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Billet de blog 30 septembre 2018

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Plan Santé : Numerus clausus, PACES et personnels de santé (suite 4 et fin)

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Plan Santé : Numerus clausus, PACES et personnels de santé (suite 4 et fin)

Le "Plan Santé" présenté sous le titre « Stratégie de transformation du système de santé », élaboré, dit-on, en concertation » [ souligné par moi ]  avec les syndicats et associations d'étudiants en médecine comme de médecins libéraux et hospitaliers, semble avoir été approuvé dans ses grandes lignes, même si demeurent de multiples et sérieuses inquiétudes sur les modalités d’application de ces réformes, leur calendrier, et les capacités réelles d’adaptation des universités comme de l’ensemble des acteurs impliqués. 

« Avec l’annonce de la suppression de la PACES  et du numerus clausus, l’ANEMF, l’Association nationale des étudiants en médecine de France, salue la fin d’un système déshumanisé au profit d’un procédé valorisant la diversité des profils » déclare ainsi Clara Bonnavion, Présidente de ANEMF, qui voit  là de "bonnes nouvelles". Ce sentiment est aussi celui de  Pierre Adrien Girard, en charge du dossier PACES à l’ANEMF : « Le gouvernement a souhaité en finir avec ce système de sélection qui est complètement absurde. ».

De nouveaux modèles seront proposés. La phase de concertation qui commence va se fonder sur des expérimentations menées à Angers (Pluri-PASS) comme sur celles qui commencent dans trois facultés parisiennes (PACES « adaptée » ou sans redoublement). Le but est d’améliorer cette première année, pour la rendre cohérente et diversifier la formation des étudiants en médecine et en santé en général. » Les concertations vont donc se poursuivre, l’entrée en vigueur de cette réforme étant attendue, comme on l'a vu,  pour la rentrée 2020. Le Président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), Robin Tocqueville-Perrier, plus précis dans sa satisfaction, se félicite d’« un signal fort envoyé pour remettre de l’humain au cœur du système, et pour sortir de l’absurdité du "par cœur" ».

Des inquiétudes se manifestent toutefois, moins sur l'esprit de la réforme que sur les caractères et surtout les modalités et les conditions de sa mise en oeuvre : inquiétude aussi sur les futures modalités de sélection comme d’évaluation.  Le plan n'est guère explicite sur ce qui attend les étudiants des premières années post-réforme. « C’est pourquoi nous resterons vigilants concernant toute proposition de sélection dissimulée », indique le Dr Sayaka Oguchi, Présidente du Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNIMG). Par ailleurs, l’ordre des annonces concernant les réformes des 3ème, puis 1er, puis 2ème cycles, laisse le SNJMG perplexe. « Plutôt que de réformer les études dans un ordre logique, le gouvernement assume de s’y prendre totalement à l’envers".

Plus nombreuses et fortes sont les Inquiétudes sur les capacités d’accueil des universités. Les responsables de ces organismes sont bien placés pour estimer la faisabilité des réformes annoncées, compte tenu notamment des efforts d’accueil supplémentaires qui seront nécessairement demandés aux facultés de santé… « Le SNJMG craint que les facultés de médecine n’aient ni les moyens ni la volonté de prendre en charge les promotions de premières années sur tout un cursus », note le Dr Oguchi. « Nous veillerons à ce que le système mis en place respecte les capacités de formation, déjà saturées dans bon nombre de facultés » avertit Clara Bonnavion.

La création d’une nouvelle fonction d’"assistant médical" - financée en partie par l’Etat- est en revanche saluée par tous. Elle vise à redonner davantage de temps médical aux médecins, en les libérant d’autres tâches, sur le modèle de l’assistant dentaire. Toutefois, seuls les cabinets de groupe en bénéficieront. « Ramener le médecin à sa plus-value médicale va dans la bonne direction », souligne le Dr Jean-Baptiste Bonnet, président de l’ISNI (Intersyndicale nationale des internes). Installer le patient, prendre sa tension, son poids, etc… sont des tâches qui peuvent être effectuées par ces assistants médicaux. Cela permettra d'augmenter le nombre de consultations. 

"Le nouveau statut unique de PH satisfait l’ensemble des représentants. « Nous demandions ce statut unique depuis un moment, car il y a trop de statuts différents actuellement, ce qui constitue des freins administratifs pour les médecins souhaitant avoir des exercices variés (exercice partagé entre plusieurs établissements, en ville et en campagne, à l’hôpital et en clinique privée), explique le Dr Bonnet. En revanche, l’ISNI souhaite une réforme plus avancée. « Nous demandons un statut social unique, ce qui serait encore plus positif, car pour l’instant ce statut unique reste cantonné à des points très précis, dont notamment le calcul de l’ancienneté, la retraite, et les autorisations d’exercice », précise le président de l’ISNI. Par ailleurs, l’annonce de la multiplication des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé) va dans la bonne direction. « Nous souhaitons renforcer le travail médical en réseau, à partir des besoins de la population, ce qui nécessite une territorialisation renforcée », indique le Dr Bonnet, qui souhaite que ces CPTS intègrent hospitalisation publique et privée."

Je pourrais conclure cette série de blogs sur le "Plan Santé" de notre Président de la Eépublique en rappelant ce que disait Napoléon de "l'art de la guerre" qu'il définissait comme « simple et tout d'exécution ».

Il en est de même pour ce "Plan" qui pèche sans doute toutefois plus encore dans la mesure où il est loin d'être sûr que l'intendance suive et par le choix même, pour désigner ce projet de réforme, de ce terme "plan" qui ne me dit rien qui vaille, même quand il n'est pas tiré sur la comète.

Ce mot "plan" me fait en effet penser à l'onomatopée « rantanplan », choisie pour le nom du chien de la bande dessinée Lucky Luke où il est « le symbole de l'idiot ». On peut assurément trouver des références un peu plus glorieuses, à commencer par celle que fournit Maupassant dans Boule de suif où ce nom est donné à une infirmière militaire : « C’était sa spécialité, à elle, de soigner les militaires ; elle avait été en Crimée, en Italie ? en Autriche, et, racontant ses campagnes, elle se révéla tout à coup une de ces religieuses à tambours et à trompettes qui semblent faites pour suivre les camps ramasser des blessés dans les remous des batailles, et, mieux qu’un chef, dompter d’un mot les grands soudards indisciplinés ; une vraie bonne sœur Ran-tan-plan dont la figure ravagée, crevée de trous sans nombre, paraissait une image des dévastations de la guerre. ». 

L'étymologie même du mot « plan » peut également être une source d'inspiration ; contre toute attente, elle se révèle incertaine à en croire nos plus éminents lexicographes :

« Pour laisser quelqu'un en plan, ne suffit-il pas d'un quelconque bulldozer capable de bien l'aplatir ? Ce pourrait être vrai si notre 'plan' était lié au verbe 'aplanir', ce qui n'est pas le cas, pas plus que l'attente évoquée dans la signification n'a de lien avec le camping. 

Si le verbe 'planter', au sens de "laisser sur place, abandonner", date du XVe siècle, c'est l'expression du XVIIe "planter là quelqu'un pour (à) reverdir" qui nous explique tout, d'autant plus que "laisser en plan" s'écrivait d'abord "laisser en plant", graphie dont le "-t " final est confirmé par la forme verbale "planter là". ».

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