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La domination du dollar : les avantages exorbitants tirés par les Etats-Unis
Le 7 juin 2023 la commission des services financiers de la Chambre des représentants des Etats-Unis a tenu une audition intitulée « Dominance du dollar : Préserver le statut du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale ».
L’inquiétude est manifeste mais les représentants se sont rassurés : il n’y a pas de risque sérieux à court terme estimant, sur la base de leurs données, que 88% des transactions monétaires sont effectuées en dollars et que les banques centrales mondiales détiennent 59% de leurs réserves de change en dollars.
A cette occasion ont été rappelés les multiples avantages exorbitants tirés par les Etats-Unis (EU) du rôle du dollar et de sa domination du système financier international :
- réduction du coût des emprunts aux EU (50 à 60 points de base) pour les ménages, les entreprises et les autorités fédérales, étatiques et locales ;
- augmente la valeur du dollar ce qui profite au gouvernement des États-Unis, aux consommateurs et entreprises états-uniens en réduisant le prix des biens importés générant ainsi des économies estimées entre 25 et 45 milliards de dollars par an ;
- les réserves en dollar à l’étranger constituent un prêt sans intérêt aux États-Unis soit une économie de 10 à 20 milliards de dollars par an ;
- réduit les risques de change pour les entreprises états-uniennes ;
- la politique monétaire des EU a un fort impact sur la situation financière (dette et commerce) des autres pays et particulièrement des pays du Sud
Mais ce n’est pas tout. La domination du système financier international par les EU et l’importance du dollar ont des conséquences politiques considérables renforcées par les règles d’extraterritorialité. Les EU ne se privent pas d’en abuser pour maintenir leur hégémonie :
- Des sanctions ont touché des pays représentant plus d'un tiers de la population mondiale représentant 29% du PIB mondial ;
- En 2000, seuls quatre pays étaient directement visés. En 2023 plus de 20 le sont.
Sans compter les menaces et pressions ou les sanctions secondaires s’appliquant à ceux qui outrepassent les boycotts décidés par l’impérialisme hégémonique états-unien.
Bien évidemment lors de cette audition la Chine a été ciblée pour oser vouloir utiliser le yuan dans ses échanges commerciaux et pour contracter des accords d’échanges de devises. D’autant que la Chine réduit ses actifs en dollars, notamment les bons du Trésor des EU descendus à leur plus bas niveau depuis 2010 (réduction de 174 milliards de dollars en 2022) alors que son stock d’or croît régulièrement.
Mais les sanctions, décidées unilatéralement par les EU, ne font que susciter la méfiance et l’opposition des nombreux pays, hors du bloc occidental, émergents ou en développement. Ils peuvent un jour ou l’autre en être victimes. Raison pour laquelle la majorité des pays ne boycottent pas la Russie.
Ainsi l’utilisation du dollar en tant qu'instrument de politique étrangère pour peser contre la souveraineté d’un pays ajoutée aux privilèges exorbitants du dollar conduisent nombre de pays à accroître leurs échanges ou prêts en devises nationales. La dédollarisation et le développement d’un système de paiement international qui ne soit pas sous la coupe des EU sont des recommandations importantes du dernier sommet des BRICS, un événement majeur de la situation internationale.
Mais, alors que les pays émergents et en développement représentent près de 85% de la population mondiale, on peut s’étonner que ces questions soient si peu prises en compte dans les programmes politiques des partis de gauche des pays avancés et notamment en France.
Le 26 août 2023
Robert Kissous, économiste et militant associatif