Et un Pernod pour Manu !
Monsieur le Président,
Je vous sens si près de nous en ce début d'après-midi après avoir passé plus d'une heure en votre compagnie et sous le charme de votre intarissable verve que je pense que vous ne verrez pas d'inconvénient, (vous êtes si près du peuple), à ce que je vous appelle « Manu ». J'ai d'ailleurs déjà anticipé sur votre acceptation probable dans le titre même de ce blog.
Vos conseillers en communication sont décidément les meilleurs comme d'une façon générale, et à vous entendre, vos conseillers de tous poils dans tous les domaines puisqu'il est parfaitement clair, après vous avoir écouté, que vos décisions sont les plus sages et les plus humaines qui se puissent concevoir. Certes, avec Monsieur Jean-Pierre Pernod (je préfère cette orthographe bien de chez nous), vous preniez pas grand risque car le bougre qui se sent un peu sur la sortie à TF1 à près de 70 berges se garderait bien de tout écart ou de toute question oiseuse que ce soit !
Tout un symbole : Arthur Berdahna a révélé que "David Dhelardy, le boulanger du lieu, a préparé un cadeau très spécial pour Jean-Pierre Pernaut et pour Emmanuel Macron [ Tous deux natifs, non pas d'Arras, comme l'ami Bidasse, mais d'Amiens ] : deux grands cadres en nougatine avec au centre un cliché de notre Manu et son interviewer; mieux encore :" les photos en sucre sont comestibles."
On aurait pu s'étonner pour votre interview de dimanche du choix, un peu étrange, d'Edwy Plenel que vous avez fait ou qu'on vous a suggéré de faire (j'incline plutôt à croire cette seconde hypothèse) pour votre interview de dimanche : ce qui me fait penser qu'on vous a suggéré Edwy Plenel après réflexion tient à ce que ceux qui vous ont proposé cette idée l'ont préalablement assortie d'une précaution qu'ils ont jugée sage et prudente. En effet, depuis hier est curieusement réapparue dans les médias, la vieille histoire des 11 athlètes israéliens enlevés et massacrés par Septembre Noir lors des Jeux Olympiques de Berlin en 1972. Le jeune et bouillant trotskiste qu'était alors Edwy Plenel avait alors eu l'imprudence, dans Rouge, l'hebdomadaire de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), d'appeler à « défendre inconditionnellement» l'organisation palestinienne Septembre Noir. Il avait même ajouté : « L'action de Septembre Noir a fait éclater la mascarade olympique, a bouleversé les arrangements à l'amiable que les réactionnaires arabes s'apprêtaient à conclure avec Israël [...]. Aucun révolutionnaire ne peut se désolidariser de Septembre Noir. Nous devons défendre inconditionnellement face à la répression les militants de cette organisation. [...] A Munich, la fin si tragique, selon les philistins de tous poils qui ne disent mot de l'assassinat des militants palestiniens, a été voulue et provoquée par les puissances impérialistes et particulièrement Israël. Il fut froidement décidé d'aller au carnage ».
Certes Edwy Plenel signait alors ses écrits du pseudo de Joseph Krasny (= "rouge) mais, en 2008, dans Enquête sur Edwy Plenel, Laurent Huberson a retrouvé ce texte, le faisant figurer dans le chapitre consacré à l'anticolonialisme et à l'antisionisme du jeune militant Plenel. Edwy Plenel s'en est expliqué par la suite, mettant cette "radicalité" au compte de sa jeunesse et faisant valoir le changement de circonstances depuis cette époque lointaine . Il n'en reste pas moins que si dimanche prochain, Edwy Plenel se laissait aller à une excessive agressivité envers notre Président, ce dernier est largement assez futé pour lui rappeler qu'il a sous la main lui-même cette vieille grenade dégoupillée que son interlocuteur à toutes les raisons de craindre.
