commerce bilatéral qui atteindra plus de 200 milliards de dollars en 2021, et elle a investi massivement dans les infrastructures, l'énergie et l'industrie manufacturière sur tout le continent.
De même, l'Inde a renforcé ses liens économiques avec l'Afrique, notamment dans les domaines de l'agriculture, des soins de santé et de l'éducation, et a créé un fonds de 10 milliards de dollars pour soutenir les projets de développement africains. Le Brésil, la Russie et l'Afrique du Sud ont également renforcé leur engagement vis-à-vis de l'Afrique par le biais de diverses initiatives telles que la plateforme agricole Brésil-Afrique, le sommet Russie-Afrique et le forum de dialogue Afrique du Sud-Inde-Brésil (SIB).
En outre, les pays des BRICS promeuvent la coopération Sud-Sud et un ordre mondial multipolaire, ce qui correspond à la vision de l'Afrique d'une plus grande autonomie et d'une intégration régionale.
Toutefois, la montée en puissance des BRICS pose également des défis à l'Afrique, tels que la concurrence accrue pour les ressources, la technologie et les marchés, ainsi que les préoccupations concernant la viabilité de la dette, l'impact sur l'environnement et les normes de gouvernance. Les pays africains doivent adopter une approche stratégique pour s'engager avec les BRICS, sur la base d'une évaluation claire de leurs forces et faiblesses respectives, et en se concentrant sur les avantages mutuels et les valeurs partagées.
Cela suppose de renforcer les institutions et les politiques nationales, d'intensifier l'intégration et la coopération régionales et de s'engager de manière plus affirmée et proactive avec les pays des BRICS et d'autres puissances émergentes.
En particulier, l'Afrique doit donner la priorité aux investissements dans l'éducation, l'innovation et les infrastructures, et promouvoir une croissance inclusive et durable, afin de tirer parti des opportunités offertes par les BRICS et l'évolution de l'ordre économique mondial.
Les pays africains doivent également tirer parti de leurs ressources naturelles, de leur diversité culturelle et de leur situation stratégique pour attirer davantage d'investissements et d'échanges commerciaux de la part des BRICS et d'autres partenaires.
En conclusion, la montée en puissance des BRICS représente un changement significatif dans le paysage économique mondial, avec des implications importantes pour le développement et l'intégration de l'Afrique. Si les pays des BRICS offrent de nouvelles opportunités en matière de commerce, d'investissement et de coopération, ils posent également de nouveaux défis et risques qui nécessitent une gestion et une coordination minutieuses. Par conséquent, l'Afrique doit adopter une approche proactive et stratégique pour s'engager avec les BRICS, sur la base d'une vision partagée des avantages mutuels, de l'inclusivité et de la durabilité. Ce faisant, l'Afrique peut libérer son potentiel et contribuer à façonner l'avenir de l'économie mondiale d'une manière plus équitable et plus équilibrée.
Que disent les dirigeants africains des BRICs ?
Les dirigeants africains ont exprimé des points de vue variés sur les BRICS, en fonction des intérêts et des priorités de leurs pays respectifs. Dans l'ensemble, les dirigeants africains ont salué l'émergence des BRICS en tant que nouveau partenaire important pour le développement et l'intégration de l'Afrique, en particulier dans les domaines du commerce, de l'investissement et du développement des infrastructures.
Certains dirigeants africains ont souligné la nécessité d'un partenariat plus équilibré et plus équitable entre l'Afrique et les BRICS, fondé sur des valeurs partagées et des avantages mutuels. Ils ont appelé à une augmentation des investissements dans des secteurs clés tels que l'agriculture, les soins de santé, l'éducation et l'énergie, ainsi qu'à un plus grand transfert de technologie et au développement des compétences. Ils ont également exhorté les BRICS à soutenir les efforts de l'Afrique pour promouvoir la paix, la sécurité et la bonne gouvernance, et à contribuer à la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le changement climatique.
D'autres ont exprimé leur inquiétude quant aux risques et défis potentiels d'un rapprochement avec les BRICS, en particulier dans les domaines de la viabilité de la dette, de la dégradation de l'environnement et de l'inégalité sociale. Ils ont demandé plus de transparence et de responsabilité dans les projets d'investissement et de développement des BRICS, ainsi que des garanties plus solides pour protéger les communautés locales et l'environnement. Ils ont également souligné l'importance de promouvoir l'intégration et la coopération régionales et de mettre en place des cadres institutionnels solides pour gérer les relations entre les BRICS et l'Afrique.
