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Billet de blog 20 mars 2013

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"Le Qatar est en train de nous endormir"

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Trois questions à Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient :

Peut-on tout acheter à coups de milliards, est-ce bien moral ?

Antoine Sfeir : Pour acheter, il faut un vendeur. Et si ce dernier se laisse tenter, il n'y a plus de limites. Il faut à un moment donné qu'on se réveille et qu'on agisse comme des citoyens. Il ne faut pas oublier que le Qatar a aidé les djihadistes en Libye, les frères musulmans en Égypte et Tunisie. Il s'est servi d'eux comme tremplin vers la victoire aux élections. À partir de ce moment, ils ne sont plus nos alliés, contrairement à ce qu'ils peuvent dire.

- Peut-on aller jusqu'à parler de pillage culturel ?
A.S. : Pillage intellectuel, culturel, industriel, oui. Cela pose un problème moral, éthique, de souveraineté. Aujourd'hui, nous sommes tous fascinés par le Qatar. Grâce à leur politique de communication, ils sont en train de nous endormir à coups de milliards en nous disant qu'ils sont les plus francophiles des États du Golfe, alors que personne ne parle français là-bas. C'est une stratégie pour exister. Le Qatar, c'est quoi ? 100.000 nationaux qui n'ont jamais travaillé de leur vie et font travailler les autres pour eux. Ils veulent se poser en rivaux des Saoudiens. C'est la grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf. Je sais que mon discours n'est pas politiquement correct mais ils essayent de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. Ils sont en train de dévoiler leurs relations internationales. Al-Jazeera par exemple, n'est qu'une vitrine pour les islamistes.
- Que faut-il faire alors pour enrayer cette spirale ?
A.S. : Il faut qu'il y ait un engagement politique, industriel et citoyen. On laisse filer un Cézanne à l'étranger, c'est regrettable ! Même nous, citoyens, ne sommes plus mobilisés. Alors oui, il y a un vrai danger. Celui, notamment, de les voir verser 50 millions dans les banlieues françaises sans passer par un organisme gouvernemental. Ils vont donc vraisemblablement donner de l'argent à des associations islamistes. Et nous, on les laisse faire, juste parce que c'est le Qatar.

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