L’héritage Castro
Son expérience diplomatique et politique comme sa discrétion naturelle ont évité à Ségolène Royal les difficultés qu'auraient pu susciter, lors de son séjour cubain ou à son retour en France, d'indiscrètes mais opportunes questions sur les biens et l'héritage du Lider Maximo !
Depuis l’affaire Dreyfus, on sait que certaines questions ne doivent pas être posées ; cet aspect a pourtant parfois été évoqué, dans la dernière décennie surtout, Fidel Castro avançant en âge et sa santé apparaissant comme quelque peu chancelante. Il y a 20 ans déjà le magazine américain Forbes, pour lancer son premier classement des milliardaires, avait fait apparaître Fidel Castro comme proche, sur ce plan, du Prince de Monaco et de la reine d'Angleterre, ce qui, si j’ose dire, en pareille compagnie, la foutait un peu mal !
Aujourd'hui, la fortune de Fidel Castro côtoie toujours celles d'Albert II de Monaco ou de la reine Elizabeth. En revanche, L’accroissement considérable du nombre des milliardaires (passé de 140 dans cette première édition, à 793 en 2006) a sans doute fait considérablement reculer le pauvre Fidel Castro dans ce mirifique classement (cf. Le Monde.fr, 05.05.2006 ).
Dans son plus récent palmares, Forbes rapproche toujours (peut-être non sans malice) la fortune de Fidel Castro de celle d'Albert II. La fortune du Lider Maximo s'élèverait, selon cette évaluation, à 900 millions de dollars. La présence insolite de Castro dans pareil classement s'explique par le contrôle qu'il exerçait sur un ensemble d'entreprises nationalisées, comme El Palacio de Convenciones, centre des congrès proche de La Havane, Cimex, une entreprise de distribution, Medicuba, une entreprise pharmaceutique, et même … une fabrique de fromage ! Faute d'informations fiables et de sources officielles, Forbes doit se contenter d'estimer les revenus de Castro.
Un précédent classement (ou sa fortune était évaluée qu'à 550 000 000 $), avait déjà suscité les vives protestations du Lider Maximo qui avait prétendu ne rien posséder ! On peut toutefois estimer, avec Forbes et aux dernières nouvelles, que si Albert de Monaco lui tient toujours tête, Fidel serait passé (non sans quelque incivilité) devant la Reine d'Angleterre, à laquelle Forbes ne reconnaît qu’une fortune de quelque 500 millions de dollars, mais, en propriétés immobilières et bijoux auxquels s’ajoute l’inestimable collection de timbres constituée par son pépé !
Un coin du voile politique officiel jeté sur le mode et le train de vie de Fidel Castro avait été levé par la publication du livre de Juan Reinaldo Sanchez qui, pendant 17 ans, avait été le chef des gardes du corps de Fidel Castro. Disgracié, exclu et soumis à la « torture blanche »,
après plusieurs tentatives infructueuses, il avait réussi finalement à fuir clandestinement de Cuba en 2008 pour s'installer aux Etats-Unis où il est mort l’an dernier (de vieillesse rassurez vous ). En mai 2014, il avait publié en France La vie cachée de Fidel Castro (Michel Lafon), un récit co-écrit avec Axel Gyldén.
On a appris par ce livre des détails curieux, quoique parfois insolites comme « la consommation par le Commandant Fidel Castro de lait frais non importé de l’occident, provenant d’un élevage contrôlé et suivi par les spécialistes cubains, [ ce qui] contribue à renforcer la sécurité du leader leader révolutionnaire que les impérialistes voudraient assassiner depuis 55 ans ». Les détails alimentaires et gastronomiques, toujours innocents, ne manquent pas ; on apprend ainsi le menu traditionnel des célébrations du 13 août, anniversaire de Fidel Castro : « On fait rôtir un méchoui, que les hôtes mangent sans couverts, à la main, conformément à la tradition arabe, et le tout est arrosé de vins algériens ; ces anniversaires modestes n’ont rien de capitalistes ou de fastes de la bourgeoisie occidentale ». N’allez pas croire toutefois que Fidel boit du rhum (fût-il cubain !) et moins encore des « Cuba libre » (rhum et Coca) ; seul le Chivas Regal trouve grâce à ses yeux et à son palais !
