Plan Santé : Numerus clausus, PACES et personnels de santé
Le numerus clausus dans l'admission aux études de santé françaises résulte d'une loi de 1971 conduisant à fixer directement par arrêté ministériel le nombre d'étudiants pouvant être admis en deuxième année de médecine, d'odontologie, de pharmacie de kiné et sages-femmes (PACES) . De ce fait, il ne s'agit plus de passer un examen mais de réussir un concours pour accéder à un nombre restreint de places à pourvoir : l'étudiant ne se « bat » plus seulement contre lui-même, mais aussi contre les autres pour satisfaire sa réussite.
Comme pour les "grandes" écoles à accès sur concours, le numerus clausus est critiqué parce qu’il conduirait à créer un esprit de corps, un sentiment de caste. Les étudiants en filières fermées décèderaient ainsi davantage de dépression, d’alcoolisme et de tabagisme que les étudiants en filières ouvertes ! Ces éléments sont difficiles à caractériser et sont démentis en bloc par les facultés de médecine, qui soutiennent que, d’une part initialement et logiquement le nombre de médecins devait correspondre au nombre de patients amenés à les solliciter , et que d’autre part limiter l’accès permet d'augmenter la proportion de budget par étudiant.
Le numerus clausus est contesté par les étudiants qui ne peuvent pas passer en deuxième année et estiment avoir perdu une ou plusieurs années à préparer en vain les examens de médecine. Des critiques semblables atteignent les filières sportives (Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS).
Le numerus clausus est très largement contourné par des étudiants français qui peuvent se rendre pour ces études en Belgique, en Bulgarie, en Espagne, au Portugal ou en Roumanie. En effet, s’ils sont diplômés dans l’Espace économique européen, ils peuvent exercer librement en France. Ces étudiants critiquent bien entendu le fait de devoir s’expatrier le temps des études, à un coût parfois élevé.
Les étudiants diplômés en France critiquent le fait qu’ils sont limités dans leurs choix de spécialité lors des épreuves de classement, alors qu’un étudiant expatrié serait davantage libre de choisir sa spécialité. Des médecins africains francophones (Algériens, Tchadiens, etc.) ne voient pas leur diplôme reconnu parce qu’ils ne sont pas européens alors que leur formation et leurs compétences sont louées par leurs collègues français.
Comment en est-on arrivé à manquer à ce point de médecins en France ? Pourquoi a-t-on empêché des dizaines de milliers d’étudiants capables et motivés de faire des études de médecine, au point de devoir "importer" massivement des médecins étrangers pour lutter contre la désertification médicale. Comment peut-on voir, à Tours par exemple pour citer un cas précis , des masses d'étudiants collés l'année précédente en PACES, venir, en amphis, empêcher par leurs chahuts les cours de PACES destinés aux étudiants de l'année suivante !
Pire encore ! Des sociétés telles qu’Antenor se spécialisent dans " l’impatriation de médecins étrangers" [ sic ] Ces sociétés identifient puis contactent des médecins, les conseillent dans leur projet de carrière médicale en France. Pour cela elles complètent des bases de données privées recensant tous les diplômés par tous moyens (conseils de l’Ordre, organigrammes de structures sanitaires, réseaux sociaux et professionnels, etc.), puis les contactent téléphoniquement, pour renseigner [ sic ] leurs souhaits, préciser leur qualification, citer des personnes prêtes à les recommander, à les coopter ou à les accueillir dans un service hospitalier. Si des pays riches comme la Belgique sont peu visés, les diplômés au Portugal, en Espagne, en Bulgarie et en Roumanie sont systématiquement contactés.
Le numerus clausus crée des pénuries lorsqu’il n’est pas assez élevé, par exemple dans les services hospitaliers de gériatrie. De plus la concurrence entraîne des épreuves "classantes" et une hiérarchie des spécialités, et des rémunérations. Par exemple la médecine du travail (santé publique) est souvent pourvue par des médecins étrangers moins bien rémunérés que leurs collègues français, à travail et diplômes équivalents.
Comment en est-on arrivé à manquer à ce point de médecins en France ? Pourquoi a-t-on empêché des dizaines de milliers d’étudiants capables et motivés de faire des études de médecine, au point de devoir "importer" massivement des médecins étrangers pour lutter contre la désertification médicale ? Un document répond à toutes ces questions et je le suivrai ici largement tout en vous conseillant de le consulter. Ce texte est paru sous le titre " L’origine de la pénurie des médecins en France. Petite histoire du numerus clausus et de la régulation de la démographie médicale" ; http atoute.org 21/12/2013. Son auteur, Dominique Dupagne, est un médecin généraliste et blogueur français. Il exerce à Paris depuis 1988 et gère le site médical Atoute.org qu'il a créé en 2000. "Il y défend une médecine 2.0 où les patients, mieux informés grâce à Internet, participent à l'évolution de la médecine. Il prend position sur de nombreux sujets de santé publique et dénonce notamment les conflits d'intérêts en médecine et le lobbying des laboratoires pharmaceutiques".
Citons aussi : Le Guludec Dominique, Julienne Katian, Rapport d’analyse prospective 2018, Haute Autorité de Santé août 2018. .Bouet Patrick, Santé : Explosion programmée - Éditions de l’Observatoire.
(La suite demain)