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Billet de blog 13 août 2018

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Fondation Vasarely : Ad usum delphini !

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Fondation Vasarely : Ad usum delphini !

Je sais bien, comme tout le monde, qu'en matière d'information, Point de vue ne constitue assurément pas la meilleure des sources. Toutefois le numéro 3655 de ce magazine (semaine du 8 au 14 août 2018) bat sans doute tous les records en la matière avec l'article, richement illustré qui va des pages 62 à  67 et s'intitule « Vasarely la paix de l'art retrouvée », s'inscrivant dans une série au titre alléchant « Les histoires de l'été MAUDIT HÉRITAGE ». Il n'y aurait pas grand-chose à dire de cet article s'il n'y figurait, page 66, une photo de Maître Yann Streiff et surtout de Charles Debbasch dont la figure et le rôle sont évoqués dans l'article en ces termes : « Cet éminent et curieux personnage toujours flanqué d'un yorkshire, ex-conseiller d'Edgar Faure et de Valéry Giscard d'Estaing, présente a priori tous les gages de crédibilité requis pour la mission [de directeur de la fondation Vasarely] » qui fut la sienne. Ces détails nous font passer du "people" au prétoire !

Prenons les choses par le début : « L'affaire de la Fondation Vasarely » 

"Doyen de la Faculté de droit d'Aix-en-Provence et président de l'Université d'Aix-Marseille III, Charles Debbasch a été choisi par l'Université d'Aix pour assumer la présidence de la Fondation Vasarely. Avec le concours du conseil d’administration, il en a assumé la responsabilité pendant dix ans". 

On se doit d'être précis dans cette affaire, comme on le verra et cette présentation n'est pas tout à fait exacte. Ce sont ses titres de Doyen de la faculté de droit d'Aix-en-Provence, puis de Président de l'Université d'Aix-Marseille 3 qui ont conféré à Charles Debbasch qui les a eus successivement, la présidence de la Fondation Vasarely.  

En effet, il n'y avait au départ, en 1969, à Aix-Marseille que deux universités, l'une, Aix-Marseille I,  qu'on pouvait définir en gros comme « de gauche » où se trouvaient les lettres et une partie des sciences (St Charles), l'autre, Aix-Marseille II, réunissant l'autre partie des sciences (St Jérôme), la médecine et le droit , qui du fait même de sa composition était regardé plutôt comme « de droite ». Cette seconde université était présidée par un médecin, H. Gastaut, ce qui constituait d'emblée aux yeux de la plupart des juristes (et en particulier de C. Debbasch !) un  véritable scandale, la présidence de cette université ne pouvant revenir qu'à un juriste ! C. Debbasch fut par ailleurs, tour  à tour, conseiller d'E. Faure (ministre de l'Éducation nationale), puis de Valéry Giscard d'Estaing (Président de la République). Chez Edgar Faure, il était chargé par hasard sans doute, de la restructuration des universités dans les académies du Sud de la France  ; il n'eut donc guère de mal à faire créer, en 1973,  par scission au sein d' Aix-Marseille II, une troisième université, Aix-Marseille III, en y ajoutant aux juristes et à une partie des économistes, les enseignants scientifiques de droite et en s'en faisant évidemment élire Président (1973-1978).

L'élection de François Mitterrand en 1981 change radicalement la donne et cause une vive surprise en raison de l'appui inattendu apporté par Jacques Chirac à l'élection de François Mitterrand ! Il se trouve que par hasard j'ai un souvenir très précis de ma rencontre durant l'été 1981 avec Charles Debbasch dans son bureau de la Fondation Vasarely où il me fait aimablement entrer avec mon épouse, alors que nous nous rendons, par hasard à la "Fête du livre" qu'Annie Terrier tient en ce lieu cette année-là, en raison d'un différend avec la municipalité aixoise. C. Debbasch nous confie alors que, de toute façon et quelque ait pu être le résultat de l'élection présidentielle, il était décidé à s'éloigner de Giscard d'Estaing.

Debbasch avait toutefois vu sa situation universitaire changer au terme de son mandat (1978), même s'il avait réussi à conserver la présidence de la Fondation Vasarely qu'il gardera jusqu'en 1992. S'il a en effet de très bonnes relations avec mon ami Louis Favoreu, rentré de la Réunion pour se faire élire à la présidence, ses relations sont des plus mauvaises avec Gérard Cas qui ne lui a pas pardonné son éviction brutale du Centre de Droit des affaires par un changement inopiné des serrures de son bureau ! Comme on le verra dans la suite, G. Cas lui gardera un chien de sa chienne et quel que soit l'amour de Ch. Debbasch pour les chiens (et en particulier son yorkshire Love auquel il a consacré un livre  Un amour de Love. Cinq ans avec mon yorkshire préféré) cet élément jouera un rôle essentiel dans l'évolution ultérieure des affaires de la Fondation Vasarely.

Son maintien à la présidence de la Fondation Vasarely tient sans doute en partie à ce que Ch. Debbasch est regardé comme un spécialiste de l'art et du droit.  Son éloignement relatif du monde universitaire  et son intérêt pour les médias le conduisent alors  à devenir Vice-Président de FR3, puis directeur général et enfin président du groupe Le Dauphiné libéré. Il est alors plus souvent à Grenoble qu'à Aix. Il crée dans les régions Rhône-Alpes et Provence douze stations de radios qui ont été ensuite intégrées aux réseaux Skyrock et Fun Radio.  

Charles Debbasch est aussi tenté par la politique, pour laquelle son caractère me semble peu fait ; lors des élections municipales de 1983, il conduit une liste à Aix-en-Provence mais obtient moins de 6% des suffrages exprimés ! Ces tribulations ont sans doute aussi des incidences sur sa vie conjugale (marié deux fois, il est père de quatre enfants, dont l'ancien recteur de l'Académie de Lyon Roland Debbasch). 

(La suite demain)

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