ONGs et migrants (suite 3 )
Vous voudrez bien excuser la nature de cette deuxième partie de mon blog " ONGs et migrants" ; elle est assurément pesante mais elle me semble indispensable pour éclairer quelque peu cette affaire de "migration" dont j'avoue que je soupçonnais pas réellement les aspects financiers qui peuvent parfois fonder des soupçons de collusion entre "passeurs" et ONGs !
Fions-nous ici à Valeurs actuelles puisqu'il s'agit de finances (valeursactuelles.com ; 11 juillet 2018 ) : "Migrants. Un rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime détaille pour la première fois les chiffres du trafic d’êtres humains.
Le « business » des passeurs a rapporté en 2016 entre 5,5 et 7 milliards de dollars, soit 6 milliards d’euros, [ souligné par moi ] rapporte le Parisien, qui a étudié le rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC). L’équivalent de ce qu’a dépensé l’Union européenne dans l’aide humanitaire la même année. 89 % et 94 % des migrants qui arrivent en Italie et en Espagne sont originaires d’Afrique.
Sur l’année 2016, 2,5 millions de migrants ont transité entre les mains des passeurs. Si évaluer une activité criminelle est difficile, l’argent extorqué par les passeurs vient directement des migrants. Le tarif varie selon le voyage : la distance, les moyens de transport, les frontières à traverser, la production de faux papiers. L’UNODC précise : payer plus cher ne rend pas le trajet plus sûr. Selon le rapport, pour un Afghan, migrer vers l’Europe de l’Ouest coûte entre 8 000 et 12 000 euros. Les passeurs “sont des terroristes, des trafiquants d'armes et d'êtres humains”, selon le chef du Parlement européen.
La destination la plus lucrative pour les contrebandiers est l’Amérique du Nord, qui a rapporté 3 milliards d’euros pour une estimation de 820 000 migrants. Viennent ensuite les passages de la Méditerranée vers l’Union européenne, où le rapport estime à 375.000 le nombre de personnes ayant tenté la traversée. Pour un bénéfice entre 274 et 300 millions d’euros pour les passeurs.". (fin de citation)
Quoique l'article de Mediapart et surtout la « reconstitution 3D » qui est proposée en fin d'article, soient très convaincants, je me ferai ici « l'avocat du diable » sur deux ou trois points de détail, car j'ai toute de même un peu de peine à croire à une collusion entre cette ONG et les "passeurs".
Le premier point tient aux lieux mêmes, où se sont produits les prétendus "naufrages" des embarcations de fortune utilisées par les passeurs sans doute, dans les cas en cause, tunisiens ou libyens (des barcasses ou des zodiacs hors d'âge surchargés de façon folle) . On en a largement fait état dans les médias et ils ont probablement, des mois durant, provoqué des milliers de noyades. Désormais toutefois, du moins pour ce que nous pouvons voir sur le document en cause, tout se passe dans les zones territoriales tunisiennes ou libyennes ou à leurs limites. Précisions pour les ignorants du droit maritime dont j'étais : Les eaux territoriales sont la partie de mer côtière sur laquelle s'étend la souveraineté d'un État côtier. Sa largeur maximale est fixée à 12 milles marins, soit 22.224 mètres. ( Convention des Nations Unies sur le droit de la mer), ce qui est très peu !
J'en conclus donc qu'en principe les navires des O.N.G. ne peuvent s'aventurer plus près des côtes et que, par ailleurs, les embarcations officielles des Etats eux-mêmes ne peuvent intervenir au-delà de la limite de leurs propres eaux territoriales. Nous n'en sommes manifestement plus au temps où, comme en cette semaine du mois d'avril 2015, on avait pu dénombrer plus de 1200 noyades dans les naufrages de deux navires en pleine mer [ souligné par moi ] !
De telles circonstances ne peuvent évidemment que favoriser la propagande et la publicité des passeurs locaux du Sud dans le recrutement de passagers payants (en outre très cher comme on l'a vu !). Il ne s'agit plus désormais en effet d'affronter une, véritable mais incertaine, traversée vers l'Europe en plein mer, pénible, longue et très périlleuse ; les "migrants" sont recueillis par les O.N.G. à la limite des eaux territoriales donc à une faible distance ( à peine plus de 2 km !) des lieux de départ.
J'ajoute que ce système a, en outre, pour ces "passeurs-" un avantage considérable puisque, dans la quasi-totalité des cas semble-t-il, ils prennent la précaution de récupérer les moteurs des embarcations utilisées, voire ces embarcations elles-mêmes, alors qu'auparavant, le tout (embarcations et moteurs) était irrémédiablement perdu, quels que soient les sorts ultérieurs des passagers eux-mêmes.
De ce fait, si l'on veut combattre effectivement et efficacement ce système, les embarcations des passeurs, qu'il s'agisse de grandes barques ou de zodiacs, devraient être détruites [ souligné par moi ] par les O.N.G., une fois que leurs passagers ont été recueillis à bord. Cela ne semble pourtant plus être le cas, du moins d'une façon généralisée ou systématique, même si, me semble-t-il, dans la vidéo proposée, on assiste à l'incendie un canot pneumatique, une fois ses passagers mis en sécurité.
En revanche, dans un passé récent, beaucoup de "migrants" sont morts durant les traversées, souvent même abandonnés au large par les "passeurs". Le "pic de mortalité" en 2015, a été particulièrement visible avec le décès de plus de 1 200 personnes dans les naufrages de deux bateaux durant la même semaine du mois d’avril. C’est d'ailleurs dans ce contexte même que « de nombreuses ONG ont considéré qu’elles ne pouvaient plus se contenter de témoigner de ce qui se passait, mais qu’il fallait intervenir directement pour sauver ces vies ». Elles ont ainsi commencé à affréter des bateaux à l’instar du "Juventa" , mais aussi à intervenir, non en pleine mer, mais à la limite même des eaux territoriales. Ce système a ses avantages (énormes) et ses inconvénients (incontestables) !
(Suite et fin demain)