Un pas en avant, deux pas en arrière
Emmanuel Macron a tenu une conférence de presse à Singapour le 30 mai 2025, une des étapes de son voyage en Asie du sud-est après le Vietnam et l’Indonésie.
Déclarant que "la création d'un État palestinien n’était pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique", il assortissait cette reconnaissance de conditions : la libération des otages, la démilitarisation du Hamas et sa non-participation à la gouvernance de cet État, la réforme de l'Autorité palestinienne, la reconnaissance par le futur État palestinien d'Israël et de son droit à vivre en sécurité, et la création d'une architecture de sécurité dans toute la région.
Autant dire qu’il refuse la reconnaissance de l’Etat palestinien alors qu’il laissait entendre que celle-ci pouvait être déclarée lors de la conférence internationale co-présidée par la France et l’Arabie Saoudite qui se tiendra à New-York sous l’égide de l’ONU du 17 au 20 juin.
Par-delà ce possible refus et la duplicité de ces déclarations confusionnistes, les conditions posées sont révélatrices d’une attitude colonialiste bafouant le droit international à plus d’un titre.
Le droit à l’autodétermination du peuple palestinien est non négociable et ne peut être conditionné. C’est un droit fondamental, inaliénable, y compris le droit à établir son Etat sur l’intégralité du Territoire palestinien occupé conformément à de nombreuses résolutions de l’ONU notamment celle du 18 septembre 2024 qui exige la fin de l’occupation israélienne au plus tard le 18 septembre 2025. La France a voté pour cette résolution, Macron l’a-t-il oubliée ?
Il n’appartient pas au président de la France de décider qui représente les Palestiniens ni de dicter ce que doit être la gouvernance palestinienne. Les palesiniens ont droit à un Etat souverain et non un Etat sous tutelle.
Quelle protection, quelle sécurité pour les palestiniens alors qu’un génocide est en cours à Gaza ? Quelles mesures concrètes sont mises en œuvre pour empêcher ce massacre ? Quelles sanctions ? Rien !
Poser comme condition au futur Etat palestinien de reconnaître Israël et non une reconnaissance mutuelle alors qu’Israël refuse et la reconnaissance réciproque et la limitation de ses frontières à celles d’avant la guerre de 1967 ? Comme le disait Hanan Ashrawi, membre du conseil législatif palestinien « Nous sommes le seul peuple au monde, auquel on demande de garantir la sécurité de son occupant, tandis qu'Israël est le seul pays au monde qui prétend se défendre de ses victimes ».