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Billet de blog 31 décembre 2017

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De Paris à Millas (n°3)

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De Paris à Millas (n°3)

En dépit de l'incident très récent que je signalais hier en "dernière minute",  dans mon blog "de Paris à Millas" (n°2), je ne reprendrai pas ici à mon compte le propos très vif d' Irma Afnani (qui précise à son propre sujet « Sociologue, militante, ZADiste ») car je ne possède aucune des qualités mentionnées !J 

Je cite néanmoins, avant de poursuivre ma propre réflexion, un passage de son article que j'ai déjà évoqué : « La terrible collision entre un TER et un bus scolaire nous rappelle combien les voies ferrées sont couvertes de sang. En moyenne, on compte six cents morts par an (selon une source interne à la SNCF) sur les chemins de fer français (exception faite des déraillements). L'enjeu morbide est de faire le tri entre les suicidés et les morts accidentels. Quant à la divergence des témoignages (notamment la conductrice du bus et le conducteur du train), on ne sait trop quoi penser...". À vrai dire, on le sait même de moins en moins... 

En cette période de réflexion multiples et divergentes sur la langue française, il faut toutefois reconnaître un mérite inattendu à la SNCF qui consiste dans l'introduction, dans notre lexique français, d'un néologisme pour désigner une innovation technique : « déshuntage ». Soyez attentifs car le phénomène est semble-t-il aussi nouveau que courant et par la même dangereux. Le « deshuntage » est en effet un phénomène mal expliqué mais fréquent et redoutable, par lequel le train « quitte les radars » pendant quelques temps, sans que le conducteur du train en soit informé et sans qu'il sache si  les barrières de passage à niveau reçoivent ou non la consigne de s'abaisser et y obéissent. 

L'an dernier, une émission d'« Envoyé Spécial »  suggérait déjà que la SNCF faisait preuve de légèreté quant à la sécurité. L'émission était consacrée dans une large mesure au déraillement de Brétigny (2013). Une partie de l'émission abordait aussi le problème des barrières de passage à niveau qui ne s'abaissent pas parfois . La faute aux deshuntages qui touchent une partie des machines du parc locomoteur de la SNCF ( il s'agirait semble-t-il, des machines de type X73 500 achetées au Canada chez Bombardier). J’avais cru comprendre, d’après la presse spécialisée qu’Élise Lucet devait donner un nouveau reportage sur le SNCF mais je n'en ai pas trouvé trace ! Censure ?   

Interrogé sur le déshuntage, Alain Vidalies, alors secrétaire d'État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche au sein du gouvernement Valls II, avait répondu :  « Le déshuntage, il est lié soit à des conditions atmosphériques sur des circulations qui sont faibles (notamment en automne, on a constaté ça), soit effectivement sur un type de matériel, mais pas que… : aujourd'hui, le déshuntage en France, ce n'est pas que le 73500 [type de train], c'est aussi d'autres trains parfois nans certaines circonstances."  Diable ce n'est pas très rassurant !

Quelques secteurs du réseau SNCF seraient toutefois plus concernés que d'autres. En théorie, il existe une façon d'éviter les conséquences dramatiques des déshuntages  aux passages à niveau : l'installation d'une "pédale" mécanique en amont du passage afin que le passage du train implique mécaniquement l'abaissement des barrières. Sauf panne ou blocage du système bien entendu !

A propos de la sécurisation du réseau, Alain Vidalies est pour le moins aussi vague : « Tous les passages à niveau vont être sécurisés puisqu'on met en place 387 pédales mécaniques qui vont être installées dans le courant de l'année 2017. [...]. Je ne peux pas vous dire que tout sera fini en 2017 parce que je ne sais pas exactement quel est le marché mais c'est une priorité pour nous que de mettre ces pédales mécaniques. ». 

Selon certains spécialistes, ces X 73500 seraient des engins " mauvais shunteurs ", du fait de leur nombre réduit d'essieux (quatre) et de leur relative légèreté. Pour remédier à ce problème, ils sont équipés d'une boucle inductive censée faciliter le shuntage. Malgré cela, ils ont été l'objet de multiples déshuntages.

Le passage à niveau de la tragédie de Millas était-il, oui ou non, équipé de ces pédales ? Des  « pédales » pour pallier les défaillances des radars et éviter les « déshuntages » ! On croit rêver ! Fort heureusement, le changement de gouvernement a épargné à Monsieur Vidalies la déllcate charge de prendre la parole aux obsèques  des enfants tués au passage à niveau de Millas !

(La suite demain)

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