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Billet de blog 12 octobre 2014

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Ségolène et les écomachins

Elle s'en souviendra notre Ségolène de la deuxième semaine du mois d'octobre 2014 ! Soupe à la grimace à tous les repas de la fin de cette maudite semaine ! Quelle que soit la chaîne sur laquelle elle était invitée, la soupe était la même. De plus en plus froide et peu à peu périmée. Écotaxe, Ecomouv, PPP, deux milliards envolés, etc…

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Elle s'en souviendra notre Ségolène de la deuxième semaine du mois d'octobre 2014 ! Soupe à la grimace à tous les repas de la fin de cette maudite semaine ! Quelle que soit la chaîne sur laquelle elle était invitée, la soupe était la même. De plus en plus froide et peu à peu périmée. Écotaxe, Ecomouv, PPP, deux milliards envolés, etc…

Pas la peine de vous faire un dessin ! Tout au plus un bref rappel des faits pour les cinq années de l’écofeuilleton !

Le principe de la taxe (taxe carbone devenue peu à peu écotaxe selon le principe de l’écomachinerie!) avait été arrêté et annoncé à grand son de trompe ; approuvé par tout le monde ou presque lors du Grenelle de l'environnement de sinistre mémoire (sinistre non pas dans son climat qui était des plus sereins et optimistes, mais dans ses suites qu'on va voir). La peau de chagrin écologique a commencé à rétrécir très vite ; l'évolution des pratiques en matière de transport décidée en 2008 en défaveur du transport routier a évolué dans une version croupion de la fiscalité écologique. Notre pauvre Ségolène, la mort dans l'âme, victime de la malice du hasard final, a dû confirmer la suspension « sine die » de l’agonisante écotaxe française ; seule chance pour elle, le latin lui a offert un cache-misère commode du renvoi de feue la taxe aux « calendes grecques », l'une et l'autre de ces deux expressions savantes étant sans doute, peu accessible à la majorité des Français.

Bref, en ce temps de misère, cette affaire va nous coûter une « paire » de milliards (comme on dit dans notre Midi) : les 800 millions d'euros qu’Ecomouv réclame à l'État français pour la rupture du contrat ; 1,2 milliard d'euros pour le manque à gagner car c’est là ce que devait rapporter cette écotaxe : 800 millions devaient revenir à l'Etat français pour financer des infrastructures routières qui n'existeront jamais ; en revanche, il nous restera pour les gérer, car on l’a déjà créée bien sûr, par prudence, « l'Agence de financement des infrastructures de transport de France » (Foutre !) , l’AFITF, qui s’ajoutera à nos centaines d’agences de la même farine, tout aussi fantomatiques ! On n’a pas d’écotaxe mais on a l’Agence pour la gérer ! On ne saurait être plus prévoyant !

Le reste du magot prévu devait aller à Ecomouv. En somme, le bon vieux principe français mis en œuvre dans les PPP (partenariats public-privé) qui sont devenus tellement à la mode : les déficits sont pour l'État et les bénéfices pour le privé.

Comptons aussi et en plus quelques centaines de millions supplémentaires pour les destructions de portiques par les bonnets rouges ou autres et le prix de tous les portiques construits et devenus inutiles avant d’avoir servi. Cela me rappelle un fameux maire réunionnais Tatave B. ; se voyant reprocher par le Conseil Général de demander la construction d’un pont sur une rivière qui n’existait pas, il répondit avec à propos et en créole (toujours mon cher zeugma !) : « Fèr dabor le pon, la rivyèr nou a voir apré ! » (= Faites d’abord le pont, la rivière on verra après ! »).

Pour ces portiques, il faudra créer une autre Agence nationale qui concevra  des concours d'artistes pour les transformer en sculptures autoroutières ou en support d’expositions d’œuvres picturales régionales.

Quoique le projet ait commencé très vite à battre de l'aile, on avait déjà largement recruté à Ecomouv (qui s’était  installé à Metz) ; plus de 400 personnes dont on se demande un peu à quoi elles sont occupées, les pauvres, depuis un an et demi ; les chiffres sont volontairement un peu vagues ; plus de 300 salariés qui n'ont pas dû beaucoup se fatiguer là-bas plus 139 fonctionnaires des douanes pour gérer une taxe qui n'a jamais existé, n’existe pas et n'existera jamais. Tous ces agents ne posent toutefois pas de problèmes psychologiques car ils ne doivent  pas avoir trop de difficultés à affronter le chômage puisqu'en fait ils n'ont jamais travaillé ! Il faudra quand même leur envoyer des équipes de psychologues dont on ne sait que faire.

Mais le plus drôle est la société Ecomouv elle-même ; on comprend très bien le principe du partenariat public-privé (PPP) quand il s'agit de faire travailler du privé français (du « made in France » comme dit l’autre !), mais Ecomouv est une société qui est contrôlée à 70 % par Autostrade per l’Italia, les sociétés françaises ne possédant que les 30 % restant du capital (11 % pour Thalès 10 % pour la SNCF 6 % pour SFR et 3 % pour STERIA).

Cerise sur le gâteau ! Certains mauvais esprits se sont étonnés des liens qui pourraient exister entre la société Autostrade (qui possède 70 % d’Ecomouv) et la société suisse Rapp Trans AG qui était le conseiller de l'État français pour le dossier de l'écotaxe. Pure coïncidence sans doute.

De toute façon, reste le bon vieux et sage principe : « Si vous voyez un banquier suisse sauter par la fenêtre, sautez derrière c’est qu'il y a de l’argent à gagner ! ».

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