Avec Jean-Pierre Pernod rien de tel à redouter ! Un Pernod ou rien comme disait autrefois la pub ! Distribution générale d'apaisements et de calmants de tous ordres par notre Manu. Il y en a pour tous les goûts et toutes les catégories, notamment les retraités et les ruraux, brefs les électeurs
Le choix du lieu a été longuement médité (jusqu'à la boulangerie on l'a vu !) comme ses aménagements. Berd'huis (Orne) est le petit village à 150 km de Paris dans lequel le JT de 13h de TF1 a été délocalisé pour l'occasion. Plus d'une centaine d'habitants ont réservé à «Manu » un accueil chaleureux à son arrivée à l'école primaire où l'entretien se déroulera dans la salle de CM2, une salle ultramoderne, 3.0 en quelque sorte. Quelques dizaines de manifestants, dont des cheminots et des agriculteurs, avaient été maintenus à distance du village, dont les accès étaient strictement limités, comme vous l'imaginez !
Manu, dans cette classe à la fois moderne et modèle, enfile comme des perles ses formules favorites, cent fois rodées devant un Pernod tout sourire : « Je veux changer beaucoup de choses et pour moi il n'y a pas de répit » avance -t-il à propos de son image de réformateur. Le reste est à l'avenant, métaphore terrestre et rurale, pas une bicoque de zadiste : « Je fais les choses avec méthode. Il faut que les bases soient solides pour que la maison tienne » ; vu l'ambiance chaleureuse, Manu risque à peine quelques pointes à l'égard de ses prédécesseurs « Je fais ce que j'ai dit. Peut-être qu'on n'était pas plus habitué ». Suivez mon regard ! Il corrigera même avec le sourire les conneries de Jean-Pierre Pernod qui, ce gros nul, confond François Bayrou avec Jean-Louis Borloo. Petite rigolade complice !
Lui « le président des riches » ? On n'en parle même pas ! « Les riches ils n'ont pas besoin d'un président [C'est ben vrai Manu ... sauf pour leur faire des cadeaux qui leur permettent d'investir aux Iles Vierges ], ils se débrouillent très bien tous seuls. Je suis président de tous les Français ». Hollande dixit ! La réforme de l'ISF : « Ce n'est pas de l'injustice, c'est une politique d'investissement ». L'horaire est si serré que Jean-Pierre Pernod ne trouvera pas le temps de parler ni des paradis fiscaux, où les riches préfèrent planquer leur fric, plutôt que de l'investir en France, ni de la fraude fiscale qui se chiffre en centaines de milliards et s'étale dans tous les médias sous le joli nom d'harmonisation fiscale !
Manu n'est pas plus le président des riches que le président des villes. Face à Pernod, prototype de ces journalistes français qui ne sont même pas « aux ordres » puisqu'ils les précèdent toujours, la plus petite trace d'indignation présidentielle, même feinte, devant une accusation malveillante, suffit à écarter toute interrogation un peu plus approfondie comme toute objection, si menue qu'elle soit !
« Nous n'abandonnons pas la ruralité »; « On s'engage pour le rural. On n'abandonne pas du tout la ruralité », avance avec assurance notre Manu, sûr de ne pas être contredit car son contradicteur éventuel n'est guère familier avec les statistiques et les réalités rurales, même si Pernod a fait de la France profonde le fonds de commerce de sa méridienne.
Cette heure de bavardage est au fond tout à fait à la hauteur du JT de TF1 en milieu de journée et Jean-Pierre Pernod est de ce fait PARFAIT, forcément parfait ! On a parlé pour ne rien dire sinon pour polir et dorer à l'or fin l'image de notre Président. Oserais-je dire que je préfère mon blog sur le blocage des universités aux propos de notre président qui s'est borné à souligner qu'il y avait très peu d'universités occupées dans le cadre de la mobilisation étudiante contre la loi orientation et réussite des étudiants (ORE). Cette "mobilisation" est inepte et inévitable après les suppressions du Bac et de Propé ! "Et souvent, ce ne sont pas des étudiants mais des agitateurs professionnels", a-t-il déploré, appelant les étudiants à réviser « car il n'y aura pas d'examens en chocolat dans la République. ».
