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Billet de blog 14 août 2018

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Fondation Vasarely : Ad usum delphini ! (suite)

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Fondation Vasarely : Ad usum delphini ! (suite)

Le numéro 3655 de Point de vue nous présente nombre de belles photographies de Victor Vasarely , de son véritable nom Gyozo Vasarhelyi , mais les faits évoqués ne sont pas très clairs ; je vous fais grâce ici des signes diacritiques de l'écriture de la langue hongroise, idiome dans lequel, comme disait une de mes collègues ( de mère hongroise), on écrit « serviette » et on prononce « drap de bain »)! V. Vasarely était né en 1906  à Pécs , ville hongroise désormais jumelée avec Aix-en-Provence. Ce chef de file « internationalement célébré de l'art cynétique » s'est en effet employé à créer à Aix-en-Provence une Fondation devenue désormais l'une des curiosités de cette ville et un élément majeur de sa toponymie. L'hebdomadaire cité en référence nous présente d'ailleurs une belle photo en date du 14 février 1976 où l'on voit côte à côte Victor Vasarely, Claude Pompidou et Jacques Chirac lors de l'inauguration du curieux bâtiment de la Fondation Vasarely.

L’histoire provençale a commencé toutefois dès la fin des années 1960. Victor Vasarely est alors au sommet de sa gloire et de sa fortune, même si lui-même n’a que faire de l’argent. Le maître de "l’op-art" veut pérenniser son oeuvre et fait plusieurs donations à des musées français et hongrois. En 1969, il restaure le château de Gordes (Vaucluse) pour y exposer ses toiles, puis construit à Aix-en-Provence le bâtiment futuriste déjà évoqué, "le centre architectonique, dédié à son oeuvre monumentale". 

Les deux musées sont intégrés dans la Fondation Vasarely, créée en 1971 et reconnue d’utilité publique. L’artiste la dote alors de 430 tableaux, 700 études et plusieurs milliers de sérigraphies.

"Décrit comme facilement influençable, V. Vasarely a une prodigalité quasi pathologique, offrant des tableaux à tour de bras, notamment à des personnalités et à des membres de sa famille. Sa belle-fille Michèle raconte qu’il a été « très généreux » avec elle. Et assure que Pierre aurait eu, en 1989 et 1990, un comportement très « limite ». Dans plusieurs courriers, son grand-père et son père lui reprochent d’avoir volé des toiles dans l’atelier de l’artiste (qu’il aurait été forcé de rendre), et de lui avoir « soutiré des oeuvres et pompé du fric ». Pierre dément et conteste l’authenticité de ces courriers, qui auraient, selon lui, été fabriqués ou dictés sous l’influence de Michèle. Il souligne que Vasarely et Yvaral louaient, dans d’autres lettres rédigées à la même époque, son travail au sein de la Fondation Vasarely". 

Victor Vasarely a eu deux fils : André, médecin de la Sécurité Sociale ; et Jean-Pierre, peintre lui aussi sous le nom d’Yvaral. Yvaral a eu un fils, Pierre, puis s’est remarié avec Michèle Taburno. Ces deux fils, ont siégé au conseil de la Fondation depuis sa création.

En 1990, Victor Vasarely perd sa femme Claire. Un traumatisme dont ce vieil homme de 84 ans, atteint d’un début d’Alzheimer, ne se remettra pas. Juste après le décès de Claire, il confie à Michele Taburno le soin de s'occuper de lui et de ses affaires. Peu après, il sera diagnostiqué comme « incapable majeur » début 1994, avant d’être placé sous tutelle. Il meurt en 1997, mais les affrontements au sujet de l'héritage ont commencé depuis la mort de Claire. Si les deux fils du plasticien ont accepté de renoncer à leur héritage au nom du bien commun, la seconde épouse Michele Taburno entre en conflit avec Charles Debbasch resté à la tête de la Fondation.

Vers 1990, depuis des années déjà, il est de notoriété publique, à Aix-en-Provence, que les divers protagonistes de l'affaire, et en particulier la famille du peintre se livre au pillage des œuvres déposées à la fondation où règne un grand désordre ; ces abus sont dénoncés (après coup) par Charles Debbasch (L'affaire Vasarely), qui lui-même est accusé par ses adversaires d'y avoir pris part, après avoir constaté qu'on pouvait s'y livrer sans grand risque vue la pagaille ambiante!

"Où sont passées les centaines d’œuvres de Victor Vasarely, un des plus grands artistes français du XXème, le maître de l’art cinétique ? Elles ont été dispersées, bradées, vendues illégalement à travers le monde. Ce pillage artistique, le plus gigantesque de notre époque, s’est déroulé dans l’indifférence générale" s'étonne, curieusement, Ch. Debbasch !

Comme dans la plupart des successions, tout le monde s'accuse du pire. On reproche à Michele Taburno d'avoir abusé de la générosité du vieillard.  « Elle avait la mainmise sur mon père », assure André Vasarely aux policiers. Un document retrouvé par les enquêteurs semble montrer que Michèle n’était pas entièrement désintéressée. Il s’agit en effet d’un mandat de 1991 signé par l’artiste, en vertu duquel Michèle assure la direction de son atelier, « contre une rémunération de 15 % du chiffre d’affaires ».

André accuse aussi  Michèle de détourner des tableaux , mais qui ne l'a pas fait ? Les fils de l’artiste et leurs épouses se déchirent, se menacent de poursuites judiciaires, puis se réconcilient. Comme le notent les policiers de l’OCRGDF, « C’est dans ce contexte ambigu de conflit larvé entre les fils de l’artiste, avec en toile de fond « un trésor exposé en proie, représenté par les oeuvres données par Victor Vasarely à la Fondation », que l’arbitrage litigieux va être engagé.

Après la mort de Claire Vasarely, épouse du peintre, les héritiers Vasarely reprennent le contrôle de la Fondation et mettent en cause Ch. Debbasch qui l'a gérée de 1981 à 1992 au nom de l'Université ; obtenant en 1993, à l'issue d'une procédure judiciaire, l'annulation du mandat d'administrateur de Charles Debbasch. Ils déposent par ailleurs des plaintes pénales contre celui-ci.

 La suite demain).

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