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Billet de blog 3 septembre 2018

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Le loto du patrimoine : Stéphane B. : Berné, berner ou breneux ?

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Le loto du patrimoine : Stéphane B. : Berné, berner ou breneux ?

La signification de ce titre, sans doute très obscure pour la plupart sinon la totalité de mes lecteur(e)s (si j'en ai encore…), n'apparaîtra qu'au terme de la lecture de ce long blog.

Sans véritablement vous mettre sur la voie, je vous rappellerai en commençant que nous vivons actuellement le lancement du premier « loto du patrimoine », destiné à financer la restauration de nos monuments en péril avec "un jeu à gratter" puis une loterie qui sera organisée le 14 septembre, la veille des Journées européennes du patrimoine. 

Pour éviter toute contestation, je suivrai très fidèlement sur ce point le texte émanant de la rédaction de LCI du 03 septembre 2018  :« L'opération fait espérer à ses promoteurs plusieurs dizaines de millions d'euros pour sauvegarder le patrimoine en péril. Le premier "loto du patrimoine", initié [ cet emploi du verbe « initier », si courant qu'il soit devenu, ne témoigne guère de respect pour le patrimoine linguistique français] par l'animateur Stéphane Bern, chargé d'une mission sur le sujet par Emmanuel Macron, débute officiellement ce lundi. Au programme : jeu de grattage et grande loterie, dont les recettes doivent permettre de sauver notamment 18 monuments emblématiques, pour un total de 269 sites identifiés.

L'événement intervient alors que Stéphane Bern a lancé un avertissement au chef de l'Etat, assurant qu'il ne souhaitait pas servir de "faire valoir" [ nous reviendrons sur ces menaces et sur ce point] alors que les récentes décisions du gouvernement ne lui semblent pas favorables à la cause du patrimoine. ». 

Commençons, logiquement, par l'histoire de ce "loto". Comme souvent, surtout en matière de médias , l'imagination des « producteurs » ou « promoteurs » français consiste  à regarder les chaînes de télévision, américaines surtout et britanniques quelquefois, ce qui n'est pas sans mérite puisque, pour la plupart, ces gens ignorent tout de l'anglo-américain (ce qui est évidemment le cas de Monsieur Stéphane Bern qui nous occupe ici). 

J'ai sur cet aspect été éclairé, il y a bien longtemps, par une de mes amies que je n'ai pas vue depuis bien longtemps (ce détail lui montre que je ne l'ai pas oubliée), Pascale Breugnot, elle-même "grande" productrice de télévision. Elle produit « Alice Nevers : le juge est une femme » (TF 1, 20 h 55), et a produit  bien d'autres programmes depuis « Psy-Show », il y a plus de trente ans. Elle dirige Ego Productions depuis 1998 et on lui doit aussi « Doc Martin » (TF 1), « Tiger Lily », « la Famille Katz » (France 2) et « l'Homme de la situation » (M 6). Pascale Breugnot sait donc de quoi elle parle, elle qui a dirigé les magazines de l'ex-Antenne 2 où elle a fait « Psy-Show » et « Sexy folies ». Elle a lance aussi Véronique et Davina dans « Gym Tonic », avant d'intégrer TF 1 et de devenir la reine du « reality show » dans les années 1990 avec « Perdu de vue «, « Témoin numéro 1 », « Tout est possible ». Le choix de modèles étrangers ne pallie pas seulement un éventuel manque d'imagination ; il a, aussi et surtout, l'avantage quand on achète les droits d'une émission à succès d'éviter de coûteuses mises au point locales du produit visé et aussi d'empêcher, le cas échéant, "d'essuyer les plâtres" et/ou de "se planter". 

Il faut toutefois dans de telles circonstances faire preuve de l'honnêteté minimale et ne pas s'attribuer la paternité d'action où l'on est arrivé après bien d'autres. Stéphane Bern, que je ne sais pas trop comment qualifier, car il est encore moins journaliste qu' historien, même s'il ne s'hésite pas à se faire passer pour l'un et l'autre, a été a été nommé par l’Élysée, le 16 septembre 2017, on ne sait trop pourquoi,  à la tête  d'une "mission" pour la sauvegarde du patrimoine, dont logiquement on imaginer plutôt qu'elle est une direction du ministère de la culture. Toutefois, de nos jours,à partir du moment où l'on a songé à remplacer le ministre Nicolas Hulot par Daniel Cohn-Bendit, il n'y a plus lieu de s'étonner de quoi que ce soit !

Stéphane Bern était toutefois totalement étranger à une telle idée et si l'on veut absolument rechercher une paternité française à un tel  projet, elle revient plutôt qu'à Stéphane Bern à François de Mazières !  En effet, alors qu'il était député, il avait fait adopter un amendement en ce sens, dans le cadre de la loi de finances 2015. Lors de l'examen du projet de loi "Création, architecture et patrimoine", il avait même fait adopter un second amendement sur le même sujet, en prévoyant qu'un tirage exceptionnel du loto soit organisé à l’occasion des Journées européennes du patrimoine et que les bénéfices en soient affectés à la préservation du patrimoine par l'entremise du Centre des monuments nationaux ou de la Fondation du patrimoine.

Un rapport à ce propos conclura toutefois à un coût trop élevé de l'opération pour un rendement trop faible ce qui entraînera son abandon. Dans son essai sur Le Grand Gâchis culturel, (en collaboration avec Olivier Le Naire, février 2017) François de Mazières a déploré ce choix final : « C'est dommage, car la Française des Jeux a toutes les cartes en main pour mettre à profit l’amour que portent les Français à leur patrimoine ».

Pas plus de Stéphane Bern que de beurre en broche à ce stade et dans tout cela !

 (La suite demain)

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