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Billet de blog 6 octobre 2018

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Claude Lelièvre : Hic jacet lepus

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Claude Lelièvre : Hic jacet lepus

Il arrive, rarement j'en conviens, que les commentaires d'un blog soient plus intéressants que le blog qui les a suscités. C'est, me semble-t-il, le cas du dernier blog de Claude Lelièvre, en ces lieux le spécialiste des questions d'éducation et particulièrement, à l'en croire, de l'histoire des politiques scolaires. Ce texte a été publié le 4 octobre 2018, sous le titre à vrai dire peu encourageant, de « Recrutements hors expérience éducative : les recteurs puis les chefs d'établissement? ». Il me semble, et cette opinion est à peu près générale, que le problème majeur de notre système éducatif n'est en rien un « assouplissement des règles de recrutement des recteurs » ! La réforme envisagée ne me paraît donc pas essentielle et je me borne ici en a en rappeler la présentation faite par l'auteur de ce même blog : «Sous le ministère de Luc Chatel , il y avait déjà eu un certain ''assouplissement'' des règles de recrutement des recteurs, puisqu'il était désormais possible de recruter un recteur qui ne possédait pas une HDR (une habilitation à diriger des recherches), mais dans la limite du cinquième des places de recteurs.

Avec Jean-Michel Blanquer, on va beaucoup plus loin : non seulement parce que ce quota passe de 20 % à 40 %, mais surtout parce que le décret présenté  en conseil des ministres mercredi dernier et publié au Journal officiel jeudi, supprime les deux conditions jusqu’ici requises pour les nommer : avoir au moins dix ans d’expérience dans l’éducation (ou trois ans comme directeur d’administration centrale, ce qui était une nouveauté d'ailleurs prise sous Chatel ). ». 

On croit rêver devant de tels propos! Comme si les nominations comme Recteur ou, de façon un peu différente, comme Inspecteur Général avaient quelque chose à voir avec la formation ou l'expérience des personnes retenues pour de telles fonctions. On se souvient peut-être que François Mitterrand, au terme de son second mandat, avait nommé sa secrétaire Inspectrice générale (d'administration, il est vrai) . Le sort des recteurs avait été réglé, quelques années avant,  par l'obligation pour les candidats de faire une demande écrite de candidature à cette fonction, après que, le recteur de Versailles, A. Casadevall ait démissionné, ajoutant qu'il n'avait jamais sollicité cette fonction. À l'époque, la condition d'un recteur était déjà pire que celle de gardien de phare puisqu'il ne pouvait sortir de son académie sans l'autorisation de chacun de ses deux ministres de tutelle ! Quant à évoquer comme une garantie de compétence, l'habilitation à diriger des recherches, il faut vraiment savoir ne pas savoir en quoi consiste dans beaucoup d'universités cette procédure pour l'invoquer à cet égard ! Parfois, il n'y avait que le concierge à ne pas avoir de HDR, le plus souvent faute de l'avoir sollicitée.

La formule "habilitation à diriger des recherches" ( ou HDR) a été assez sottement et improprement calqué sur le terme allemand « Habilitationsschrift » qui désigne tout autre chose que notre HDR dont la forme et le contenu varient considérablement suivant les université. Cette HDR a été créé en 1984 au moment où l'on a supprimé en France la thèse d'État que bien des pays nous enviaient. "L'habilitation" française n'a pas grand-chose à voir, à part le nom, avec l'« Habilitationsschrift » de l' Allemagne où elle constitue la plus haute qualification universitaire.  Faisant suite à un doctorat, "l'habilitation" exige du candidat la rédaction d'une seconde et vraie thèse sur un sujet différent,  soutenue devant un jury analogue à celui du doctorat. Elle ouvre seule le niveau supérieur du professorat universitaire ( Privat-docent en Allemagne). 

Pour en revenir aux "promotions", comme recteur ou comme inspecteur général, elles me font irrésistiblement penser, aux élections comme "député européen" qui servent, le plus souvent, après un échec électoral et/ou en fin de carrière, de  refuges aux « has been » de la politique  ; on sait pas trop comment les recaser ailleurs, mais il faut bien leur procurer, dans l'attente de la retraite ou de meilleures fortunes, d'agréables sinécures, bien rémunérées et ne comportant à peu près aucune obligation précise. 

Je crois me souvenir que Laurent Fabius à qui on avait fourni cette solution n'a siégé, d'après le "Guiness Book" des présences, que quatre fois (je sais pas si c'était à Bruxelles ou à  Strasbourg) durant la totalité de son mandat. Soyez sûrs que les critères retenus pour les nominations de recteur ne l'ont pas été au hasard par le ministre Jean-Michel Blanquer dont l'expérience pédagogique proprement dite est aussi diverse que courte ; ce détail n'a d'ailleurs guère d'importance pour un recteur pour les fonctions sont essentiellement administratives comme pour un inspecteur général qui, de nos jours, n'inspecte plus guère ! 

(la suite demain)

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