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Billet de blog 2 novembre 2016

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Attendrons-nous sans rien faire que Nanuka soit orpheline?

Ils sont Géorgiens. Le père, journaliste, a été séquestré et torturé par la police de son pays. Son fils a été victime d'une tentative d'enlèvement, sa femme a perdu son emploi. Harcelés, menacés de mort, ils ont fui leur pays et demandé asile en France. Leur demande a été rejetée. Aujourd'hui, la police Française les recherche pour les remettre à la police Géorgienne !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nanuka, fillette de 12 ans, Saba, son frère de 18 ans, Shorena, sa mère, et Kara (Kahaber), son père, sont arrivés à Ambierle, village de la Loire, le 1er septembre 2016. Ils sont Géorgiens et habitaient Tbilissi, la capitale, jusqu'à ce qu'ils fuient leur pays fin 2014.

Kara était salarié d'une petite ONG locale. Shorena, la mère, était professeure de piano dans une école. Saba et Nanuka étaient scolarisés. L'ONG dans laquelle travaillait Kara soutenait les minorités ethniques (Indiens, Chinois, Azerbaïdjanais, ...) et sexuelles (communauté LGBT) et produisait des reportages et des rapports à destination de la presse, du gouvernement Géorgien, des ONG et de la communauté internationale. Ils avaient un logement, un travail, des loisirs, ... une vie normale, et aucune raison de quitter leur pays.

Sur les événements à l'origine de leur fuite de Géorgie, voici le témoignage de Kara :

"Le 17 mai 2013, je couvrais une manifestation LGBT à Tbilissi pour le compte de mon organisation. Cette manifestation a donné lieu à une violente répression de la part de forces de police en civil et d'autres groupes d'agresseurs. Je filmais ces événements et j'ai été pris à partie par des policiers en civil. Ils m'ont pris ma caméra, m'ont frappé, enlevé, séquestré et torturé pendant 3 jours. Le 18 mai, mon fils de 15 ans a fait l'objet d'une tentative d'enlèvement. Par la suite, nous avons été constamment surveillés, ma famille et moi-même. Nous recevions des menaces et j'étais souvent interpellé par la police. Ma femme a été licenciée de son emploi. J'ai tenté de déposer plainte auprès de la police et d'alerter le gouvernement mais je n'ai pas été entendu. Le 29 juin 2014, j'ai été victime d'un grave accident de la circulation provoqué par la police. C'est à ce moment que nous avons décidé de quitter la Géorgie.
Nous avons choisi la France comme pays de destination car depuis plus d'un siècle, les Géorgiens qui ont été persécutés ont trouvé refuge et assistance dans ce pays.
Le 5 août 2014, nous avons quitté la Géorgie dans une voiture de location avec chauffeur pour Kiev, en Ukraine, où nous avons préparé notre départ pour la France. Début décembre 2014, nous sommes partis d'Ukraine pour la France, sans visa, en payant un passeur qui nous a transportés en minibus avec une autre famille".

La famille arrive en France le 9 décembre 2014. Elle dépose une demande d'asile . Fin février 2016, la demande est rejetée pour insuffisance de preuves.

Durant presque deux ans, ils vivent dans un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, puis dans la rue, puis ils sont hébergés par des associations ou par des particuliers... et arrivent enfin à Ambierle où une maison leur est prêtée. Après quelques semaines seulement, Shorena demande à rejoindre la chorale d'Ambierle, Nanuka participe aux activités du centre de loisirs, Saba joue au rugby à Roanne. L'intégration débute, pour le bien de tous.

À plusieurs reprises, durant cette dernière année les autorités Françaises leur ont enjoint de quitter la France et leur ont donné des ordres d'embarquement pour des vols vers la Géorgie. Ils ne sont pas partis.

Ils sont à présent considérés par la police comme des fugitifs. S'ils sont pris, ils seront remis par la police Française aux policiers Géorgiens, ceux-là même qui les menacent ! S'ils retournent en Géorgie, Kara sera probablement tué, et sa famille en grande insécurité.

Ils ont confié leurs enfants à des familles Ambierloises avec lesquelles ils ont tissé des liens d'amitié et ils se cachent. Ils ont peur et sont dans une grande détresse.

Des habitants d'Ambierle, soutenus par des associations, des élus et de nombreuses personnes de la région se mobilisent pour tenter de les garder en France, dans leur village, et donner à Nanuka et à sa famille une chance de vivre en paix, ensemble, parmi nous.

web : unvillagepournanuka.fr

mail : unvillagepournanuka@gmail.com

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