Robert Chaudenson (avatar)

Robert Chaudenson

Abonné·e de Mediapart

1484 Billets

0 Édition

Billet de blog 21 mars 2018

Robert Chaudenson (avatar)

Robert Chaudenson

Abonné·e de Mediapart

Mayotte : Aux fous ! (N° 3) : Mamoudzou for ever !

Robert Chaudenson (avatar)

Robert Chaudenson

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mayotte : Aux fous ! (N° 3) : Mamoudzou for ever !  

Connaissez-vous Mamoudzou ? Chère lectrice et cher lecteur, si interloqué(e)s que vous soyez par une telle question,  ne soyez pas confus(e) de votre éventuelle quoique probable ignorance et, comme je vois, d'ici, vos sourcils se lever d'un air dubitatif, je vous rassure tout de suite ! N'ayez pas honte de votre ignorance car vous n’êtes pas seul(e) et n’avez pas perdu grand-chose au plan touristique et culturel à ne pas être allé(e) à Mamoudzou.  

Située en Grande-Terre, face à Petite-Terre et, en quelque sorte, entre la montagne et le littoral, Mamoudzou n’est que le modeste ville du département de Mayotte qui concentre  l’essentiel des structures de ce département « ultramarin » de l'archipel des Comores, dont  les trois autres îles ont choisi  l'indépendance, dans le referendum organisé, île par île, en 1975.

Pour éviter toute discussion ou ambigüité, rappel rapide du détail de l’histoire et de la loi :

L'archipel des Comores, colonisé par la France (Mayotte en 1841 ; Grande Comore et Mohéli en 1886 ; Anjouan en 1909) est devenu en 1958 un « territoire d'outre-mer ». En décembre 1972, le parti favorable à l'indépendance remporte les élections. Le 15 juin 1973, la France accepte de consulter la population « avant cinq ans ».

Conformément à la loi n° 74-965 du 23 novembre 1974, une consultation des populations des Comores a eu lieu le 22 décembre 1974. Elle a fait apparaître que si, dans trois îles (Grande Comores, Mohéli, Anjouan) la quasi-totalité de la population est favorable à l'indépendance ; en revanche à Mayotte, le « non » l'emporte.

La loi n° 75-560 du 3 juillet 1975 subordonne alors l'accès à l'indépendance à l’élaboration rapide d’une Constitution qui « devra être approuvée, île par île ». Elle ne s'appliquera donc qu'aux îles qui l'auront adoptée. Le 6 juillet 1975, la Chambre des députés des Comores proclame l'indépendance. La République des Comores est admise à l'ONU le 12 novembre 1975. Seule Mayotte, à deux reprises, a choisi de rester française, non pas suite à des manœuvres sournoises de la France, comme l’a sottement prétendu la gauche française (VGE est alors Président !), totalement ignorante de l’histoire et des réalités de l’archipel comme de tant d’autres choses d'ailleurs, ni par amour de notre beau pays.

On a ainsi voté à Mayotte essentiellement par opposition aux trois autres territoires comoriens et par haine ancestrale des « sultans » de  Moroni (arabes et non Bantous comme les Comoriens) qui, des siècles durant, auraient tenu Mayotte sous leurs bottes, s’ils en avait porté (ce qui n’est pas dans les habitudes locales), mais aussi par particularisme, car Mayotte est marquée, d’abord par le passage de la capitale des Comores de Dzaoudzi (Mayotte) à Moroni (Grande Comore) et, plus anciennement, historiquement et culturellement, par les origines malgaches de Mayotte qui se signalent en particulier dans la langue.

Le point le plus fort pour le vote en faveur de la France a toutefois été l’attirance, aussi forte que raisonnable, pour les allocations familiales, le RMI, l’AMG et quelques autres avantages subséquents. La France a donc dû faire avec ce résultat du referendum qu’elle était, en fait, bien loin de souhaiter !

Dzaoudzi est certes désormais le chef-lieu du département de Mayotte mais le siège du Conseil départemental et la Préfecture sont à Mamoudzou qui compte environ 60.000 habitants, soit le quart de la population totale de Mayotte. À la suite du référendum local de 2009, Mayotte est devenue département et Région d’outre-mer (DROM) à assemblée délibérante unique : le Conseil départemental exerce également les compétences d’un conseil régional en 201110.

En 2014, Mayotte a changé également de statut au niveau européen, devenant une région ultrapériphérique, et fait depuis partie de l’Union européenne ; comme on peut le pressentir, cette population croît très rapidement, tant par l’immigration, clandestine bien sûr (mais les Comoriens sont des familiers de la mer et ne sont pas arrêtés, vu la force des tentations mahoraises, par quelques heures de « ngalawa ») que par une démographie galopante ! La principale attraction de Mamoudzou est donc en fait … sa maternité qui, comme on l’a vu, avec ses sept salles d’accouchement, détient le record de France (voire d’Europe !), tous départements confondus, pour le nombre des naissances !

Il convient toutefois ici de rappeler ici avec précision les termes exacts, souvent méconnus et faussés, de la loi sur notre « droit du sol » (mise à jour : mars 2016)  :

« Est français l’enfant, né en France lorsque l’un de ses parents au moins y est lui-même né.

La simple naissance en France ne vaut attribution de la nationalité française que pour l’enfant né de parents inconnus ou apatrides, ou de parents étrangers qui ne lui transmettent pas leur nationalité.

L’enfant né en France avant le 1er janvier 1994, d’un parent né sur un ancien territoire français d’outre-mer avant son accession à l’indépendance, est français de plein droit.

Il en est de même de l’enfant né en France après le 1er janvier 1963, d’un parent né en Algérie avant le 3 juillet 1962. Si un seul des parents est né en France, l’enfant peut, sous certaines conditions, répudier la nationalité française.

NB : l’attribution de la nationalité française est régie par le texte en vigueur avant que l’intéressé n’atteigne sa majorité. En effet, les lois nouvelles s’appliquent aux personnes encore mineures à la date de leur entrée en vigueur. ».

Qu’on se le dise ! La suite demain .

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.