Comité Français du Culte Musulman : Maghreb ou Turquie ?
Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables, surtout celles d'Allah et particulièrement pour moi dont l'islam est bien loin d'être rigoureux ! Hasard ou dessein divin ? Sans que j'aille jusqu'à penser que Monsieur le Président de la République ait lu mon blog d'hier, voilà que l'Islam et l'immigration maghrébine reviennent soudain à l'ordre du jour ! Puisse Emmanuel Macron être mieux inspiré que son lointain prédécesseur Valéry Giscard d'Estaing qui, en 1975, a eu l'idée qu'il croyait géniale d'opérer le fameux et sinistre rapprochement familial dont nous mesurons chaque jour les conséquences qu'il n'avait malheureusement pas prévues … bien loin de là
Nous voilà donc à nouveau en butte aux fantasmes d’un lslam de France et à lire le JDD du 11 février 2018 et les propos d'Yves Calvi et Loïc Farge du lendemain, on constate que c'est reparti ! Les objectifs illusoires restent toujours les mêmes : une meilleure représentation, une meilleure formation des imams et un encadrement du financement. La perfection du bazar en somme !
Le Président de la République a fait savoir qu'il allait "continuer à consulter beaucoup". Le problème, le même qu'auparavant est de savoir qui consulter et pour quoi. On se prépare assurément et sans en faire mystère à nous refourguer un « Conseil français du culte musulman » "nouvelle manière", c'est-à-dire « une association régie par la loi de 1901 sous l'égide du ministère de l'Intérieur, et qui a vocation à représenter les Musulmans [la majuscule est de moi ; ça ne mange pas de pain] de France auprès des instances étatiques pour les questions relatives à la pratique religieuse ». «Le CFCM intervient dans les relations avec le pouvoir politique français, dans la construction des mosquées, dans le marché des aliments halal, dans la formation de certains imams, dans le développement de représentations musulmanes dans les prisons et dans l'armée française, dans la nomination d'aumôniers [ sic et resic sic !!!!!] dans les hôpitaux, et dans la construction de carrés réservés aux Musulmans dans les cimetières. Il essaye de coordonner les dates des fêtes religieuses (dont celles du Ramadan [la majuscule est encore de moi ]). On ne nous parle pas des aspects plus discrets et politiques du truc !
Voyons tout ça en vitesse mais d'un peu plus près : Anouar Kbibech, ex-président du CFCM figure parmi les personnes que le Président a déjà rencontrées à plusieurs reprises. Peu avant la fin de son mandat, présidentiel, le 20 juin 2017, Anouar Kbibech s'est ainsi vu remettre, en grande pompe et la larme à l’œil, les insignes de chevalier de la Légion d'honneur par Bernard Cazeneuve au nom de la puissance coloniale, naguère coupable en Algérie de « crime contre l’humanité » . Ça la fout mal non ?
Le ciel des relations franco-islamiques n'est pas tout à fait sans nuages. Alors que traditionnellement la présidence du CFCM revenait , d'une façon qu’on pourrait juger logique vu l’origine de la population musulmane de France (entre 5,5 et 11 millions selon les sources), à un Maghrébin (Dalil Boubakeur de 2003 à 2008 puis de 2013 à 2015, Anouar Kbibech de 2015 à 2017), c'est un Franco-Turc, Ahmet Ogras, qui aime à se définir comme « le Macron des Musulmans » (arrivé en France à trois ans, il a 46 ans), qui a pris le 31 juin 2017 la présidence du Conseil français du culte musulman. Ses liens avec Erdogan et l'AKP comme sa proximité avec les Frères Musulmans plus que l’inexistence de sa formation religieuse suscitent déjà quelques inquiétudes et encouragent des hypothèses.
Sans tomber dans un complotisme excessif, on neeut s'empêcher de rapprocher l’arrivée de ce Franco -Turc à la tête du CFCM et la visite officielle du Président turc Recep Tayyip Erdogan dès janvier 2018. les relations entre l'Europe (l’un des soucis majeurs de notre Président) et la Turquie ne sont pas des plus simples et rendent d’autant plus nécessaire de pouvoir jouer sur le plus grand nombre possible de tableaux. Ajoutons seulement que Recep Tayyip Erdogan a d’ailleurs mis à profit sa visite à Paris pour s'entretenir avec les dirigeants CFCM et souligner le rôle de son pays au sein de l'Islam français, ce qui est aussi dans les préoccupations actuelles de notre président. Vous voulez un dessin ?
L'orage n'a d'ailleurs pas tardé à éclater dans les relations franco musulmanes. Dalil Boubakeur n'ayant pas été invité aux voeux qu'Emmanuel Macron a présenté aux autorités religieuses (Ahmet Ogras y était... lui), la Grande Mosquée de Paris a annoncé aussitôt son retrait du CFCM. Généralement convié, le Recteur de la GMP (très liée à l'Algérie), Dalil Boubakeur (77 ans), ne l'a pas été cette fois et a fait savoir : «Il est surprenant que l'institution religieuse musulmane la plus emblématique de France, fruit d'une loi d'État pour manifester la reconnaissance de la Nation aux milliers de soldats musulmans morts pour la France durant la Première Guerre mondiale, soit ainsi marginalisée voire ostracisée". L'Elysée n'a pas eu de peine à répondre : « Nous avons invité tous les représentants des cultes via leur organisation représentative : pour les musulmans, le CFCM, dont le président était Ahmed Ogras, » a précisé la présidence. « Chaque culte pouvait désigner deux personnes en tout pour venir. ». Rideau !
Je sais, de la meilleure et la plus sûre des sources, que, pendant des années, Dalil Boubakeur, Recteur de la Grande Mosquée de Paris, contre une juste rémunération bien entendu, a garanties comme "halal" des tonnes de viande de bœuf importées d'Argentine et… destinées à l’Arabie, qui naturellement n’étaient en rien « halal ». Les émirs amateurs de « biftèques » vont donc avoir des surprises sur le chemin du paradis et les vierges qui les y attendent feraient bien d’aller s’asseoir ! Cela est bien autre chose qu'un apéro minable à l'Élysée comme vous l'imaginez et on comprend l’amertume de D. Boubakeur !
Le temps et l'occasion me manquent ici pour traiter plus complètement ce sujet qui, comme vous l'avez sans doute pressenti, est d’importance. J'y reviendrai donc une autre fois car il y a bien d'autres choses à en dire.