La tradition linguistique aussi bien que la logique ont retenu deux concepts très utiles pour distinguer ce qui dans un propos est manifestement dit de ce qui est simplement suggéré. La dénotation recouvre en quelque sorte le sens commun, littéralement ce qui est communément admis au sujet de ce dont on parle, généralement consigné dans les dictionnaires. La connotation regroupe tous les autres éléments qui sont simultanément présents à l'esprit comme une sorte de surcharge sur ce qui est dénoté. Ce sont des "sens en plus" qui peuvent surgir hors du contrôle des locuteurs ou bien au contraire être recherchés par lui pour dire ce qu'il ne peut pas dire mais qu'il veut néanmoins communiquer. Ils n'appartiennent pas par essence au sens commun car ils sont fortement dépendants de la forme de l'expression et du contexte de l'énonciation. Ils seront donc l'objet au moins d'un débat serein (par exemple dans un brain-storming de publicitaires) au plus d'une violente polémique (par exemple dans le champ politique où ils servent en général à déqualifier l'adversaire. Deux dénotations dans l'actualité
Ainsi "la tronche pas catholique de M. Fabius"* dénote la tête de la personne qui a impressionné la couche sensible du dispositif technique à l'origine de la photo ci-dessous, ni plus ni moins :
Pareillement, "l'équipe réserve du PSG" **dénote l'équipe qui a posé pour faire la photo ci-dessous :
(tronche, équipe réserve)2- plongement de l'interprète dans un champ où va pouvoir s'opérer la déqualification recherchée pour une niche courtisée par le discours (ce qui n'est pas catholique, le PSG et ses nombreux joueurs noirs)Je reconnais avoir moi-même utilisé ce procédé dans mon titre en retenant "connote" qui dans le contexte peut suggérer à ma cible le terme "déconne" grâce à un sème commun que je n'ai pas besoin d'énoncer…On retiendra aussi les deux sortes de polémiques possibles :1- le déni de connotation (c'est Frêche avec son dictionnaire sous le bras)2- sur la connotation elle-même (dénier ou soutenir l'antisémitisme du propos). Ce sont les précédents (comme les dérapages antérieurs de Frêche) qui font pencher dans un sens ou dans l'autre.*propos tenus par Georges Frêche à l'égard de Laurent Fabius**appartenance attribuée à un candidat PS d'origine malienne par Francis Delattre ancien député UMP, maire de Franconville