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Billet de blog 31 juillet 2018

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L'affaire Ben Macron. Le "Troisième homme" ... de Vienne à  l'Elysée

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L'affaire Ben Macron. Le "Troisième homme" ... de Vienne à  l'Elysée

Que Carol Reed et Orson Welles me pardonnent l'incongruité du titre de ce blog ! Quant à vous, cher(e)s lecteur(e)s, préparez-vous à affronter bien pire ! L'étrangeté de la situation que nous vivons avec l'affaire Ben Macron ou Emmanuel Ben Alla (Allahu akbar (اللهُ أَكْبَر), « Dieu est [le] plus grand » certes  mais il sommeille parfois comme en ce moment semble-t-il) me semble imposer un effort sur le plan terminologique et plus particulièrement néologique.

La Commission d'enquête sénatoriale (la seule qui ait survécu à la tourmente, celle des députés ayant explosé en plein vol) qui réunit, pour des dépositions « sous la foi du serment », un aréopage de présidents, de directeurs voire de hauts fonctionnaires et même de ministres, ne nous conduit qu'à entendre des aveux répétés à l'infini d'ignorances, d'omissions et d'oublis, le tout dans une insupportable "langue de bois" que ne fait même pas varier la multiplicité des essences  politiques ! Toutefois et j'y reviendrai, alors que tout le monde évoque et veut interroger Alexandre Benalla et Vincent Crase, les deux protagonistes de la Place de la Contrescarpe, nul ne se préoccupe du "Troisième Homme", le policier « référent », Philippe Mizerski, le "Major de la police", qui était pourtant le "cornac" officiel d'Alexandre Benalla et qui a dû faire rapport sur cette mission ! 

Notre langue française ne disposant pas d'un terme "propre" (je n'ai en rien recherché cet  opportun oxymore       adjectival), il m'est apparu que je devais m'employer à produire un néologisme; assez précis et sémantiquement plein, pour rendre compte des discours de nos politiques dans ces Commissions comme dans leurs interviews. 

Pardonnez-moi donc d'avance ma cuistrerie (indispensable ici) et attachez vos ceintures lexicales. Il m'a paru, en effet, indispensable de faire entrer dans la composition du néologisme visé notre si joli mot « glossolalie » (du grec γλῶσσα « langue » et λαλέω « parler ») qui désigne le fait de parler dans une langue étrangère, ou en tout cas inconnue ou dans un idiome incompréhensible. Pour les Chrétiens, la glossolalie  (« parler en langues » ) est un phénomène décrit dans les Actes des Apôtres (II, 6 sq.).

Toutefois, si « glossolalie » rend assez bien compte du caractère fumeux voire incompréhensible de nos discours politiques produits dans de telles circonstances, on doit y ajouter aussi le caractère de « langue de bois » qui se marque toujours dans de tels propos ; la moindre des questions qui pourrait paraître contenir un élément de critique est toujours précédé d'un discours convenu exaltant l'éminence des mérites comme des qualités de la personnalité à laquelle s'adresse la question ou du groupe qu'elle est censée représentée. C'est cet aspect particulier qui me conduit à faire précéder « glossolalie » du terme « xylon » (du grec  ξύλον "bois") pour aboutir au néologisme proposé « xyloglossolalie » dans lequel l'élément final « - lalie » me semble, quoique à tort au strict point de vue étymologique, souligner le caractère de vaine verbosité de ces discours dont on nous régale à foison, ce matin encore!

Même si l'on ne peut guère, en général, prêter attention à ses propos, Alexandre Benalla ( quels que soient par ailleurs ses véritables noms et rôles de multiples hypothèses étant fournies à ces propos, nous reviendrons sur ce point ), est devenu une vedette des médias. A.Benalla s'est ainsi confié ), au Journal du dimanche , après sa pseudo interview sur TF1  ; il s'agissait en fait non d'un vrai dialogue in presentia, mais d'une vidéo, réalisée au terme de prises de vues multiples sans doute, le héros  y étant rasé de la veille, poudré à frimas et pourvu de lunettes intellectuelles.

