Tariq Ramadan et la Samaritaine
Avec Tariq Ramadan, c'est comme à la Samaritaine d'autrefois : « Il se passe toujours quelque chose ». À peine notre homme venait-il d'évincer son premier avocat, trop peu médiatique à son goût, que le voilà visé par la plainte d'une troisième victime dont le récit est curieusement proche de ceux des plaignantes précédentes.
Je vous épargne ici le récit circonstancié des faits que Marie (ainsi désignée par convention et discrétion), originaire des Hauts de France et âgée d'une quarantaine d'années, s'est décidé à porter à la connaissance du public après avoir déposé plainte. L'Express, qui s'est fait une exclusivité de ce récit, nous le livre dans son détail ( « Une troisième plainte pour "viols" contre Tariq Ramadan » par Jérémie Pham-Lê, Claire Hache et Laurent Léger, publié le 07/03/2018 à 19:17 , mis à jour le 08/03/2018 à 09:15)
Marie décrit une dizaine de viols qu'elle aurait subis de février 2013 à juin 2014 en différents lieux, à Paris, Lille, Londres et Bruxelles. Tout son récit, très détaillé, est curieusement proche d'autres où figure ce même Tariq Ramadan ; y convergent domination mentale initialement due au prestige usurpé du personnage, violences et perversions, sévices, menaces et chantages. Toutefois le point particulier de cette affaire est que notre homme ne pourra pas prétendre aux mensonges permanent et multiples de sa victime puisque cette fois-ci Marie détient de nombreux messages échangés avec Tariq Ramadan, qui attesteraient de la véracité de ses dires et que ses avocats Francis Szpiner, Jonas Haddad et Grégoire Leclerc, qui représentent déjà Henda Ayari ( l'une des précédentes victimes) entendent transmettre à la justice.
Le processus de la rencontre et de l'évolution des relations est toujours le même. Il débute au mois de février 2013 alors que Marie, qui vient de se séparer de son compagnon et élève seule ses deux enfants, sans disposer d’un emploi stable, est dans les pires difficultés psychologiques et matérielles. Elle s'en ouvre par Facebook et c'est par là que Tariq Ramadan, sans doute à l’affut de nouvelles proies, va entrer en contact avec elle.
Pour se présenter sous un jour avantageux, il lui demande si c’est bien elle qui a assisté à l'une de ses conférences, tenue une semaine plus tôt. Marie, qui n'a pas assisté à la moindre conférence de ce genre est méfiante et ne sera convaincue qu'il est bien Tariq Ramadan que lorsqu'elle aura eu avec lui une conversation sur Skype. Leurs échanges par cette voie s'établissent et deviennent vite quotidiens, l'homme se montrant, comme toujours, bienveillant et attentif.
La première rencontre physique se déroule le 15 février 2013, au Radisson Blue Hôtel de Bruxelles, où Tariq Ramadan est de passage pour une conférence. Le comportement de cet inconnu si bienveillant a déjà changé. Il lui impose une tenue affriolante et vise surtout et en tout, comme toujours, la discrétion : ne pas se présenter à l'accueil, récupérer la clé de la chambre sous le palier, etc ...
Lors de leur première rencontre, tout change encore davantage et le mieux ici est de citer un extrait de la plainte de Marie : « Il lui aurait imposé "de force une fellation en lui agrippant les cheveux". Après un rapport sexuel décrit comme violent, il l'aurait humiliée dans la salle de bain, lui urinant dessus et la traitant de "chienne, pute, salope". [Des sévices qui sont ceux décrits par Christelle, la seconde plaignante ».] Marie ressort de ce rendez-vous bouleversée mais poursuit ses correspondances avec le théologien, qui oscillerait entre menaces et excuses. C'est là que le piège se referme, explique la quadragénaire : elle a, au fil des mois, de nouvelles relations sexuelles avec Tariq Ramadan, entre deux conférences en France ou à l'étranger, qu'elle décrit comme de plus en plus violentes. Huit autres rapports, au total, sont inscrits dans la plainte et sont qualifiés de viols. Selon Marie, l'homme lui impose le silence: il menace de "la réduire en miettes" et de raconter à ses proches toutes les confessions qu'elle lui a faites si jamais elle n'obéit pas à ses désirs.
[...]
La spirale infernale prend fin au mois de juin 2014. Marie raconte qu'elle s'extirpe de l'emprise mentale de Tariq Ramadan après une dernière rencontre, à Lille, au cours de laquelle l'homme aurait manqué de l'étouffer au cours d'une pénétration. "Sidérée, tétanisée, ayant eu peur pour sa vie, [elle] décida de ne plus se rendre aux rendez-vous" et "ne plus céder à ses menaces", relatent ses avocats dans la plainte. ». Fin de citation.
On ne peut qu'être frappé par la proximité, voire la totale identité des récits des victimes qui témoignent de la permanence des mœurs sexuelles de Tariq Ramadan : fellation forcée, sodomie, urologie, injures et violences, menaces, etc. Nul doute que l’identité et la permanence de ces perversions militent fortement en faveur de la sincérité des victimes et de l'authenticité de leurs récits. Toutefois le pire et le plus immonde dans cette affaire tient à ce que que tout cela s'opère sous le couvert fallacieux et même répugnant d'un discours religieux et humaniste dont ces témoignages permettent de mesurer exactement la sincérité et l'authenticité !
Ces événements nouveaux, vu l'urgence, m'ont obligé à remettre à demain un blog savoureux sur le personnage !