Dans l'ensemble, les dirigeants africains reconnaissent l'importance de s'engager avec les BRICS en tant que nouveau partenaire dynamique pour le développement et l'intégration de l'Afrique. Ils sont déterminés à établir des partenariats stratégiques et durables qui servent les intérêts de l'Afrique et contribuent à façonner l'avenir de l'économie mondiale d'une manière plus équitable et plus inclusive.
Dirigeants spécifiques et leurs commentaires sur les BRICS
Cyril Ramaphosa : Le président de l'Afrique du Sud est un fervent défenseur des BRICS depuis leur création en 2009, et a joué un rôle clé dans la promotion de la coopération entre les BRICS et l'Afrique. Il a souligné l'importance de construire des partenariats solides et durables avec les BRICS, en particulier dans les domaines du commerce, de l'investissement et du développement des infrastructures.
M. Ramaphosa a fait l'éloge de la Chine pour ses investissements dans les infrastructures et l'énergie en Afrique et a exhorté les autres pays des BRICS à faire de même. Il a également appelé à une augmentation des investissements dans des secteurs clés tels que l'agriculture, les soins de santé et l'éducation, ainsi qu'à un plus grand transfert de technologies et au développement des compétences. M. Ramaphosa a souligné la nécessité d'un partenariat plus équilibré et plus équitable entre l'Afrique et les BRICS, fondé sur des valeurs partagées et des avantages mutuels.
En outre, M. Ramaphosa a souligné l'importance de promouvoir l'intégration et la coopération régionales et de mettre en place des cadres institutionnels solides pour gérer les relations entre les BRICS et l'Afrique. Il a également insisté sur la nécessité d'une plus grande transparence et d'une plus grande responsabilité dans les projets d'investissement et de développement des BRICS, ainsi que de garanties plus solides pour protéger les communautés locales et l'environnement. Dans l'ensemble, M. Ramaphosa a été un fervent partisan des BRICS et de leur potentiel pour faire progresser le développement et l'intégration de l'Afrique.
Paul Kagame : Le président du Rwanda est un fervent défenseur de liens plus étroits avec les BRICS, en particulier dans les domaines du commerce, de l'investissement et du développement des infrastructures. Il a appelé à une plus grande coopération entre l'Afrique et les BRICS, et à un partenariat plus équilibré et équitable qui soutienne les objectifs de développement de l'Afrique. M. Kagame a fait l'éloge de la Chine pour ses investissements dans les infrastructures africaines et a appelé les autres pays des BRICS à faire de même.
Yoweri Museveni : le président de l'Ouganda a également exprimé son soutien à des liens plus étroits avec les BRICS. Il a souligné l'importance des partenariats commerciaux et d'investissement, en particulier avec la Chine, et a encouragé les pays africains à tirer parti des opportunités offertes par les BRICS. M. Museveni a fait l'éloge de la Chine pour ses investissements dans les infrastructures et l'énergie en Afrique et a exhorté les autres pays des BRICS à accroître leurs investissements dans la région.
Samia Suluhu Hassan : La présidente de la Tanzanie a également exprimé son soutien à des liens plus étroits avec les BRICS. Elle a souligné l'importance de construire des partenariats solides et durables avec les BRICS, en particulier dans les domaines du commerce, de l'investissement et du transfert de technologie. Mme Suluhu a fait l'éloge de la Chine pour ses investissements dans les infrastructures et l'énergie en Afrique et a appelé les autres pays des BRICS à accroître leur soutien au développement de l'Afrique.
William Ruto : le président du Kenya a également exprimé son soutien à des liens plus étroits avec les BRICS. Il a souligné l'importance de construire des partenariats solides et durables avec les BRICS, en particulier dans les domaines du commerce, de l'investissement et du transfert de technologie. M. Ruto a fait l'éloge de la Chine pour ses investissements dans les infrastructures et l'énergie en Afrique et a appelé les autres pays des BRICS à accroître leur soutien au développement de l'Afrique.
Steve Biko est le PDG de Soko Directory et le fondateur du groupe d'entreprises Hidalgo. Steve développe actuellement sa carrière dans les domaines du droit, de la finance, de l'entreprenariat et de la consultance numérique. Il a mis en œuvre des missions de consultance pour des organisations clientes, comprenant des formations ainsi que le renforcement des capacités en matière d'entreprenariat.
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Source : sokodirectory.com