Les premières lignes de son texte méritent l'attention :  " "Vous avez déjà vu ça, vous ?", demande-t-il également aux journalistes de l' hebdomadaire. " Aujourd' hui, on me juge sur un acte, sans me connaître", déplore-t-il également. " Ceux avec qui j' ai travaillé, eux, savent qui je suis et d' où je viens". Et d'ajouter : " J' ai grandi avec ma mère, mon petit frère et ma petite sœur dans 15 m ² à la Madelaine [ sic ], une ZUP d'Évreux (Eure). La fenêtre donnait sur la maison d' arrêt, on s' habillait au secours populaire". C' est Cosette (et non Claudine) à l' école ! 

En réalité, sauf à l'écouter lui-même, et son témoignage est loin d'être sûr en général, on ne sait pas grand-chose de son enfance et de sa scolarité. Alexandre Benalla naît le 8 septembre 1991 à Évreux. Il passe en effet son enfance dans la ZUP de la Madeleine, quartier périphérique dit « sensible ». Sa famille serait originaire du Maroc.

Sa scolarité n'a rien de très glorieux ; Il aurait d’ailleurs changé plusieurs fois d’établissements scolaires. « Au collège Foch de L’Aigle dans l’Orne entre 2001 et 2005, il acquiert une réputation de bagarreur violent », a indiqué au Parisien un ancien élève. Il mentionne, quant à lui, qu'il effectué ses études secondaires au lycée Augustin-Fresnel à Bernay (Eure), où il était interne. Va savoir ! 

En 2009, il s'inscrit en licence de droit à l'université de Rouen et y termine sa licence en 2013. Cette même année (2013-2014), il s'inscrit dans un master en administration, spécialité « sécurité publique » à l'Ecole de droit de Clermont-Ferrand, mais ne valide que le master 1 ce qui empêche de faire reconnaître, faute de master 2, le diplôme national (La Montagne (23/07/18). 

Ce parcours universitaire, d'ailleurs inachevé, est un peu étrange, comme nombre d'autres éléments et de détails de sa biographie. Durant ses études universitaires; A.B. "travaille" déjà  dans la « sécurité ». Comme l’écrit Frédéric Giudicelli, Alexandre Benalla a pris sa carte au PS et rejoint le service d’ordre du PS en 2010. Il entre ainsi, en 2011, alors qu'en principe, il est toujours  étudiant en licence à Rouen, dans les services de protection de Martine Aubry, alors candidate à la primaire socialiste . 

La primaire socialiste commence : A.B., qui n’a jamais milité pour un courant ou un autre, va s’occuper de Martine Aubry, principalement en tant que chauffeur. « C’était une crème, serviable et dévoué», se souvient un ex-collaborateur. « Il était effectivement sympa, mais il n’était pas clair. On l’avait éloigné à la fin », tempère un deuxième.

Pendant la présidentielle, Benalla, toujours étudiant à Rouen, devient "référent" de F. Hollande en 2012. François Hollande entrant à l’Elysée, les socialistes cherchent alors des collaborateurs pour tous les postes. Benalla est recruté par l’équipe Montebourg comme chauffeur personnel du ministre. « Pour Alexandre, c’était beaucoup trop tôt, il a vrillé», analyse Plumer a posteriori. Le Monde raconte ainsi qu'A.B. ayant provoqué un accident, essaie de prendre la fuite : il est alors viré par Montebourg. C'est à ce moment-là, qu'il reprend ses études à Clermont-Ferrand sans toutefois les achever. Tout est encore passablement compliqué et à certains égards étrange. 

En 2015, il suit une formation d’une semaine à l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice (IHESJ). Selon des  lettres d’information confidentielles, A. Benalla a aussi travaillé pour le groupe Velours, spécialisé dans la sécurité privée et créé par d’anciens policiers. On le retrouve ainsi  à Casablanca, représentant ce groupe Velours au Maroc. Il y travaillerait jusqu’en 2017 (!!!!), date de la dissolution de l’activité de Velours au Maghreb. Il a aussi fondé en 2016 une mystérieuse Fédération française de sécurité avec Vincent Crase (pas de traces de leurs noms dans les documents de la FFSP puis de l'ANAPS !)  Les mystères continuent !

(La suite demain).

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