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Billet de blog 21 juin 2018

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ONGs et migrants

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ONGs et migrants

Je vais essayer, pour une fois, de traiter le sujet qui m'a amené à ouvrir ce blog, au lieu de me perdre dans des excursus qui parfois sont plus intéressants que le sujet que j'avais envisagé. 

À propos des migrants africains, je ne ferais ici qu'une seule remarque liminaire qui tient à ce que, depuis une bonne quarantaine d'années hélas, j'ai une certaine expérience du Sud et de l'Afrique subsaharienne en particulier. Nul ne semble prendre en compte dans cette affaire la diffusion, somme toute récente de la télévision, qui fait que, depuis deux décennies au moins, on diffuse sur l'ensemble de l'Afrique (y compris dans les zones rurales) des feuilletons télévisés en particulier (les Africains sont friands de "telenovelas") qui donnent toujours du Nord une représentation embellie qui ne peut que fasciner les populations misérables du Sud; alors que bien entendu, comme le chantait Aznavour, la misère est tout de même "plus supportable au soleil.... ".

Mais mon propos n'est pas là et ne tient qu'au récent débat qu'a suscité l'arrivée, à Valence pour finir, des migrants recueillis à bord de l'Aquarius par l'ONG SOS-Méditerranée. Cette ONG a été créée en réaction à l'arrêt de l'opération Mare Nostrum, opération militaro-humanitaire lancée suite à un naufrage le 3 octobre 2013 à Lampedusa. Des  membres de la société civile européenne créent alors "SOS Méditerranée "afin de mettre en œuvre une solution de secours pour les réfugiés perdus en mer. Les fondateurs de cette ONG sont Klaus Vogel, capitaine de marine marchande allemand, et Sophie Beau, une Française responsable de programmes sociaux et humanitaires.

J'avais entendu, par hasard, dans les « Grandes Gueules »  me semble-t-il, un intervenant avancer l'idée d'une complicité entre les "passeurs" nord-africains et les O.N.G. européennes qui se donnaient pour vocation de porter secours aux migrants. Un peu étonné de cette hypothèse, je me suis renseigné de mon mieux, ce qui m'a conduit en particulier, à lire dans Mediapart ,l'article « Le « Juventa», emblème de la criminalisation des ONG en Méditerranée », publié le 20 avril 2018 par Joseph Confavreux et le "Collectif Forensic Architecture".  

Bref préalable : La saisie, par les autorités italiennes, du bateau d’une ONG portant secours aux migrants est devenue l’emblème d’une campagne de criminalisation de celles et ceux qui tentent de sauver des vies en Méditerranée. "Le collectif Forensic Architecture démonte, à l’aide d’outils inédits, les failles et les biais de cette accusation à la veille d’une décision de la Cour suprême italienne". Je ne reproduirai pas ici d'extraits de ce texte puisqu'il est très facile de s'y référer ; je me bornerai à en citer les premiers paragraphes pour vous éviter d'inutiles recherches et parce que y est dit tout ce qui m'importe dans cette affaire :

« Le 2 août 2017, le bateau Iuventa, affrété par l’ONG allemande Jugend Rettet (« sauver la jeunesse »), engagée dans des opérations de recherche et de sauvetage des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe, est saisi à proximité de l’île de Lampedusa. L’ONG est accusée de collusion avec les trafiquants qui font passer les migrants des côtes libyennes aux rivages italiens et d’aide à « l’immigration illégale ».  

Alerté sur l’affaire, le collectif Forensic Architecture a enquêté avec les outils impressionnants qu’il développe depuis quelques années. « Forensic Architecture » est à la fois le nom d’une nouvelle discipline située entre journalisme d’investigation et défense des droits humains, et celui d’une agence d’architecture de combat basée à Londres. Celle-ci regroupe des architectes, des cartographes, des ingénieurs, des juristes ou des réalisateurs, et développe des moyens inédits d’investigation sur les crimes et mensonges d’État, qu’elle met au service des ONG ou de l’ONU. 

Elle a, ici, collecté images, données et métadonnées pour démonter l’accusation et démontrer la manière dont la saisie du bateau de 33 mètres, susceptible d’accueillir à son bord plus de 200 personnes, s’inscrit dans une campagne plus large de délégitimation et de criminalisation des ONG s’efforçant de sauver celles et ceux qui tentent de rejoindre l’Europe par la Méditerranée. Forensic Architecture est ainsi parvenu à une reconstitution 3D de ce qui s’est vraiment passé au large des côtes libyennes, qu’elle publie aujourd’hui en même temps que Mediapart pour la France, Internazionale en Italie et The Intercept, le magazine lancé par Glenn Greenwald, Laura Poitras et Jeremy Scahill. ». Fin de citation.

(La suite demain.

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