Un point controversé d'histoire récente : Patrick et Nicolas,
Chère lectrice, cher lecteur, vous m'accorderez que je suis relativement peu présent à titre personnel dans ce blog, que je n'y ramène pas trop ma fraise et que je ne fais guère état des satisfactions personnelles que je pourrais avoir de temps en temps, mais qui sont trop rares pour que j'en parle et surtout m'y attarde! Eh bien je vais faire ici une exception qui comme toujours, confirmera la règle !
Lundi 10 octobre 2016, un peu avant 16 heures, j'étais en voiture et j'écoutais comme toujours une émission à la radio sans savoir exactement sur quelle chaîne ; divers indices m'inclinent à croire que c'était Europe1, sans en être sûr, et il me semble en revanche que c'était une voix féminine qui y menait les affaires.
Je ne savais pas qui était interviewé mais la journaliste ou ce qui en faisait vaguement fonction (mais les "journalistes-sic" sont si nombreux sur nos antennes que cela ne constitue en rien un indice) reprochait à l'invité son langage alambiqué et en donnait quelques exemples, extraits semble-t-il, d'un texte qu'il avait produit, un livre ai-je cru comprendre. L'invité s'est alors défendu en invoquant, non sans éloquence et pertinence, la richesse et la précision de la langue française dont il entendait mettre en oeuvre toutes les ressources, sans se limiter de façon stricte, comme tout un chacun, au français ordinaire qui les laissent largement inexploitées et inutilisées (pour "causer dans le poste", on ne doit en aucun cas user de plus de huit cents mots !)
À l'écoute de ce propos et sans savoir pourquoi, j'ai été soudain illuminé par une évidence que pourtant rien ne laissait prévoir : l'invité en cause qui tenait un tel discours était, à n'en pas douter, Patrick Buisson. Il était alors près de 16 heures ; devant le caractère totalement infondé de mon hypothèse car que rien ne permettait d'identifier l'homme, j'ai attendu la fin de l'émission pour savoir qui parlait ainsi ! Contre toute attente et Dieu seul sait pourquoi, j'avais raison ... c'était bien Patrick Buisson.
Je ne sais pas grand chose sur Patrick Buisson, si ce n'est ce qu'on en colporte partout à son propos, surtout depuis sa rupture avec Nicolas Sarkozy ; je sais seulement que c'est un homme de droite qui aime en particulier l'histoire puisqu'il dirige la chaîne de télé "Histoire" qui est la propriété de TF1 et à la tête de laquelle il a été, semble-t-il, confirmé en 2015.
Je ne l'ai par ailleurs guère entendu s'exprimer, quoiqu'il ait été sollicité à de nombreuses reprises par les médias à la suite de la publication de son récent livre sur lequel j'ai d'ailleurs écrit et publié ici même un blog, bien entendu sans avoir lu l'ouvrage. Ce détail est sans importance car je n'ai souligné dans ce billet que l'humour de l'auteur qui a eu la malice, largement passée inaperçue, de l'intituler La cause du peuple avec une référence à l'extrême-gauche et à Jean-Paul Sartre que personne n'a semble-t-il jugé bon de relever !
À écouter ces propos de Patrick Buisson sur la langue française, j'ai toutefois eu aussitôt une seconde illumination concernant non plus cette fois l'identification du personnage, mais l'origine et la cause de la place si importante qu'il a occupée auprès de Nicolas Sarkozy durant les dernières années de son mandat.
Comme dirait notre ex-président dans l'une de ses formules favorites et s'il m'est permis ici de le faire parler : « Vous ne savez pas comment Patrick Buisson a pris auprès de moi la place qui a été la sienne durant la fin de mon mandat ? Eh bien je vais vous le dire ! » (Je ne sais pas hélas reproduire par écrit ce mouvement de l'épaule droite qui est si cher, en pareil cas, à notre ex-président, mais je ne doute pas que vous voyiez à quel tic je fais allusion). « C'est parce que c'est Patrick buisson qui m'a fait connaître l'imparfait du subjonctif et m'a initié à son usage! ».
Comme la chose avait, à l'époque, étonné toute la presse, on peut même dater avec précision le moment de cette initiation puisque, sauf erreur de ma part, la première apparition d'un imparfait du subjonctif dans le discours présidentiel sarkozien date l'intervention de Colombey-les-Deux-Églises le 9 novembre 2010 ; on peut toutefois supposer que le subjonctif imparfait figurait dans le texte même de ce discours, n'était pas nécessairement de la plume présidentielle ; la seconde apparition de ce temps verbal a eu toutes les apparences de la spontanéité, lorsque, à la télévision, deux jours plus tard, Nicolas Sarkozy s'est risqué à déclarer à propos de Jean-Louis Borloo et devant la France médusée: « J'aurais préféré qu'il restât au gouvernement. ».
J'espère que les futurs historiens retiendront et prendront en compte ma découverte afin de me rendre justice sur ce point !