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Billet de blog 2 janvier 2018

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Paris et Millas (n° 5 , suite et fin)

Sur l'une des photos prises pendant l'intervention des secours, les barrières du passage à niveau en cause sont levées. Comment est-ce possible si le docteur qui transportait les enfants nous enfoncer avant d'être percuté par le train ?

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Paris et Millas (N° 5 suite et fin) 

Sur l'une des photos prises pendant l'intervention des secours, les barrières du passage à niveau en cause sont levées. Comment est-ce possible si le docteur qui transportait les enfants nous enfoncer avant d'être percuté par le train ?

Romain Baheux, auteur d'un article à ce sujet, apporte, quant aux photos d'un train franchissant à toute vitesse un passage à niveau,  une  importante information nouvelle. C'est le 20 décembre 2017 que cette photo a été prise, en réalité, en Pologne, ce qui , après tout, change certes  les choses mais n'en constitue pas moins une image très inquiétante ! 

«Largement diffusée sur les réseaux sociaux après le drame de Millas, elle [ cette photo ] est trompeuse. Elle a surgi sur les réseaux sociaux quelques jours après la collision entre un train et un car scolaire à Millas (Pyrénées-Orientales). Sur Facebook ou Twitter, vous avez peut-être regardé cette vidéo, filmée depuis une voiture, qui montre un train passant à vitesse élevée sur un passage à niveau dont les barrières sont clairement levées. 

La séquence, assez inquiétante, a rencontré un fort succès. Mercredi matin, plus de 8 millions de personnes l’avaient visionnée sur Facebook. Certains internautes font le lien avec le drame de Millas et accusent la SNCF de négligence et d’absence de réaction après un tel drame. Des critiques complètement injustifiées, dans la mesure où cette vidéo a été enregistrée en Pologne il y a plus de deux mois. Nous sommes Jedrzejow, petite ville au nord de Cracovie, le 26 septembre. Alors qu’elle s’apprête à traverser la voie ferrée avec son véhicule, une conductrice est avertie par un bruyant klaxon de l’arrivée du train, qui surgit du brouillard. Sa caméra embarquée filme alors la séquence, ensuite mise en ligne sur YouTube. 

Le sujet attire rapidement l’attention de la presse polonaise. Spécialisé dans le transport ferroviaire, le journal Rynek Kolejowy a interrogé le 28 septembre la compagnie ferroviaire polonaise, la PKP PLK, sur cet incident. Celle-ci explique que le passage à niveau a été victime d’une coupure d’alimentation électrique. Dans ces cas-là, un employé est présent pour fermer manuellement le passage à niveau lors du passage d’un train. Ce 26 septembre, il a tardé à le faire, comme le prouve la descente des barrières amorcée à la fin du passage du train. L’employé a été suspendu par la PKP PLK le temps de l’enquête interne. 

Tout cela est bon mais ne change pas fondamentalement les choses, car il est peu probable que lorsque se produit une coupure électrique fortuite ( et y en a beaucoup en ce moment), l'orage qui produit cette coupure se préoccupe lui-même de prévenir l'employé de la PKP PLK (si cela se passe en Pologne) ou de la SNCF (si la coupure se produit en France). On se retrouva donc dans un cas qui a été celui des nombreux "déshuntages" qui se produisent en France et dont on ne recense et ne révèle probablement qu'une très faible partie, comme on l'a vu et comme on le sait. Un expert en chemin de fer pourrait sans doute nous dire si la machine polonaise photographiée est du type X9 1500. 

Puis-je me permettre d'ajouter que l'intérêt que j'ai porté à cette affaire m'a conduit à lire les médias ;  en moins d'une semaine après le drame de Mlillas, j’ai noté au moins quatre accidents survenus à des passages à niveau (dans le désordre : Chambourg sur Indre, Manosque, Loches et Lorient) pour un débat bilan total de trois morts, les passagers d'un véhicule ayant réussi à fuir à Manosque avant l'arrivée du train ? 

Comme dans bien des cas, les témoignages fluctuent et on peut penser que dans le cas de Lorient, il pourrait s'agir d'un suicide. Dans le cas de Millas, les témoignages indiquent que «l a barrière était fermée et d’autres qu’elle était ouverte», selon le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux.

La conductrice du bus n'a jamais varié dans ses déclarations et a indiqué à plusieurs reprises, notamment devant les caméras de BFMTV, que les barrières du passage à niveau étaient levées et que le feu clignotant était éteint au moment où elle s’est engagée sur les voies. Son alcoolémie était négative au moment des faits. Une collégienne, qui se trouvait dans le bus suivant le véhicule éventré, assure également avoir vu les barrières levées. On sait désormais que l'autocar «roulait à 12 km/h au moment du choc». Soit à une vitesse lente. Pas de problèmes techniques du côté du car, selon les dirigeants de la compagnie Faur, qui en assurait la gestion. Il était «parfaitement entretenu, son dernier contrôle technique a eu lieu en septembre dernier, la case d’observations était vierge». 

La SNCF s’est déclarée « choquée par les accusations particulièrement graves » formulées par la conductrice du car. Le conducteur du train, ainsi qu’une stagiaire présente à ses côtés, ont affirmé aux enquêteurs que les barrières étaient fermées. Par ailleurs, le train roulait à 75 km/h, soit largement en dessous de la limite des 100 km/h. Un jeune passager du bus accidenté aurait également assuré à ses proches que le car avait bel et bien franchi une barrière « fermé 

Le procureur rappelle que bloc d’articulation était en position fermée. Ce magistrat a cependant précisé que «le bloc d’articulation [de la barrière] endommagé dans l’accident, était en position fermée». Toutefois, a-t-il ajouté, l’enquête doit montrer si cette position fermée est « la résultante de l’accident» ou si la barrière a normalement fonctionné.

Le débat va durer encore des mois, même si la plupart les habitants de la zone sont unanimes à souligner le curieux fonctionnement, souvent très anarchique, de ce passage à niveau. On ne comprend pas toutefois comment le simple examen des barrières elles-mêmes n’a pas suffi, à soi seul et immédiatement, à régler définitivement la question, car si elles étaient fermées comme le soutient la SNCF, elles ont nécessairement été très endommagées par la collision avec l’autocar même s'il ne roulait, comme la chose est désormais définitivement établie, qu’ à 12 km/h. 

Comment est-il possible que ces barrières aient disparu et qu'il soit impossible de les examiner et même de savoir si ce sont les VRAIES barrières. Devant un tel problème, on comprendra que je rende mon tablier et que je mette un terme à cette série de blogs !

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