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Billet de blog 1 août 2018

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Xyloglossolalie (suite, n°3)

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Xyloglossolalie 3

Le problème majeur que pose l'évocation  de la  situation d'Alexandre Benalla tient moins au statut effectif (au demeurant incertain) qui est le sien à l'Élysée qu'à l'image qu'on s'y a fait de lui (à tort ou à raison) et que détermine, de façon majeure, le rapport qu'on lui prête avec le Président de la République. Les choses ne sont pas simples dans la mesure où A. Benalla semble trouver autant de plaisir à narrer le roman de sa vie qu'à en imaginer ou à en gauchir certaines circonstances. 

Le Journal du dimanche du 29 juillet 2018, sous le titre « Benalla "Ce que j'ai fait pour Macron" » n'a pas consacré moins de six pages pleines à ses confidences, soit directes soit aménagées par la rédaction. Modeste, il s'y compare lui-même à un "couteau suisse", rappelant à plaisir toutes les circonstances où le Président a suivi ses suggestions qui se sont révélées des plus heureuses, du choix de l'immeuble de campagne de la nouvelle formation politique au meeting de la Porte de Versailles en décembre 2016 (loc. cit, .p.3). 

Leur rencontre ne date pourtant que de 2016 mais A.B. (vous permettez que je vous désigne ainsi ) est devenu « " le siège" du candidat (celui qui est assis à côté de son chauffeur et recrute [son] équipe ». Il est plus risqué de la part d'A.B. d'évoquer, à propos du Président, l'attrait qu'il trouve à son physique athlétique : « avec sa carrure de judoka (poids-lourds), bras et épaules comprimés dans son blazer et affiche une force tranquille. » ( l'auteur de cet article est plus familier de la politique française que des catégories au judo où les poids-lourds pèsent au moins 100 kg et le plus souvent souvent beaucoup plus! Il est plus fâcheux en revanche  d'attribuer un Master en droit à A.B. alors qu'il ne l'a pas comme on a pu le voir précédemment : Pour la taille et le poids d'A.B. : 1,86 m., 90 k, ( périmètre brachial de 16 pouces ce qui le met très loin de Reg Park !). 

Le détail pour ce qui concerne sa familiarité avec le couple Macron ; l'affaire vient probablement, au départ, d'une remarque de l'article du Monde (24 juillet 2018) par Ariane Chemin et François Krug où on lit :

« C’est un gros trousseau métallique. Accrochée à l’anneau, l’une des clés ouvre le petit portail gris du Touquet, au pied de l’escalier qui mène à la maison de Brigitte et Emmanuel Macron, ce lieu de vacances où le président de la République aime passer week-ends et moments en famille, avec les enfants et les petits-enfants de sa femme. Alexandre Benalla y accompagne souvent le couple pour assurer sa sécurité. Lorsqu’il va dîner en ville au Café des sports ou quand il regagne Paris et l’Elysée, Alexandre Benalla ouvre et ferme la maison. 

On ne se sépare pas facilement d’un homme auquel on a confié les clés de son intimité. On ne quitte pas de gaieté de cœur un compagnon de route qui connaît une bonne dose des secrets de campagne, écoute et participe aux conversations au sommet. Benalla était bien davantage qu’un simple garde du corps présidentiel, bien plus qu’un homme chargé « de la logistique et des bagages », comme l’a dit lundi 23 juillet le patron de La République en marche, Christophe Castaner. ». 

Comme on a pu le constater lors de son audience du 31 juillet 2018 devant la Commission d'enquête sénatoriale, ce dernier n'a pas digéré cette remarque qui s'appliquait aussi, il est vrai, au retour raté de l'équipe de France de football, après sa victoire en coupe du monde ; ratage dont se défend Alexandre Benalla dans ce même article du Monde ! « S'agissant du bus des Bleus, je n'ai pas donné l'ordre d'accélérer le rythme du bus ! Je suis juste là pour informer l'Élysée s'il y a un problème. Et je ne m'occupe pas des bagages des joueurs. »! (op.cit. ; p.8). 

Plus important : « La confiance était telle qu’il participait, selon une source à l’Elysée, au petit groupe de travail préparant la réforme de la sécurité du Palais, visant à créer une direction de la sécurité de la présidence de la République, une structure indépendante de la police et de la gendarmerie et rattachée directement au chef de l’Etat. ». Je reviendrai à cette question qui est infiniment plus importante que ces détails de clés, de voiture ou de logement, même s'il n'est pas question ici de les négliger ou de les ignorer ; ils sont traités en détail dans l'article du Monde  du 27 juillet 2018 (pp. 8-9) sous le titre « Alexandre Benalla livre ces vérités ». Liquidons donc ces points. 

Les clés du Touquet : « Je n'ai jamais détenu les clefs. Elles  sont à la disposition du GSPR. Après, il peut arriver qu'il y ait un truc à récupérer, donc il m'est arrivé de les avoir en main, mais je ne les ai jamais détenues, ni eues chez moi. » (op.cit. ; p. 8).

Voiture (de service ou de fonction ? On sait que dans l'administration la différence n'est pas toujours très claire). Mise en service au mois de juillet 2015, la luxueuse Renault Talisman a été commercialisée au mois de décembre 2015 ;  les tarifs de cette nouvelle grande berline  s'échelonnent de 27 900 à 41 000 €. Équipé d'un gyrophare, ce modèle est réservé aux très hauts cadres de la police. 

Logement. « Avez-vous un logement de fonction ? On met un appartement attribué « par nécessité absolue de service » à ma disposition. Le 8 ou 9 juillet on me remet les clés.[...]. Oui un appartement de 80 m², pas 300 comme ça a été dit." » (op.cit. ; p. 8).

(La suite et la fin demain)

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