Mosco
Pierre Moscovici, plus familièrement dit « Mosco », même si son discours actuel des plus macroniens (les Européennes approchent), a pourtant incontestablement de la branche à gauche. Né dans une famille juive d'intellectuels de gauche, son papa est Serge Moscovici (1925-2014) qui milita au Parti communiste roumain avant de fuir son pays en 1947 pour se réfugier en France. Sa maman, d'origine polonaise elle, est la psychanalyste Marie Bromberg (1932-2015) qui, proche du Parti communiste français, fut une des signataires du Manifeste des 121. Quoi de plus naturel, dès lors, que de retrouver le jeune Pierre Moscovici sympathisant avec la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) d'Alain Krivine, ... comme quelques autres !
S'il fut autrefois très proche de l'extrême gauche, « Mosco » est resté proche de la jeunesse… ! Lorsqu'il s'est séparé il y a quelques années d'une très jeune vieille liaison (une philosophe de trente ans sa cadette !) ce fut pour épouser une jeunesse qui n'avait que 22 ans de moins que lui ! Toutefois, il se rapprochait par là du pouvoir, passant de la philosophie à l'inspection des finances, puisqu'il l'avait sans doute rencontrée quand elle était sa « conseillère » au sein de son cabinet au ministère de l'Économie et des Finances.
Mais laissons tout cela car le Mosco nouveau est arrivé, de toute évidence en vue d'un rôle à jouer dans les futurs élections européennes et printanières où une tête de liste ne serait pas pour lui déplaire. Le voilà donc très occupé (plus qu'à Bruxelles en tout cas), condamné par là à courir de France Inter à France Infos où il était ce matin à 8h30.
Vu les circonstances c'est, de sa part, la distribution générale de fleurs et de compliments à laquelle nul n'échappe, notre vénéré Président de la République moins que tout autre!
Les épines sont de répartition plus discrète, et surtout hors des médias. Car Mosco est en colère, mais pour des raisons qui ne sont pas celles qu'on pourrait croire. Sa cible favorite est le ministre de l'intérieur italien, Matteo Salvini, mais non pas pour son attitude à l'égard des pauvres migrants auxquels il interdit l'accès aux ports italiens, mais parce que « L’Italie a été le seul pays autorisé à dévier de ses cibles budgétaires pour financer ses investissements d’infrastructures, et très significativement », comme Pierre Moscovici la confié hier au Canard Enchaîné (22/08/2018).
Pour tous les autres les éloges ne sont pas ménagés et même les Allemands (de Merkel au ministre des finances qui passent pourtant pour peu aimables pour notre Président) en sont généreusement couverts ! Comprenons bien ! Les exigences budgétaires que l'Europe nous impose, en toute légalité d'ailleurs et que nous ne pouvons jamais satisfaire, l'UE les maintient pour notre bien et pour empêcher que ne croissent encore notre déficit et notre dette qui sont déjà très au-delà du raisonnable. Notre Mosco a fort heureusement oublié à France Infos ses récriminations jalouses à propos de l'Italie «le seul pays autorisé à dévier de ses cibles budgétaires »… comme confiait au Canard enchaîné je ne sais déjà plus qui !
Je partage largement l'analyse donnée dans Le Monde (05.02.2018) sous l'excellent titre Requiem pour une gauche défunte, par Alain Beuve-Méry (Bon sang ne saurait mentir !) à propos de l'essai de P. Moscovici Dans ce clair-obscur surgissent les monstres (2018).
« Gouverner c'est prévoir ». On ne l'a fait pas à Mosco ! Il sait mieux que quiconque que son mandat de commissaire européen s'achève en novembre 2019 ! Ne lui a pas non plus échappé l'incroyable succès du livre de François Hollande ; troisième réimpression de Les leçons du pouvoir mais c'est de Hollande ou de Mouchard dit Joffrin ? . "François Hollande se dit lui-même surpris par cette foule qui attend parfois jusqu'à minuit pour avoir une dédicace", constate Danielle Sportiello qui ajoute "Le livre, ça raconte la tragédie du pouvoir, la trahison. La relation Hollande-Macron, c'est roman français [ sic ]".
Pierre Moscovici entend-il avec son dernier livre faire revivre aux Français la fin d'un Parti socialiste dont il s'est manifestement détourné, même s'il prétend en conserver l'idéal.
Lisons donc A. Beuve Méry : « Il [ Mosco] se livre à un examen de conscience des choix politiques qu’il a faits, des combats qu’il a menés, des hommes qu’il a suivis ou regardés : Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande et Emmanuel Macron. [ ...]
Il célèbre l'avènement d’un nouveau « moment européen » [dont il se verrait bien l'homme !]. « Dans ces conditions, l’Union européenne demeure [ la] planche de salut et l’actuel commissaire explique comment la réforme de la transparence financière qu’il a menée au sein de la commission Juncker rendrait aujourd’hui impossible la défense pratiquée alors par Jérôme Cahuzac [ le drame de sa vie de ministre ], grâce à la mise en place de l’échange automatique d’informations. Il montre aussi comment l’actuelle Commission œuvre à bas bruit pour l’avènement d’un nouveau « moment européen », auquel Emmanuel Macron et Angela Merkel, soutenus par le SPD, pourront donner l’élan politique. C’est d’après lui le seul moyen de faire reculer l ».
Wait and see !