
«Fides punica » (« La (mauvaise) foi punique ») ; c’est par cette expression que les Romains (y compris certains de leurs historiens) se plaisaient à qualifier « la mauvaise foi » génétique des Carthaginois (en latin Poeni) qu'ils opposaient volontiers à la fides populi romani, ce vice étant, à les en croire hérité, de leurs lointains ancêtres phéniciens. Si cette mauvaise foi était déjà dans les gènes des Carthaginois, pourquoi ne serait-elle pas passée ceux des Tunisiens et, de ce fait, dans ceux d’un Cyril Hanouna, certes né en France mais dans une famille de juifs tunisiens immigrés depuis peu ?
N'allez pas me dire que vous ne voyez pas où je veux en venir, car, depuis deux jour, il n'est bruit que l'incident qui a opposé Joey Starr à Cyrille Hanouna, ce dernier ayant envoyé l’un de ses « chroniqueurs », un certain Gilles Verdez, faire une visite surprise (toutefois filmée, notons-le au passage) à J. Starr, dans sa loge de juré de « La Nouvelle Star », sous le fallacieux prétexte de lui apporter une pizza qu’il aurait commandée. Le chroniqueur en question (en ce qui me concerne un illustre inconnu) avait pris soin de s’affubler d'une perruque blonde, mais en revanche, ne connaissait pas suffisamment les mœurs de Joey Starr, qui joue volontiers les rouleurs de mécanique et les gros bras ; il s'est donc hasardé à se montrer exagérément familier avec lui, le traitant comme un giton du « Petit Journal », le prenant par les épaules et prétendant même (ce qui n’est guère dans les pratiques des livreurs de pizzas) lui faire un « bisou ».
Légitimement agacé par une telle insistance et sans doute préoccupé par ses débuts dans une nouvelle émission, Joey Starr a fini par repousser ces tentatives d’un geste qui pouvait s'apparenter à une gifle pour quiconque ne sait pas exactement ce qu’est une vraie gifle. Si l’on a vu les faits, on ne peut que s’amuser de lire dans Closer « Lors d'un happening de TPMP dans les coulisses de la Nouvelle Star, JoeyStarr a violemment claqué Gilles Verdez ».
Le seul problème est que Gilles Verdez été malencontreusement écorché à l'arcade sourcilière droite par une bague de Monsieur Starr dont la virilité ostentatoire s'accommode néanmoins de pareils ornements. Ce fut assurément, d’une certaine façon, la chance de la soirée car elle a permis au chroniqueur en question de réapparaitre dans l'émission d’Hanouna, « en duplex » ce qui trahit la préméditation, avec sur l'arcade sourcilière droite un sparadrap du plus heureux effet et tout à fait propre à susciter la compassion.
Vous imaginez bien que je dois ces détails à la consultation de Gala et de Closer mais surtout au fait que j'ai regardé (un peu par hasard car je délaisse cette émission ce qui est sans doute à l’origine de la ruine de Canal +) le zapping du Grand Journal qui a fait ses choux gras de cet épisode inattendu du PAF qu'il convenait surtout de ne pas louper !
Toute cette histoire est évidemment parfaitement ridicule, mais le pire de tout est moins dans le « buzz » qu'elle a suscité et les commentaires dont elle a fait l'objet le lendemain dans toute la presse française que dans le fait que, pour reprendre une formule latine puisque j'ai commencé dans cette langue, « Fecit cui prodest » (le coupable est celui à qui profite le crime, comme nous disons moins sobrement que les Romains). Il n’a pas fallu moins que la port de Prince pou nous débarrasser de ce sparadrap pire que celui du Capitaine Haddock !
Le point essentiel (« Hic jacet lepus », « c'est là que se tient le lièvre ») est que les deux émissions concernées par cette affaire (« La nouvelle star » et « Touche pas à mon poste » ) sont toutes les deux des émissions de D8 et que la première ayant quelques difficultés au démarrage, il était tentant et jugé habile d'en faire assurer la promotion et le buzz par une autre de la même chaîne « Touche pas mon poste », qui marche bien et qui marcherait encore mieux de ce fait
Après avoir revu la scène de la prétendue gifle, facilement accessibles sur Internet, on ne peut qu'être mort de rire quand on voit les commentaires qu'elle a suscités, le chroniqueur de questions ayant été nous dit-on « secoué » par cette tapette. Le Parisien qui a contacté Gilbert Besse par téléphone tandis qu'il rentrait chez lui en taxi (imprudent qu'il est il aurait dû prendre une ambulance), nous fait de la pseudo calotte un récit dramatique : « Blessé à l’arcade sourcilière, le chroniqueur encore un peu sonné a déclaré souffrir d’un mal de tête et « être en phase avec les demandes d’excuses de Cyril Hanouna ».
Le clou du spectacle en effet a été, non le visage ensanglanté du chroniqueur (que nous n'avons hélas pas pu voir ! Que font les maquilleuses ?) , mais le numéro de Cyrille Hanouna qui nous a démontré des talents d'acteur qui lui promettent une carrière plus brillante encore dans ce domaine que dans celui de producteur de télévision.
Cyrille ne nous a rien épargné de la variété comme de l’étendue de son jeu dramatique, allant de la colère la plus violente à la rage la plus froide, écrasant même une larme sur les souffrances de son chroniqueur qu'il appelait « son chéri », son « bébé » voire son « frérot » peinant même à retenir retenir ses larmes à cette seule pensée. Faute d’excuses publiques (et filmées) de la part de J. Starr, il ira jusqu’au bout ; ses menaces vont jusqu'à la décision annoncée d'empêcher l'autre émission de se dérouler ou le choix de supprimer lui-même la sienne (son contrat lui rapporte 50 millions par an !), quelques puissent être les conséquences d’une révolte si parfaitement justifiées et dont il se dit prêt à assumer toutes les conséquences.
Le zapping a vaguement évoqué les prétendues excuses de Starr qui ignore apparemment le sens de cette expression ; il s’est borné, bien au contraire et comme on pouvait aisément le prévoir, à jouer la vertu offensée et à évoquer le « Respect », si cher à tous nos loubards des quartiers ! Là aussi le personnage était soigné et Starr s’était composé une figure pittoresque et symbolique à la fois ; le grotesque personnage qu'il incarnait avait sur la tête le « bob » sale et informe qu'il affectionne désormais et qui doit en fait lui servir à masquer un début de calvitie qui risquerait de lui donner un air intellectuel !
Fort heureusement on ne saurait tout prévoir ! La mort soudaine de Prince a ruiné toute cette belle opération promotionnelle si soigneusement et si ingénieusement conçue et mise en œuvre. D8 et Cyril Hanouna ont soudain disparu des « radars » comme de la scène médiatique et tous les regards se sont portés unanimement et sans la moindre exception vers Minneapolis et la probable overdose princière ! Tout ça pour ça ! Les voies du Seigneur sont décidément impénétrables et toute la fides punica ne saurait les modifier !