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Billet de blog 31 juillet 2014

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Israël. Témoignage du terrain

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Commentaire fort intéressant, informé et actuel,  de Marc sur le point de la citoyenneté et de la nationalité en Israël au moment où on parle (enfin) des chrétiens de la zone ; je rappelle le texte que j’avais, innocemment, reproduit dans mon blog du 28 juillet 2014 :

« Pour ce qui concerne Israël même, je me contenterai de citer une note fort intéressante d'un article dont je recommande par ailleurs la lecture, toujours dans le Orient XXI info,  à la fin de l'article de Pierre Prier déjà cité : « Palestiniens chrétiens contre Palestiniens musulmans » :

«  Israël est la seule démocratie qui opère une distinction entre citoyenneté et nationalité : tous les titulaires de la citoyenneté (ezrahut) ont, en principe, des droits égaux, mais seuls certains, les Juifs, forment la nationalité (le’um). En 1970, Shimon Agranat, président de la Cour suprême, a confirmé que l’on ne pouvait pas parler de “nationalité israélienne”, parce qu’il n’existait pas de nation israélienne séparée de la nation juive et qu’Israël n’était même pas l’État de ses citoyens juifs, mais celui des juifs du monde.  », in Alain Gresh, «  Juifs et pas israéliens  », blog Nouvelles d’Orient, 4 octobre 2013. »

« Désolé, mon cher Usbek, mais vos informations sont partiellement obsolètes !

[ Cher Marc ; grâce à vous ce défaut va être corrigé ! ]

L'avis du président de la Cour Suprême valait ce qu'il valait mais n'ayant qu'une base idéologique ...
 La confusion en Israël entre citoyenneté et nationalité a longtemps été un héritage de l'empire russe où le passeport interne comportait ces deux notions. Depuis quelques années (j'ai la flemme de chercher la date exacte) la notion de nationalité a disparu, suite à une loi de la Knesset. Si je prends mon passeport israélien, je trouve à la première page mes informations personnelles et ma citoyenneté, laquelle est donnée en anglais à gauche et en hébreu à droite en tant qu'ISRAELI ...

La proposition de Yariv Levin serait donc une régression grave si jamais elle passait ... d'autant qu'argumenter que les chrétiens ne sont pas "arabes" alors que les musulmans le seraient relève d'une rare stupidité. Mais le parti de Bennet nous a habitué à beaucoup plus grave ! ». Marc

Pour la clarté de la suite du texte de Marc, je reproduis le passage de mon blog du 28 juillet auquel il fait allusion dans la suite de son texte :  

« Les Arabes israéliens chrétiens ne sont pas des Arabes. Telle est l’opinion du député Yariv Levin. Membre du parti d’extrême droite Israel Beteynu, allié au Likoud de Benyamin Nétanyahou et dirigé par le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman, Levin est l’auteur d’une loi votée le 24 février dernier par le parlement. Pour la première fois, ce texte établit une distinction religieuse entre les citoyens palestiniens d’Israël, ceux que l’on appelle communément les Arabes israéliens ou les Palestiniens d’Israël. Une loi en apparence anodine. Il s’agit seulement de porter de cinq à dix le nombre de sièges d’une commission de lutte contre la discrimination au travail. L’un des nouveaux sièges est réservé à un musulman, et un autre à un chrétien.

Mais d’après le député lui-même, cette loi n’est qu’un ballon d’essai. Levin compte proposer d’autres textes distinguant les chrétiens des musulmans, dans le but avoué de créer une sorte de citoyenneté chrétienne1. «  C’est un instant historique qui pourrait rééquilibrer l’État d’Israël et nous rapprocher des chrétiens, que je tiens à ne pas appeler Arabes, car ils ne sont pas Arabes  », a-t-il déclaré au site web du quotidien israélien Maariv, avant le vote du parlement. Selon lui, «  Les chrétiens sont nos alliés naturels. Ils servent de contrepoids aux musulmans, qui veulent détruire l’État de l’intérieur. Les chrétiens sont aussi préoccupés par l’islam extrême, qui les exclut  ». RC/Usbek

Suite du commentaire de Marc (30 juillet 2014 )

« J'ai deux anecdotes sur les chrétiens :

 en visite aux grottes de Rosh hanikra (en dessous du point de passage de l'ONU à la frontière libanaise), mes potes et moi avons vu une cinquantaines de jeunes femmes habillées du manteau tombant aux chevilles et voilées, encadrées par quelques moustachus pas sympas. La discussion fut difficile, ces jeunes femmes ne parlant pas un mot d'hébreu et seulement quelques bribes d'anglais. Un peu surpris, nous avons demandé d'où elles venaient et ... elles nous ont dit venir de Lod (Lydda), ville arabe au centre d'Israël ... Ce qui fut un choc de découvrir des étudiantes arabes israéliennes complètement coupées de l'environnement israélien.

Quelques jours après, séjour à l'auberge de jeunesse à la Mer Morte (je conseille !! 40$ la chambre privative avec télé et climatisation !!). De notre balcon, nous voyons débouler 4 cars emplis de jeunes lesquels prirent possession de l'AJ et entamèrent une méga teuf à base de rock, de chansons israéliennes et de musique arabe. Les filles habillées de débardeurs très échancrés et des strings réglementaires très apparents. Après investigation du qui était quoi, il s'est avéré que ces jeunes étaient des arabes chrétiens en voyage de fin d'année scolaire. Aussi excités que leurs équivalents juifs, aussi bordéliques ; nous n'avons réussi à dormir que fenêtre fermée et clim. à fond ... Le petit dej. en commun fut rapide, ils avaient raflé tout ce qui était comestible !!



Ces deux anecdotes démontrent assez bien les différences d'intégration et de vie au sein de la société israélienne entre arabes musulmans et arabes chrétiens, les premiers enfermés dans leurs villes et villages et les seconds ouverts et partageant un mode de vie de plus en plus occidentalisé. On trouve d'ailleurs le même phénomène d'ouverture chez les bédouins du Nord d'Israël.



Cela dit, cela tranche avec l'attitude du clergé chrétien et arménien (toutes tendances confondues), plus que réservée envers Israël, autant pour des problèmes de possession de domaines (droit coutumier contre droit formel) que par regret de leur situation d'avant 67, époque où le clergé faisait ce qu'il voulait. L'attitude du Vatican en Israël (deux pas en avant et un pas en arrière) n'arrange rien, ses représentants locaux se considérant en terre de mission. J'avais constaté avec surprise, et consternation, que l'énorme complexe de Notre-Dame de France à Jérusalem abritait les bureaux de Veritas ...

Vouloir s'attirer les grâces des chrétiens arabes va dans le bon sens, mais il y a d'autres moyens que de dresser les minorités les unes contre les autres. ». Marc , 30 juillet 2014.

Dont acte ! Et mille mercis !

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