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Billet de blog 1 septembre 2018

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Avez-vous lu Gaël Giraud ?

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Avez-vous lu Gaël Giraud ?

Ayant entendu, sinon écouté, Monsieur Stéphane Bern menacer de son retrait notre Président de la République qui a eu l'idée saugrenue de lui confier une mission sur le patrimoine, je me désolais des choix que nos autorités opèrent souvent dans les domaines que je connais un peu. Le hasard, cessant pour une fois d'être malicieux, s'est montré compatissant de mon égard et m'a fait entendre, samedi 1er septembre 2018, sur France Culture, vers 8h15, Gaël Giraud, auquel j'avais déjà consacré un blog le 20 juin 2015 sous le titre « Avez-vous lu Gaël Giraud ? ». Par paresse et parce que je n'ai pas mieux à dire, j'en reprends ici  le début que je modifierai et compléterai le cas échéant : 

« Du temps de ma jeunesse studieuse (pas trop, à vrai dire !), je garde le souvenir d'une anecdote que rapporte à propos de La Fontaine le fils de Jean Racine. Il raconte que son père donna un jour à La Fontaine une Bible et qu’en la lisant, notre fabuliste tomba sur des textes de Baruch, l'un des petits prophètes de l'Ancien Testament. Il y lut la Prière des Juifs et la trouvant admirable, il se passionna aussitôt pour ce Baruch. À partir de là, plusieurs jours durant, il demandait à tous ceux qu'il rencontrait : « Avez-vous lu Baruch ? C'est un fort grand génie ! ». 

Sans aller jusqu'à me comparer à La Fontaine, qui, par ailleurs, ne manquait ni de travers ni de défauts, en ce moment et dans la période de crise que nous traversons, je dirais volontiers aussi : « Avez-vous lu Gaël Giraud ? C'est le meilleur de nos économistes ! ». 

J'ai déjà, dans le passé, manifesté mon admiration pour les propos de Gaël Giraud qui tranchent singulièrement, par leur réalisme et leur pertinence, sur ceux de nos télé-économistes qui, depuis la disparition soudaine de l’exception que constituait ce pauvre Bernard Maris, ne hantent nos médias que pour y faire la « promo » de leurs « conseils », de leurs livres et des officines dont ils sont les stipendiés, patents ou latents !

J'ai découvert puis lu Gaël Giraud, il y a quelques années, après l’avoir découvert un peu par hasard ; j'ai cité des passages de ses travaux dans mes blogs, après avoir eu une fort aimable autorisation  de le faire, en réponse à ma demande. Je ne savais pas pas, avant cette période, qui était G. Giraud comme La Fontaine ne savait pas qui était Baruch et je n’ai cessé depuis d’en vanter les mérites et d’en recommander la lecture.

L’homme et son parcours comme les travaux valent pourtant le détour !  je vous résume la carrière de Gaël Giraud qui est aussi stupéfiante que ses propos sont pertinents. 

Né en 1970, musicien et écrivain par ailleurs (mais je laisse de côté ici ces talents chez un homme qui en a beaucoup !), G. Giraud, au départ de formation plutôt littéraire (il est en "khâgne" à Henri IV entre 1987 et 1989),  va finalement entrer à la fois à l'Ecole nationale de statistiques et d'administration économique (ENSAE) dont il sortira diplômé (1989-1992) et à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d’ULM (1989-2003), ce qui est déjà passablement singulier.  Dans la suite, il passera un doctorat en mathématiques appliquées et une HDR dans le même domaine. 

C’est  vers 2000 que ce situe le tournant de sa vie qui s’esquisse toutefois dans les années 1995-1997 ; il ne le mentionne pas, par discrétion, dans son propre CV et il n’est pas mentionné dans Wikipedia. G. Giraud séjourne, en effet, durant cette période au Tchad comme Volontaire de la Délégation catholique pour la Coopération. La DCC, ONG catholique de développement, assure, dans une soixantaine de pays,  le service du volontariat de l’église catholique en France. G. Giraud, jeune coopérant, crée en 1995, avec ses amis tchadiens et avec le soutien des Sœurs de la Charité présentes à Sarh, une association dont le but est la mise en place d’un centre d’accueil pour les enfants de la rue de Balimba ; il a pour vocation de recueillir les enfants des rues de Sarh et des alentours afin de leur offrir une éducation et une formation et de leur donner par là un avenir meilleur. Ce centre accueille actuellement et scolarise des enfants âgés de 6 à 18 ans .(http //:enfantsdelaruebalimba.blogspot.fr/).

G. Giraud entre au CNRS (pour une fois utile) en 1999 comme modeste chargé de recherche et il y deviendra dans la suite directeur de recherche, (ce qui est bien le moins !) ; c’est toutefois vers 2000 que se situe le tournant de sa vie, dont, à ma connaissance, seule La Croix rend compte dans un article de Patrick Gaillardin intitulé « Un jésuite chez les banquiers » (5/9/2014) : 

« Pour arrondir les fins de mois, le jeune chercheur cède aux avances d’une grande banque qui l’embauche comme consultant. La machine se grippe en 2000 – il n’a pas 30 ans. Cette année-là, il est invité à New York pour dispenser une formation à des traders. Quatre soirs de suite, le chef de la salle des marchés l’invite dans des restaurants plus somptueux les uns que les autres. « Le message subliminal, c’était : si tu veux avoir cette vie-là, bosse avec moi. Il fallait que je lui réponde… » La décision est prise le lendemain, en un quart d’heure.

Je me suis posté devant une grande baie vitrée, en haut d’un building. Impossible de dire que j’étais indifférent. Qui le serait ? À ce moment précis, j’ai repensé au Tchad, à ces gamins des rues, à la joie qu’ils m’avaient donnée. Dire oui aurait été une trahison. J’ai dit non à la banque. Peu après mon retour, j’entrais chez les jésuites. » .

La chute, pour le moins inattendue, de l’article de P. Gaillardin, me casse tous mes effets ! Fort heureusement son titre la laissait un peu prévoir ! Pour son entrée chez les Jésuites, Wikipédia, qui la situe en 2013, se trompe même sur la date et mieux vaut avoir recours au CV de G. Giraud lui même, plus précis et plus détaillé. 

« Compagnie de Jésus. Entrée en 2004.

- Licence canonique de théologie (= Master) au Centre Sèvres (facultés jésuites de Paris) en 2009.

- Ordination diaconale : 20 avril 2013, Paris.

- Ordination presbytérale : 14 décembre 2013, Versailles. »

(La suite demain)

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