Pour faire un film sur la dépression de sa mère, Faustine Cros la filme.
Mais surtout, elle revisite en les discutant par le montage, les films de sa famille que son père, lui-même réalisateur, a constamment tournés.
Les images du présent s'entrechoquent et s'entrecroisent avec celles du temps passé : images de bonheur, images de vacances, de maternité, de jeux, de vie quotidienne...
En présentant sa caméra à sa fille, le père lui dit : « Y a pas de différence entre le cinéma et la vie pour moi ».
Et cette phrase est prononcée sous le regard fixe de Valérie, la mère qui se tient près de lui.
Toute la question de ce film est, nous semble-t-il, de discuter cette affirmation paternelle.
Que disent les images ?
Que ne disent-elles pas ?
Que révèlent-elles à partir d’un point de vue renouvelé sur elles ?
Que maquillent-elles ?
De quelle réalité ambivalente témoigne une image quand nous comprenons que la condition de la mère, dans une société où la maternité est assumée exclusivement par la femme, est de voir croitre la différence entre sa vie et la vie, croitre la différence aussi entre elle-même et les images qu’on fait d'elle pour devoir, au bout du compte, vivre sa vie comme si c'était celle d'une autre ?
Sous ses allures de film sage, conçu comme la chronique d’une bonne famille, cette œuvre est délicatement cruelle et angoissante…
Et nous, qui nous dit que nous vivons notre vie ?
Philippe et Robert, membres d'ADCHA
Rendez-Vous des Döckeur·se·s - Vendredi 8 mars à 21 h 30