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Billet de blog 31 mars 2023

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Une dédollarisation inévitable - Article GT

Article du site Global Times https://www.globaltimes.cn/page/202303/1288311.shtml

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La dédollarisation est inévitable alors que l'utilisation d'autres monnaies s'accélère
 30 mars 2023

Illustration 1

La Chine et le Brésil ont conclu un accord pour commercer dans leurs monnaies, a rapporté l'AFP, citant le gouvernement brésilien, mercredi.

L'accord permettra à la Chine et au Brésil d'effectuer des transactions commerciales et financières directement en yuans chinois ou en reais brésiliens, au lieu d'utiliser le dollar américain comme intermédiaire. "L'objectif est de réduire les coûts... de promouvoir un commerce bilatéral encore plus important et de faciliter les investissements", a déclaré l'Agence brésilienne de promotion du commerce et de l'investissement (ApexBrasil) dans un communiqué.

La Chine étant le premier partenaire commercial du Brésil, avec un commerce bilatéral record de 150,5 milliards de dollars en 2022, il va sans dire que l'accord répond à des besoins liés à la forte dynamique du commerce bilatéral entre les deux pays. 

Mais surtout, du point de vue du système monétaire mondial, cet accord pourrait marquer une évolution significative de la tendance à la dédollarisation dans le monde, les pays essayant de commercer dans des monnaies autres que le dollar et cherchant à diversifier leurs réserves de change.

Avec le système de Bretton Woods et le système des pétrodollars, le dollar est passé du statut de moyen de paiement, de règlement et d'investissement dominant à celui d'outil de chantage politique et de coercition. En armant leur hégémonie sur le dollar, les États-Unis peuvent non seulement imposer arbitrairement des sanctions unilatérales à d'autres pays, mais aussi s'approprier la richesse mondiale et exporter leurs propres risques vers le reste du monde par le biais de politiques monétaires irresponsables. 

Mais tout système monétaire hégémonique s'effondre un jour. Ce n'est pas la Russie, la Chine, l'Inde ou tout autre pays, mais les États-Unis eux-mêmes qui déclenchent la tendance inévitable de la fin de la domination du dollar, ce qui est peut-être ce qui inquiète de nombreux stratèges et experts économiques américains.

Les vastes sanctions américaines contre la Russie dans le sillage de la crise russo-ukrainienne, qui ont non seulement gelé les avoirs à l'étranger des institutions financières russes, mais aussi coupé la connexion entre le système SWIFT et la plupart des banques russes, ont lancé un avertissement au reste du monde sur les risques d'utilisation du dollar par les États-Unis à des fins de gains géopolitiques. Plus les États-Unis adoptent des moyens hégémoniques pour atteindre leurs objectifs, plus la communauté internationale sera désireuse de se débarrasser de la dépendance excessive à l'égard du dollar. Craignant d'être entraînés dans des sanctions similaires à l'avenir par l'hégémonie du dollar, les pays du monde entier ont cherché à remplacer le système SWIFT pour éviter la coercition monétaire des États-Unis, et la dynamique est devenue de plus en plus évidente et forte.

Par exemple, lors d'une réunion officielle des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales de l'ANASE (ASEAN) qui a débuté mardi, les discussions visant à réduire la dépendance des transactions financières à l'égard du dollar américain, de l'euro, du yen et de la livre sterling et à passer à des règlements en monnaies locales figurent en tête de l'ordre du jour, d'après ASEAN Briefing.

En janvier, le ministre sud-africain des affaires étrangères, Naledi Pandor, a déclaré dans une interview accordée à Sputnik que les BRICS souhaitaient trouver un moyen de contourner le dollar afin de créer un système de paiement plus équitable qui ne serait pas biaisé en faveur des pays les plus riches.

Le ministre saoudien des finances, Mohammed Al-Jadaan, a également déclaré en janvier que son pays était ouvert à des discussions sur le règlement des échanges de pétrole dans des monnaies autres que le dollar américain.

Outre ces signes de dédollarisation, l'Inde et la Russie ont fait un grand pas en avant vers des transactions non libellées en dollars, ce qui peut constituer un encouragement pour les pays qui envisagent de franchir le pas. Les clients indiens ont payé la plupart du pétrole russe dans des monnaies autres que le dollar, notamment le dirham des Émirats arabes unis et, plus récemment, le rouble russe, a rapporté Reuters en mars, citant de multiples sources bancaires et de négoce de pétrole. Les transactions effectuées au cours des trois derniers mois représentent l'équivalent de plusieurs centaines de millions de dollars.

Un autre signe important de l'accélération des efforts de dédollarisation est que des pays, y compris certains alliés des États-Unis, ont réduit leurs avoirs en dette américaine afin de diversifier leurs réserves de change. Le poids du dollar dans les réserves de change est tombé à environ 60 %, un niveau relativement bas au cours des dernières décennies, selon les données du FMI sur la composition par devise des réserves de change pour le troisième trimestre 2022.

Si le fait que le dollar reste la monnaie la plus utilisée dans le monde ne changera pas dans un avenir prévisible, la tendance selon laquelle de plus en plus de pays envisagent et pilotent les échanges dans des monnaies autres que le dollar est également immuable. L'histoire nous apprend que le déclin d'une hégémonie commence souvent par sa monnaie. 

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