Le feuilleton Tariq Ramadan continue...
Le feuilleton Tariq Ramadan continue mais comme tous les feuilletons, il s'étiole car des points incertains restent en suspens et les aspects essentiels ne sont pas réellement envisagés.
Je ne sais trop pourquoi je pense ici au drame du passage à niveau de Millas où sont morts six des écoliers du bus scolaire qui les transportait et où l'on a malencontreusement égarée la barrière du passage à niveau qu'on prétend enfoncé par le bus scolaire et qui a disparue aussitôt après le sinistre, alors que le principe que connaissent tous les feuilletons américains est qu'on ne doit rigoureusement rien toucher sur les lieux d'un crime. C'est un peu la même chose dans le feuilleton Ramadan puisque l'unique alibi du prévenu est une réservation de place d'avion à une heure telle qu'il ne pouvait commettre le viol dont l'accuse la seconde des plaignantes (je dis la seconde car je ne prends en compte que celles que concerne l'affaire en cause). Diverses sources semblent indiquer que Monsieur Ramadan n'a pas pris cet avion qui arrivait à Lyon en début de soirée et qu'il est revenu par Madrid à une heure telle qu'il était à Lyon dès le début de l'après-midi et que des amis sont venus le chercher en voiture à l'aéroport. Rien de plus simple de ce fait que de vérifier cet alibi puisque la liste des passagers d'un avion est toujours établie avec le plus grand soin et la plus rigoureuse exactitude.
Les lenteurs de notre justice étant traditionnelles au point de nous faire fréquemment condamner pour cette raison, mieux vaut, pour le moment, s'en tenir à quelques remarques lexicologiques, certes moins directement pertinentes mais assurément plus solides.
Le nom de Monsieur Ramadan lui-même peut inspirer à cet égard quelques commentaires (je laisse de côté le prénom Tariq car l'étymologie des prénoms relève toujours de la plus haute fantaisie, dans la mesure où elle dépend souvent de marabouts soucieux de ménager ou de flatter leur clientèle à venir).
J'aurai recours comme toujours à mon cher Trésor de la langue française informatisé :
"RAMADAN, subst. masc. A. Neuvième mois de l'année lunaire pendant lequel les croyants doivent s'abstenir de manger, de boire, de fumer, de se parfumer et d'avoir des relations sexuelles entre le lever et le coucher du soleil. Jeûne, feux du ramadan. Comme je me penchais vers elle pour l'embrasser elle éloigna sa tête avec vivacité. Je fus stupéfait et je demandai: « Eh bien, qu'y a-t-il? C'est ramadan », dit-elle (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Allouma, 1889, p. 1320).[...]
C. Vx, pop. [P. réf. au comportement souvent bruyant des musulmans après le coucher du soleil pendant cette période] Manifestation bruyante et déplacée. Synon. ramdam, tapage. C'est un ramadan de tous les diables (GIONO, Gds chemins, 1951, p. 70).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1762-1878: ramazan ou -dan (id. ds LITTRÉ, ROB. 1985 ramazan ,,forme pakistanaise du mot``, Lar. Lang. fr.); Ac. 1935.
[...]
Mais peut -être comme moi -même n'avez vous pas rapproché "ramadan" de "ramdam" !
RAMDAM, subst. masc. A. Manifestation bruyante et déplacée; grand bruit, vacarme. Synon. barouf, boucan, chambard, potin, raffut. Faire du ramdam. [L'aubergiste :] Suivez-moi. Faites pas de ramdam. Il pionce pas encore (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 224). Vous faites pourtant un de ces ramdams, dit le flicard (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 139). C. Arg., vx. Aller au ramdam, faire ramdam. Faire l'amour. Les nègres me dégoûtent; ils veulent tout de suite faire ramdam (Saint-Nazaire, fin 1918 ds ESNAULT,
Étymol. et Hist. [1890 faire du ramdam « faire du tapage » (d'apr. ESN. Poilu: faire du ramdam, usuel dès -90 au moins, témoignage d'un Nantais)] 1914 (PARAUD ds ESN. Poilu: ils devaient en faire un ramdam!). Empr., avec altér. de la cons. finale, sans doute par assim. à distance, à l'ar. maghrébin , corresp. à l'ar. class. « ramadan »; le sens du mot en fr. vient du fait que l'aspect le plus caractéristique du ramadan, aux yeux de nombreux non-musulmans, soit l'intense et bruyante activité nocturne qui suit les journées de jeûne durant ce mois. Bbg. FLUTRE (L. F.). De qq. termes usités aux 17e et 18e s. sur les côtes de l'Afrique occ. Mél. Wartburg (W. von) 1958, p. 233.
Pour ne pas m'exposer à de nos nouveaux reproches, je ne mentionnerai pas, à propos de Tariq Ramadan, le sens argotique de « faire ramdam. Faire l'amour » ; en revanche, la référence ultime à mon vieux maître Louis-Ferdinand Flutre me conduira à souligner que pour Tariq Ramadan, l'art de "faire du ramdam" peut rapporter gros, puisque la souscription lancée par ses amis et admirateurs a déjà rapporté 100 000 € ce qui devrait permettre de subvenir, pour quelque temps du moins, aux dépenses de sa femme et de ses quatre enfants !