Universités : SLU ?
Connaissez-vous SLU ? Vous pensez à Saint Louis University et vous fredonnez aussitôt le célèbre "Saint Louis Blues" qui, composé en 1914 par W. C. Handy, fut longtemps le standard de jazz le plus enregistré et demeure l'un des plus connus, surtout dans sa version jouée par Louis Armstrong. L’université de Saint-Louis est une université catholique (jésuite), située à Saint-Louis (Missouri) et elle est la plus vieille université à l'ouest du Mississippi.
Je vous raconte ça mais en fait vous avez tout faux depuis le début car le SLU dont je vous parle ici n'a rien à voir ni avec le jazz ni avec les Jésuites, bien loin de là. En tant que lecteur de Mediapart, vous pourriez toutefois avoir le privilège d'être au courant de l'existence de SLU car SLU est un acronyme dont le nom développé, contre toute attente car il n'est pas d'usage de faire figurer les articles dans les acronymes, est « Sauvons l'Université ».
Je sens que je dois vous éclairer et comment le faire mieux qu'en vous livrant simplement la composition du conseil d'administration et du bureau de ce SLU qui sont sortis de son assemblée générale du 24 janvier 2015 ; j'observe au passage, mais sans malice, que cette assemblée générale est déjà bien ancienne ce qui me paraît contrevenir quelque peu au règlement des associations françaises. Les noms en capitales sont ceux de nouveaux élus :
Dominique ARCHAMBAULT (Paris 8, Pr. informatique),
Andrée Bergeron (EHESS, MCF épistémologie des sciences),
Cécile Bourdais (Paris 8, MCF, psychologie),
Michel Carpentier (Paris 6, MCF, mathématiques),
Hélène Conjeaud (CNRS - Paris 7, DR, bio-physique),
Mariannick Dagois (Paris 8, PRAG, musicologie)
Alexis Grélois (Rouen, MCF, historien),
Bertrand Guillarme (Paris 8, Pr. Sciences politiques),
Jean-Marie Maillard (CNRS-Paris 6, DR, physique)
Olga Moll (Paris 8, MCF, musicologie),
Christine Noille (Grenoble III, Pr., lettres),
Hélene PELCZAR (Paris 6, MCF, bio-chimie),
Yann Philippe (Reims, MCF, histoire),
Nicolas Schapira (Marne-la-Vallée, MCF, histoire),
Le 8 février élection du bureau comprenant :
Hélène Conjeaud, présidente et porte-parole,
Alexis Grélois, Jean-Marie Maillard et Olga Moll, vice-présidentEs et porte-parole,
Mariannick Dagois, trésorière.
Sans chercher plus loin, j'ai noté que le bureau de SLU comprend deux membres du CNRS (tous deux directeurs de recherche ce qui mérite d'être noté, mais les directeurs de recherche au CNRS ne sont pas des enseignants) et deux musicologues, l'une MCF et l'autre PRAG ( = professeur agrégé non universitaire ; l'une et l'autre ayant toutefois l'avantage de connaître la musique !); le cinquième larron est plus classiquement un historien (MCF).
Curieux d'en savoir davantage sur l'activité et les positions de ce SLU un peu curieux, j'ai aussitôt lu la lettre très récente adressée par Alexis Blanchet (SLU) au Président de Paris III qui venait de demander l'intervention des forces l'ordre pour faire évacuer le site de Censier de son université qu'il est seul d'ailleurs à pouvoir légalement demander. En voici le début qui contient l'essentiel :
« Monsieur le Président,
[...]
Chers et chères collègues du département CAV,
A la suite de l’intervention policière de cette nuit sur le site de Censier de l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle [ intervention parfaitement légale et légitime vu les circonstances et les risques de vols et surtout de graves dégradations ], je me déclare en grève administrative et pédagogique illimitée.
Je n’assure donc plus dès à présent mes charges administratives (direction du master CAV) et pédagogiques (organisation du partiel de 257 inscrits en V4MA03 et suivi des 14 étudiants de master sous direction, organisation des sessions de rattrapage). Je me concentre dès lors sur mes activités de recherche totalement interrompues depuis 4 ans, c’est-à-dire depuis ma prise de fonction à la tête du master CAV. ». Fin de citation.
La position de Monsieur Alexis Blanchet a le mérite essentiel de la clarté mais il est évident que le Président de Paris III étant fort occupé en ce moment, surtout vu les événements qui s'y déroulent, il serait prudent voire indispensable pour A. Blanchet, d'adresser copie de cette lettre au service du personnel comme au service comptable de l'université afin que soit immédiatement suspendu le traitement de Monsieur Blanchet.
Chacun sait en effet que, dans les universités, les grévistes continuent le plus souvent à percevoir intégralement leur traitement, faute pour eux, par négligence sou distraction sans doute, d'avoir expressément signé et retourné au service compétent le document qui leur avait pourtant été adressé afin qu'ils déclarent s'ils étaient effectivement en grève et pour que, de ce fait et en ce cas seulement, soient déduits de leur traitement les sommes correspondant à leurs périodes de grève.