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Billet de blog 9 mars 2018

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Tariq Ramadan à l'Ile Maurice

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tariq Ramadan à l'Ile Maurice

L'intitulé de ce blog est sans doute l'un des plus étranges qu'on puisse imaginer et c'est pourquoi j’ai regretté hier de devoir en retarder la publication en raison de la nouveauté de l'annonce du dépôt de la troisième plainte pour viol contre Tariq Ramadan. Avec la quatrième plainte (américaine), on ne pourra bientôt plus suivre ! 

Il est vrai qu'il y a quelques années que je ne suis pas allé à l'île Maurice, que je connais fort bien et depuis longtemps : mes séjours personnels ont été bien antérieurs à l'arrivée de ce nouveau Messie de l'Islam dans la République de Maurice. Le fait de connaître ce pays depuis longtemps me conduit d’ailleurs  à rappeler que, dans la perspective de l'islamisation de l’Ile Maurice, notre Tariq avait été largement devancé par le colonel Kadhafi qui l’avait entreprise bien avant, selon sa méthode personnelle, à grands coups de dollars pour le  financement de conversions à l'Islam. Rappelons au passage, à titre d’exemple, qu‘Albert Bernard Bongo, Président de la République gabonaise, avait accepté de se changer en El Hadj Omar Bongo pour 1 million de dollars ( tarif de conversion à l’Islam mais pour les seuls chefs d’Etat africains)! À Maurice, le tarif des conversions était naturellement bien moindre mais vu la situation mauricienne et les problèmes politiques liés à une forte minorité indo-musulmane locale, le gouvernement mauricien avait rapidement prié le colonel Kadhafi et ses dollars de bien vouloir décamper !

J'ignorais tout des entreprises et des séjours familio-touristico-politiques de Tariq Ramadan jusqu'à ma lecture, le  4 mars 2018, dans Mediapart, d'un article intitulé « Contribution du Professeur Tariq Ramadan à la nation mauricienne », dans le très curieux blog « Esprits libres », fort mal nommé me semble-t-il (j'y reviendrai un jour).

Pour faire court, je crois que le mieux est de citer quelques extraits de ce ltexte avant de les commenter dans la suite, en vous épargnant toutefois la longue et décorative citation des Fleurs du mal qui ouvre curieusement ce texte et n’est gauchement « justifiée, si l’on peut dire, que dans la conclusion.

« À l’heure de ses 50 ans d’Indépendance, l’île Maurice  témoigne de l’accompagnement constructif qu’a apporté  le Professeur Tariq Ramadan à la construction d’une nation plurielle et moderne, plus  juste et  plus solidaire,  et surtout,  paisible. Vingt-trois ans, onze visites, plus d’une centaine de conférences ouvertes à toutes et à tous,   d’innombrables ateliers de formation et une multitude de rencontres couvrant tous les horizons de notre pays arc-en-ciel. [ les numéros et les soulignements qui sont de mon fait signalent les points que je commenterai ; n° 1 ]

 C’est à Maurice qu’il lui a été demandé d’ajouter  des invocations spirituelles après ses conférences sur des thèmes allant de la citoyenneté à la réforme, de l’intégration à l’écologie, des droits de la femme [ N° 2 ;Quel marrant ce Ramadan !] à la lutte contre les injustices. Et  c’est  de là qu’il a été entendu en direct pour la première fois  via l’internet… jusqu’au Canada. Et de là, il s’est rendu en Afrique du sud, à Madagascar, à la Réunion.  

C’est ici qu’il a animé le  premier « live chat », ou encore  initié le jihad contre la pauvreté avec les travailleurs sociaux et éducateurs de notre pays. Le Professeur Ramadan a  illuminé  notre vivre-ensemble en prônant  le pluralisme, le respect  [ N° 3 ] et le dialogue. »

Le plus drôle reste toutefois venir !

« Et avec lui,  l’île Maurice accueillait aussi  une remarquable famille qu’elle a  appris à apprécier  au fil des visites. Il n’y eut qu’une seule visite où il avait  été sans eux, un voyage-éclair de deux jours pour honorer de sa présence un colloque inter-religieux. La famille était un thème qui revenait sans cesse, la sienne inspirant souvent  ceux qui l’entouraient.  Des liens amicaux se sont tissés naturellement entre des locaux et sa famille. Son épouse, Iman, est devenue   pour beaucoup une grande sœur. L’île Maurice a  vu grandir les aînés Mariam et Sami de l’enfance jusqu’à la maturité. [ N° 4 ]. Le « petit » Moussa a été le copain de tous. Et la benjamine, Najma, toujours pleine d’énergie, ne pouvait passer inaperçue. »

[ … ]

« Il n’y a pas de doute que ce qu’il subit actuellement en France est un ignoble lynchage médiatique venant d’un certain milieu. Sa présomption d’innocence est bafouée. Il n’a pas droit à un procès équitable.

La différence dans le traitement de cas similaires, où la présomption d’innocence a été respectée, démontre le dysfonctionnement organique du système politico-judiciaire français et ses desseins inavoués à détruire le Professeur Ramadan. Son état de santé inspire de vives inquiétudes et il ne lui est permis aucun contact avec son épouse et ses enfants.