Les exploits sportifs de Fidel ne sont pas oubliés : « Doté d’une capacité thoracique impressionnante, Fidel (1,91 mètres, 95 kilos) plonge en apnée à 10 mètres de profondeur sans la moindre difficulté »,mais on lui porte son fusil ; même s’il ne devait plus guère le faire ces dernières années, il pouvait s'adonner à ce sport à Cayo Piedra , « île paradisiaque » située, ironie du sort, à 15 km de la fameuse Baie des cochons et qui serait une « propriétaire privée » du Lider Maximo dans un Etat où ce statut juridique n’existe pourtant pas, du moins pour les autres...!
Parmi les révélations figure l'existence de Cayo Piedra, le paradis secret de Fidel Castro. Cette île « privée » dispose d'un héliport, d'une piscine d'eau douce, d'un restaurant flottant, d'un ponton pour le yacht de luxe de Fidel (Aquarama II), d'un delphinarium, d'un élevage de tortues et d'une maison d’hôtes (elle fut assidument fréquentée par Gabriel Garcia Marquez qui a évoqué les séjours qu’il y a faits).
Le plus drôle dans toute cette affaire est sans doute moins la révélation de ces détails sur le luxe du train de vie de Fidel Castro ou sur l'étendue de sa fortune que les réactions officielles à la publication du livre de J.R. Sanchez. Pour leur donner toutes les apparences de l’objectivité, on a, en partie confié cette tâche a un « intellectuel » africain (un "nègre" double en somme !), dont le maniement de la langue française est parfois un peu incertain mais dont la haine pour l'auteur iconoclaste n'est jamais prise en défaut. Il s'agit du « Docteur » Ley-Ngardigal Djimadoum, Secrétaire Général de ACTUS-prpe (Action Tchadienne pour l’Unité et le Socialisme-parti révolutionnaire populaire et écologique); actus_pr@yahoo.com.
Le seul énoncé de son titre suffit à situer le personnage sur le plan politique et idéologique, ce qu'illustre parfaitement ce très bref et récent (27 juin 2014) extrait de l’un de ses textes : « Le petit soldat de l’impérialisme étatsunien Juan Reinaldo Sanchez et ses maîtres occidentaux, ont perdu la bataille anti castriste avec son dernier pamphlet. Les autres articles ou ouvrages qui suivraient, avec cette même campagne haineuse de diffamations anachroniques, seront eux-aussi voués à l’échec. Le Leader de la révolution, Commandant Fidel CASTRO et Cuba socialiste continuent à résister et vaincront toujours. ».
« La liberté ou la mort » est-on tenté d'ajouter en levant le poing, comme au bon vieux temps des Républiques populaires africaines !
Une dernière citation de l’interminable texte de Ley-Ngardigal Djimadoum
« En effet, en mai 2006, le magazine américain Forbes évaluait déjà à 900 millions de dollars américains la fortune personnelle du Leader cubain, le plaçant au 7ème rang sur les 10 monarques ou dictateurs les plus riches du monde. Quel esprit aussi peu logique soit-il croirait à une telle information monstrueuse et grossière sans qu’aucune preuve objective documentée ne soit fournie ?
L’auteur de surcroît n’est pas sans ignorer que le Commandant Fidel Castro est dans la ligne de mire des impérialistes qui utiliseraient tous moyens et voies possibles pour le liquider y compris par empoisonnement. ».
Ne faisons pas mesquinement observer au Docteur Ley-Ngardigal Djimadoum qu’en français, on dit « si peu logique qu’il soit » (et non pas « aussi peu logique qu’il soit ») et qu'il a sans doute voulu dire, non pas « n’est pas sans ignorer » mais « n’est pas sans savoir », mais après tout c’est probablement un doctorat russe qu'a obtenu le docteur Ley-Ngardigal Djimadoum à la grande époque des Républiques populaires africaines !