Je ne vais pas revenir sur l'affaire de la fausse mort de Martin Bouygues, annoncée par une vraie dépêche officielle de l’Agence France Presse et donc de ce fait VENDUE comme telle le 28 février 2015 à 14h27 (comment être plus précis ?). N'oublions pas que l'AFP ne donne pas les nouvelles mais qu’elle les les vend, ce qui pourrait lui amener quelques ennuis suite à une accusation de tromperie sur la marchandise !
L’affaire a fait grand bruit dans le Landernau médiatique, où la réputation de l’Agence Fausse Presse était jusqu’ici sans tache ! J'écoutais encore ce matin, samedi 7 mars 2015, en compagnie de mon chien, moins attentif que moi aux propos tenus sur le sujet à France Cu, le matutinal « Secret des sources » qui traitait aujourd’hui de cette fameuse annonce faite par l’AFP et aussitôt partout reprise de la mort supposée de Martin Bouygues.
Je l'avais déjà brièvement évoquée dans ce blog sans m'y attarder, me bornant à constater, que comme l'a toujours noté notre sagesse populaire, « il y a plus d'un âne à la foire qui s'appelle Martin », même si son patronyme n'est pas Bouygues. Quand on apprend que l'AFP, pour vérifier l'information, s’est borné a téléphoné au maire, non pas du lieu même du décès supposé, à celui d’un village voisin de celui où se trouve la propriété où était prétendument mort le magnat de notre industrie nationale du BTP (l’homme qui a vu l’homme, qui a vu l’homme qui a vu…) , on est fortement porté à rire surtout quand l’émission où sont tenus ces propos se nomme… « Le secret des sources ». Je suppose que lesdites « sources » ne sont pas celles qu'on croit, mais plutôt celle de la fameuse Manon du même lieu et que c'est le Papet qui a répondu au téléphone en disant qu'effectivement Monsieur Martin avait bien passé l'arme à gauche.
Sauf que ce n’était pas le bon Martin ; c’était son nom de famille et non pas son prénom, mais en ces périodes où l’on cause tant « identité et culture nationales », on doit prendre en compte les usages onomastiques de nos provinces reculées ou vont parfois se loger nos potentats de l'industrie. On y appelle volontiers l'héritier du trône, qu’on a connu tout petit, par son prénom souvent précédé d’un respectueux « Monsieur » ; donc Martin (Bouygues) peut s’y confondre avec Martin (le défunt Marcel). Un exemple : nul Creusotine et aucun Creusotin, parlant de l'usine Schneider du Creusot, n’aurait autrefois eu l’idée saugrenue de mentionner le nom de Schneider, « l'usine » suffisait largement à la désigner sans la moindre équivoque !
Bref dans le contexte provincial le malentendu s'explique peut-être mais ce qui est plus étonnant est le comportement de l'Agence France Presse dans cette affaire.
Le point essentiel que nul commentateur du fait n’a apparemment évoqué et moins encore pris en compte, dans la semaine qui vient de s'écouler depuis la large diffusion de cette fausse nouvelle, la date même de l'événement : le 28 février 2015 ; sauf erreur de ma part et de mon calendrier, c’était non seulement un samedi mais un samedi inclus dans les vacances scolaires parisiennes !
Faut-il en dire davantage ! J'ai fait remarquer dans un blog précédent combien le régime des vacances scolaires parisiennes s'était désormais, dans l'univers médiatique, étendu à la France entière et à tous nos médias nationaux ; j'ai eu la confirmation ce matin du rôle capital de ce point qu’on peut à tort juger secondaire quand la représentante de l'AFP a précisé que ce samedi 28 février 2015, en ce début d’après-midi, il y avait, à la rédaction de l’AFP, non pas une quinzaine de personnes comme à l'accoutumée, mais au mieux deux ou trois clampins, sans doute les derniers arrivés qui avaient dû se trouver inscrits en fin de liste sur les demandes de congés pour février. Peut-être s'agissait même de stagiaires et dès lors, il ne faut plus s'étonner de rien ! Un samedi après-midi, pendant les vacances parisiennes, comment voulez-vous qu'on songe à vérifier sérieusement quoique ce soit, surtout dans le climat de recherche frénétique du scoop qui sévit désormais dans nos médias ; le but n'est pas de donner une information et moins encore d'en vérifier l'exactitude mais, vraie ou fausse, de la donner avant les autres !
Vous l'aurez sans doute remarqué comme moi et peut-être à vos dépens ! Qu'on nous annonce un samedi en début d'après-midi pendant les vacances scolaires parisiennes la fausse mort de Martin Bouygues n'a somme toute guère d'importance ! Il ne s'en portera pas plus mal et ça lui fera même une bonne blague à raconter ! Passé le moment de confusion et de ridicule qui a conduit le directeur de l'AFP à venir en chemise et la corde au cou présenter ses excuses à la France hilare, il n'y a pas mort d'homme comme on dit dans nos campagnes, fort à propos pour une fois.
En revanche dans de telles circonstances et dans les mêmes conditions, un samedi après-midi pendant les vacances scolaires, ne vous avisez surtout pas d'avoir un AVC, un infarctus ou même un accident grave, car pour le coup, à la différence de Martin Bouygues, vous risqueriez fort d'y laisser véritablement votre peau !