Long discours aussi sur la limitation de vitesse à 80 km à l'heure, ce qui pour un pays dans la situation catastrophique qui est la nôtre est évidemment une question à la fois urgente et centrale. Manu a défendu la mesure très contestée de l'abaissement de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les route secondaires. "Vous irez expliquer aux familles des victimes que ce n'est pas utile". Plus démagogique que ça tu meurs, sans que personne ne vienne consoler ta famille. « Cette mesure est impopulaire, je l'entends. Mais en campagne, le temps moyen sur la route est de 40 minutes. Vous allez perdre 2 minutes par rapport à d'habitude. Alors il faut que tout le monde garde son calme. Quel cerveau ! Quel homme! Attendez car il y a mieux : « L'argent qui sera perçu, s'il y a des contraventions (...) on le mettra dans les hôpitaux qui soignent les blessés de la route. ». Rideau !
La question de l'islam, éventuellement "radical", a été traité en deux coups de cuillère à pot sans même qu'on se demande, ni d'un côté ni de l'autre, combien il y a de Musulmans (islamistes ou pas) en France : 5,5 millions comme disent les statistiques officielles ou 11 millions comme le pensent les démographes un peu sérieux ! Et d'autre part qui est le connard qui a institué en France de regroupement familial en 1974-75 qui nous a mis dans une telle situation ?Vous voyez de qui je parle! Botus et mouche cousue !
«Questionné sur la politique envers les fichés S et la mouvance salafiste, le chef de l'État a appelé à la prudence. "Il faut faire attention à ce qu'on appelle salafiste (...) il n'y a pas de définition juridique. Nous avons fait voter une loi à l'automne dernier, et depuis nous avons fermé trois mosquées" [ Foutre ! Trois mosquées avec 11 millions de musulmans !], a-t-il expliqué, affirmant qu'il annoncerait bientôt des mesures sur les questions du financement étranger des mosquées. "Je ne veux plus de mosquées qui s'ouvrent avec des financements cachés", a-t-il lancé. Il suffit de supprimer la loi de 1905 et de les payer !
Quant aux retraités qui se plaignent de la hausse de la CSG. Je leur ai demandé un effort ; il s'est même adressé directement à eux : "Il n'y a pas de souverain mépris, j'ai besoin de vous", a-t-il lancé. "Je n'ai jamais pris un retraité pour un portefeuille", a-t-il ajouté ce qui est de sa part dans la plupart des cas une preuve de bon sens.
"Je veux remettre la France au travail", certes mais encore faudrait-il qu'il y ait du boulot pour les 5 millions de chômeurs, avec en outre les "fonds vautours" et les milliers de postes qui chaque jour sont délocalisées vers les pays de l'Est et du Sud où les rémunérations sont moindres !
"Il faut réorganiser le système de soins" dit Manu mais pas la moindre allusion à l'immense pléthore de lits d'hôpitaux en France, en raison de cette période des glorieuses où chaque maire voulait avoir son hôpital et où l'on créait des lits et des hôpitaux à tour de bras, même si les habitants de ces communes se refusaient complètement y aller ! "Sur l'hôpital, il y a des situations de très grand stress", a reconnu le chef de l'État. "On va mettre plus de moyens dans l'hôpital, a-t-il assuré. Mais cela ne sert à rien de mettre des moyens dans un système qui n'est pas adapté. (...) Il faut réorganiser le système de soins pour que l'investissement soit utile." Sur les hôpitaux, sur les EHPAD, "on sera au rendez-vous, vous pouvez compter sur moi". Tu parles !
Même rigolade à propos de la réforme de la SNCF :
Face à la contestation des cheminots, qui protestent contre la réforme de la SNCF, le chef de l'État est resté ferme. "Nous devons faire cette réforme", a-t-il insisté. "Nous avons besoin d'un chemin de fer fort, et la réforme va le renforcer. Cette réforme elle demande des efforts à un peu tout le monde : les prix ont augmenté ces dernières années, je ne veux pas qu'on continue à augmenter le prix des billets.". Il s'en fout du prix... comme les cheminots d'ailleurs puisque ces derniers ne payent pas le train et le problème n'est évidemment pas là. Monsieur Pernod ignorant comme un âne rouge, pour la SNCF comme pour le reste, ne sait même pas que la SNCF, comme la Poste qu'il cite, a recruté à tour de bras des contractuels pour éviter de passer sous les fourches caudines des recrutements statutaires.
Et il va falloir se retaper ça dimanche !P