[ … ]

Les temps ont changé, mais nous voyons que tant pour la neutralité de l’état vis-à-vis des religions que pour l’état de droit, certains, comme le Professeur Ramadan,  [ N° 5 ] continuent à subir des injustices.

Si l’île  Maurice est un arbre tropical en pleine floraison multicolore,  le frère Tariq  Ramadan est  cette abeille qui contribue à sa pollinisation à chacune de ses visites. [ N° 6 ]  En France, pour certains  dont les cœurs sont rongés, il n’est rien que la plus dangereuse des bestioles.  Si seulement ils avaient compris ces vers de Baudelaire, ce grand poète qui a connu l’île Maurice, terre de diversité depuis toujours ? Et si seulement ils avaient  reconnu en  Tariq Ramadan ce « mystique aliment » qui leur fait tant défaut ?

Comité de Coordination, île Maurice ; 4 mars 2018

Remarques 

Ce texte amphigourique, bizarrement signé «Comité de Coordination, île Maurice » et curieusement publié par Mediapart produit dans le cadre de la campagne intégriste de soutien à Tariq Ramadan, mériterait assurément une analyse plus complète.

La première visite de  T.R. à l'îIe Maurice ne datant que de 1995, on voit mal « à l’heure de ses 50 ans d'indépendance » comment ce jeune Etat a pu bénéficier, dans de si grandes proportions, de « l'accompagnement constructif de Tariq Ramadan ». En revanche, il serait intéressant de savoir comment ont été financées toutes ces coûteuses visite dont beaucoup étaient familiales, même si le texte en cause ne donne aucune explication à ce sujet.

Le « pays arc-en-ciel » (des guillemets seraient les bienvenus dans le texte original pour cet "emprunt" car ce terme désigne habituellement  la République sud-africaine où d'ailleurs ont émigré beaucoup de Mauriciens au moment de l'indépendance de leur pays ; c’est là une appellation qui ne convient guère à Maurice pour peu qu'on en connaisse, si peu que ce soit l'organisation sociale véritable.

N° 1 et 2 :Que le Professeur Ramadan ( si inadéquate et usurpée que soit une telle désignation et sa majuscule ) y ait  fait de nombreuses conférences n'est pas pour étonner, car ce sont toujours les mêmes refrains et il s'agissait sans doute de rembourser d'une façon ou d'une autre les coûts des déplacements et des séjours estivaux et familiaux. Les sujets de ses conférences sont cependant plus étonnants et plus encore les « invocations spirituelles » qui les suivaient et qui pouvaient même porter sur des sujets qui lui sont aussi totalement étrangers que « les droits de la femme ». 

N° 3 : il est en revanche assez stupéfiant de lire que le rappel constant, lors de toutes ces interventions, était « la sauvegarde de la laïcité et de l'État de droit ». Tariq Ramadan doit veiller soigneusement à ne pas mélanger ses notes sur de tels sujets avec celles sur l'extension de la charia à l'ensemble du monde ou sur le moratoire de la lapidation des femmes dont il se plait à traiter ailleurs !

N° 4 : le couplet sur la famille est assurément le passage le plus drôle de tout ce texte prêté à ce mystérieux Comité de coordination de Maurice : « la famille était un thème qui revenait sans cesse… ». Sa pauvre épouse (Iman, une Française convertie à l'islam et affublée comme telle ! ) a trouvé le rare courage d'intervenir en faveur de son mari, enfin poursuivi en justice pour les viols commis un peu partout sur nombre de jeunes filles et de femmes dont beaucoup naturellement n'ont pas osé affronter la justice inévitablement publique ! On ne peut que plaindre  cette pauvre femme à laquelle décidément rien n'aura été épargné ! 

N° 5 :  je ne m'attarde pas évidemment sur le qualificatif de Professeur Ramadan ! J’en ai longuement parlé dans mes blogs. Tout le monde sait parfaitement que la quoi s'en tenir et il me semble inutile d'y revenir.

N° 6 : je ne sais pas si dans la fin de leur texte (in cauda venenum) les rédacteurs de ce texte (qui se prétendent Mauriciens) ont suffisamment de connaissances des langues et cultures créoles pour rédiger un dernier paragraphe à double détente en jouant sur le français et le créole. Le « Frère Tariq Ramadan est une abeille [ plutôt un "faux bourdon" et même mieux encore "un bourdon faux"] qui contribue à sa pollinisation [ de l’Ile Maurice] à chacune de ses visites ».

Il serait bien étonnant en effet qu'à l'occasion de ses multiples visites (onze  me semble-il) le « frère Professeur Tariq Ramadan », à défaut de se changer en « mystique aliment », n'ait pas répandu son « pollen » (entendre son sperme) auprès de jeunes ou de moins jeunes Mauriciennes, à son habitude ! Il est vrai que son goût manifeste pour la sodomie lui épargne toutefois les risques de trop nombreuses procréations !

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