Meghâneries britanniques
Dois-je vous avouer, à ma grande honte, que je n'ai pasregardé hier les multiples reportages sur le mariage princier de Grande-Bretagne. Eh bien, somme toute, j'ai finalement eu tort !
Intrigué par la soudaine défection du père de la mariée qu'on expliquait par diverses hypothèses, toutes plus confuses les unes que les autres (il aurait refusé les 50 000 $ ou un peu davantage que lui offrait la presse "pipole" pour venir y exposer ses sentiments avec, à l'appui, les œuvres de quelques paparazzis qui, en douce, l'avaient pris en photo en train de se ravitailler en bières), j'ai cherché en vain des photos de cet homme sans parvenir à en trouver dans mes premières recherches.
À voir le phénotype de la belle Meghan (un long séjour sous les tropiques m'a rendu familier des formes même les plus discrètes, que peut prendre le métissage des mulâtres) et par quelques allusions à son origine familiale, je savais que l'un de ses deux parents était « de couleur », sans savoir s'il s'agissait là de son père ou de sa mère. Quoi que j'ai eu certaines difficultés à trouver une photographie de son père, la vue de sa maman a immédiatement résolu le problème. L'héritage mélano dermique de la belle Meghan vient clairement du côté de la mère dont j'ai même trouvé par hasard (j'avais renoncé à chercher tant cette démarche étant devenue inutile) une photo d'elle où elle portait des «dread locks » !
Le père étant indisponible pour la cérémonie (il venait nous a-t-on dit de subir une opération chirurgicale au cœur et ne pouvait donc de ce fait amener sa fille à l'autel, selon la coutume), il avait été envisagé, un moment, de l'y faire conduire par sa mère, dont paraît-il Meghan est très proche puisqu'elle la considère comme sa meilleure amie. Je me demande si ce n'est pas cette circonstance qui a conduit à solliciter un évêque « afro-américain » pour prononcer l'homélie de la cérémonie nuptiale! On pensait sans doute par là « mulâtriser » quelque peu, d'emblée, le mariage princier, cette prudence ecclésiastique étant devenue dans la suite inutile quand on a décidé de faire conduire la future mariée durant le trajet dans l'église par son beau-père, l'ex- Prince-de-Galles dont le caractère « caucasien » ne fait pas le moindre doute !
Cette stratégie ethnique étant pourtant devenue inutile, on en a gardé néanmoins le souci d'inviter un nombre insolite de personnages noir(e)s (féminins ou masculins, notez l'ordre et l'orthographe adopté(e)s par mes soins pour ces adjectifs ; je ne veux surtout pas cumuler, sur ma personne, les qualifications injurieuses de raciste et de machiste !).
Pour le coup et dans un but d'objectivité, je me suis imposé la revue de détail des photos du mariage dans la presse spécialisée. Les Noir(e)s y sont en nombre, avec quelques sportifs comme Serena Williams mais surtout des stars en tous genres comme Idris Elba, Oprah Winfrey et surtout Michael Bruce Curry. Vous une connaissez pas ? Originaire de Chicago, Michael Bruce Curryle est le premier "Afro-Américain" à occuper, depuis trois ans, la fonction d'évêque président de l'Église épiscopale américaine.
Il ne s'est d'ailleurs pas caché derrière son petit doigt et il a commencé son sermon sur le pouvoir de l'amour avec des mots d'un autre « Noir Américain », infiniment plus connu, ... un certain Martin Luther King : "Nous devons trouver le pouvoir de l'amour, le pouvoir rédempteur de l'amour. De cette façon, nous pourrons faire du vieux monde un monde nouveau. L'amour est le seul moyen". Son sermon a été en outre suivi du classique "Stand by me", d'un autre afro-américain Ben E. King, chanté par un chœur, une musique également inhabituelle sous les voûtes centenaires de St George. Ce chant a rencontré un grand succès dans la foule, qui l'a alors repris en chœur.
Les stars blanches ne manquaient pas non plus, avec Amal et George Clooney, David et Victoria Beckham, Elton John et Johnny Wilkinson ! Le blanc et le noir étaient toutefois représentés également parmi les absences ; la plus notable est sans doute celle de la mère du marié, Diana, dont le souvenir a été marqué par sa place restée vide à côté du Prince. La mère de la mariée, dont on avait un moment pensé qu'elle conduirait sa fille à l'autel, était évidemment présente mais les photographes de presse n'ont pas jugé bon de s'intéresser à elle et je n'en ai vu aucune photo !
Le protocole aidant ce fut sans doute le festival des « queues-de-pie » mais surtout, pour les dames, des « galurins », spécialité que nulle n'a songé à disputer à Élisabeth II ! Tout y était ! Des sculptures aériennes sur la tête de Serena Williams aux crêpes trop cuites qu'un pâtissier maladroit avait fait retomber en biais sur la tête d'Amal Clooney et de nombre d'autres beautés dûment chapeautées. Hélas, on ne verra plus ça avant longtemps !