De la presse « présidentielle » à Millas
Quoique souhaitant, comme les ténors de nos médias audiovisuels, prendre quelque repos en ce début d'année 2018, voici que l'actualité me rattrape au collet ; elle m’a proposé en effet deux sujets de blogs entre lesquels j'hésite tel l'âne de Buridan ou, dans un registre plus noble, vu la qualité de l'une des personnalités intéressées, tel l’Herakles dans l'apologue de Prodicos, contraint de choisir entre le chemin, agréable et fleuri, du vice et celui, épineux et malaisé, de la vertu . Hercule, fin connaisseur des difficultés de la vie et des perfidies des hommes, avait choisi les difficultés et les douleurs du chemin de la vertu… ; pour ce qui me concerne, mon choix sera plutôt dicté par la date de péremption des sujets envisagés. J
J'hésitais en effet ce matin, entre la leçon présidentielle sur les "fake news" et la perpétuation de la garde à vue de la pauvre conductrice du bus scolaire de Millas.
Tout indique toutefois que cette dernière affaire (Millas) ne présente aucune urgence aux yeux de quiconque ; la ministre compétente ne recevra que le 8 janvier 2018 Monsieur le Directeur de la SNCF qui lui affirme, partout , haut et clair, qu’on ne saurait conclure quoi que ce soit de l’enquête, mais que tout indique l'innocence totale de sa compagnie en dépit des témoignages et des faits ; l’affaire n'est donc pas près d'atteindre son terme et rien ne presse.
En revanche, la récente conférence de presse présidentielle sur « la liberté de la presse » est une info hautement périssable, en dépit de l'annonce tonitruante, pour l'année prochaine, d'une loi sur le sujet dont on risque, comme souvent chez nous, d’attendre fort longtemps les décrets d'application, vu la complexité du problème, de l’avis de la plupart des juristes qui se sont exprimés à ce propos. Le vote d’une telle loi risque donc fort de traîner longtemps et de s'engager dans des voies dont on ne soupçonne peut-être pas toutes les complexités, vu les rapports de cette question avec les médias donc avec la haute finance.
Me déterminant politique en faveur de ce blog politique, j'ai donc parcouru quelques-uns des multiples articles qui ont été consacrés à cette conférence de presse où notre président s'est adressé (ce qui est déjà un programme à la presse « présidentielle » dont, pauvre de moi, je ne savais même pas qu'elle existât si officiellement !
J'ai pu constater par ces lectures cursives, car ces textes étaient évidemment répétitifs à l'infini, que le seul point oui avait vraiment retenu mon attention n'était pas ou était à peine mentionné, même si j’avais clair souvenir de la plainte de l’Elysée contre le journaliste qui, durant les vacances présidentielles marseillaises, aurait réussi, Dieu seul sait comment d’ailleurs, à aller prendre des photos du couple présidentiel au nez et à la barbe des multitudes de gardiens du temple alors qu’il était si simple au moindre de ces derniers de faire ces photos avec son téléphone et des vendre, au plus offrant, aux journalistes !
Je ne cite donc ici que les passages de cette intervention présidentielle qui ont attiré mon attention. Il est clair que Monsieur Emmanuel Macron a gardé un chien de sa chienne à des médias, qui pour des raisons qu'il n'hésite pas lui-même a marquer comme « clairement personnelles ». En effet, il fait là allusion, sans ambages, à ces informations mensongères véhiculées par le Net et dont il estime avoir été la cible durant la dernière présidentielle. Comme l'Allemagne (toujours le fameux modèle allemand), il nous faut donc une loi « anti fakes » (fausses nouvelles ou informations) ; elle pourrait être mise au point « dans les semaines qui viennent » et prendre forme « avant la fin de l'année ».
Il est clair que notre Président se souvient avec amertume de la dernière campagne présidentielle et des « fakes » dont il avait été lui-même l'objet et la victime, en particulier pour tout ce qui touche à sa situation financière et fiscale, ainsi qu’à ses mœurs ! Ces rumeurs malveillantes n'ont pas, en tout cas, empêché son élection inattendue et, l'aurait-elle empêchée qu’il aurait été très difficile de se prononcer sur le rôle et l’effet précis de ces rumeurs malveillantes et, dans un tel cas, sur le nombre et le pourcentage précis de voix qu’elles lui auraient fait perdre.
(La suite demain)