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Billet de blog 4 septembre 2018

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Le loto du patrimoine : Stéphane B. : Berné, berner ou breneux ? (2)

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Le loto du patrimoine : Stéphane B. : Berné, berner ou breneux ? (2)

Si les médias français, confits dans leur chauvinisme habituel et toujours aussi peu soucieux d'efforts de recherche ont ignoré, pour le "loto patrimonial", le précédent anglais ; il faut toutefois sur ce plan rendre justice à la charmante Anne-Sophie Lapix qui, sur France 2, le 28 mai 2018, sous la rubrique « Grande-Bretagne : les pionniers du loto du patrimoine », en a fait mention : « Jouer au loto pour sauver le patrimoine français ; ce sera possible en septembre prochain. L'opération s'inspire d'un système existant déjà en Grande-Bretagne. ». Ce dernier détail, essentiel, n'est mentionné et décrit que chez A.-S. Lapix ! 

Or ce loto patrimonial ( Heritage Lottery Fund ) est en Grande-Bretagne une véritable institution. Pour beaucoup de « « rosbifs », trois fois par semaine, c'est un rituel ! Une grille peut rapporter gros, mais elle finance aussi l'entretien du patrimoine national. En effet, depuis 25 ans, lorsque les Britanniques achètent un ticket de loto, 22 % sont reversés pour financer "les arts, le patrimoine, le sport de haut niveau ou les oeuvres caritatives. 8 milliards d'euros ont ainsi été collectés pour 42 000 projets". Le Royal Albert Hall, a été rénové et agrandi grâce au loto. En plein coeur de Londres, le British Museum doit beaucoup au loto. Ces fonds ont permis d'ouvrir le hall au public. Le Royal Albert Hall, l'une des salles de concert les plus prestigieuses d'Europe, a été rénové et agrandi pour un montant de 23 millions d'euros. Même si certains, comme en France on le verra, dénoncent là un impôt déguisé qui permet à l'État de se désengager, pour partie, de la culture, il est plutôt bien accepté des joueurs britanniques. 

À la lecture de ce qui précède et en dépit de ses rodomontades (d'ailleurs suivies de lamentations puis de menaces), on comprend que, nommé par l’Élysée, le 16 septembre 2017 seulement, Stéphane Bern est arrivé donc, non pas en retard comme les carabiniers des Brigands d'Offenbach, mais bien après eux et après la bataille! Il en était d'ailleurs déjà de même pour le député Maizières, même si le cas de S. Bern est bien pire encore. Il est vrai que notre chargé de mission pour le patrimoine préfère sans doute à celle des vrais travaux historiques (comme on le verra)  la  lecture de Paris-Match de Voici et de Gala auxquels il livre volontiers des confidences sur ses amours agrémentés par les images des heureux élus.

Rien n'échappe donc, à lui comme à nous, sur les mystères de son âme et les caprices de son cœur. Savez-vous qu'il a récemment changé un barbu (Cyril) pour un chauve (Lionel), ce qui nous rapproche, d'une certaine façon, du patrimoine, capillaire celui-ci! Sur ces plans, rien ne nous est épargné ; Harlequin peut aller se rhabiller ! : « J'ai rencontré Lionel pour la première fois il y a seize ans. A l’époque, nous n’étions libres ni l’un ni l’autre. Et puis, l’année dernière, nos horizons réciproques se sont libérés et nous nous sommes retrouvés. Lionel travaille dans les nouvelles technologies. C’est un passionné d’histoire et de cuisine. Depuis qu’il est entré dans ma vie, je ne cours plus après l’inaccessible. Je suis davantage dans la sérénité. ». Nous voilà comblés ! 

Je ne reviendrai pas ici en détail sur les rapports complexes entre Stéphane Bern et la notion même de patrimoine ; j'ai en effet déjà consacré un blog à cette question sous le titre « Stéphane Bern et les patrimoines » le 21 septembre 2017, au lendemain même de sa nomination. J'y avais noté en particulier : « En dehors de ceux qui se sont bornés à maugréer en silence, tout en n'en pensant pas moins, vu l'insolite de cette nomination, Nicolas (l'Obs), maître de conférences à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, a été l'un des rares à oser exprimer son sentiment sur les réseaux sociaux. ». J'avais cité alors un bref extrait de son point de vue que je partageais largement et dont je ne reprendrai ici qu'une phrase : « Ce choix est un très mauvais symbole, notamment pour le monde de la culture et de l'histoire. Alors que la France compte de nombreux professionnels qui travaillent depuis des années sur le patrimoine, qui mènent des recherches exigeantes et sérieuses, qui réfléchissent en profondeur sur ce sujet, Emmanuel Macron choisit de confier un dossier aussi capital à quelqu'un qui n'a strictement aucune compétence en la matière. C'est désastreux. C'est une vraie gifle adressée aux professionnels qui travaillent dans l'ombre sur ces thématiques. »

À la question, inévitable dans le milieu professionnel médiatique où beaucoup font force "ménages" en tous lieux, "Vous ne serez pas rémunéré?", il a par avance répondu :  "Non, je ferai ça sur mon temps, bénévolement. Je le fais pour le patrimoine, je ne me substitue à personne, je ne prends la place d'aucun fonctionnaire. J'estime qu'en étant sur le service public [ !!???!!!! : "Stéphane anime au quotidien une émission sur France 2, cela lui fait gagner déjà, dit-on, un salaire de d’environ 21 000 euros chaque mois. Or, il anime également des émissions à la radio (RTL), ce qui lui a d’ailleurs permis d’être une "célébrité" dans le domaine. Stéphane Bern est également rédacteur en chef pour Madame Figaro. Il a aussi des revenus issus de la vente de ses nombreux livres, etc. Ainsi, ce passionné et mauvais négociateur de salaire gagnerait sans compter ses revenus indirects, plus de 40 000 euros par mois en tant que journaliste, animateur et écrivain. Selon le magazine People With Money, Stéphane Bern aurait gagné l’importante somme de 46 millions d’euros de janvier 2016 à janvier 2017. (Star Money)] [ Espérons que c'est là une "fake new" de l'un de ses concurrents, comme on l'a reconnu depuis], je ne peux pas toucher un sou.  Et puis, en étant bénévole, je suis plus libre. Si on continue à me chauffer les oreilles, j'ai envie de dire que je pense avoir une certaine légitimité dans le domaine, j'ai une voix qui porte et je fais ça pour aider mon pays. Je suis un mec gentil qui propose ses services. Ma seule conviction, c'est de défendre le patrimoine français.".  

Le ton de la dernière déclaration du "mec gentil" a quelque peu changé, vous l'aurez noté !

(La suite demain)

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