L'île de Saint Martin n'est pas un paradis fiscal, enfin pas vraiment. Elle est sur la liste grise. En principe elle n'est donc pas en odeur de sainteté. Une pierre dans le jardin de son saint patron. Un accroc dans sa légende qui nous apprend, entre autres que, se trouvant près d' Amiens, pendant le rude hiver 337, il rencontra un mendiant, nu et tremblant de froid. Comme il avait donné à d'autres pauvres tout l'argent qu'il possédait, il coupa son manteau et en remit la moitié au mendiant. Et s'il ne donna pas l'autre moitié, n'allez pas croire qu'il pensait un tout petit peu à lui, ce qui serait la moindre des choses, non, c'est tout simplement que l'autre moitié restait propriété de l'armée romaine*.

Le saint patron du dumping social
Il y avait du Saint Martin dans les arguments des partisans du Oui à la constitution européenne. Ils avaient déjà salué en son temps le don d'une partie du manteau tissé par les fondateurs de l'Europe à L'Espagne, au Portugal et à l'Irlande dans l'espoir de les transformer en clients solvables. Ces pays s'en sont félicités ; par la suite, devenus forts, ils se sont trouvés en capacité d'arracher des lambeaux de plus en plus grands de la partie restante. En bons chrétiens, ils ont trouvé des nouveaux pauvres à l'Est et ils ont voulu les inviter au banquet, comme convives cela va de soi. Cependant il apparait qu' il ne restait plus grand chose à leur offrir. Alors on a fait en sorte de transférer chez eux suffisamment d'emplois industriels afin qu'ils fabriquent un nouveau manteau eux-mêmes et à bas prix. Aujourd'hui, ils nous le revendent, ruinant nos fabricants. C'est un juste retour des choses dira-t-on mais le résultat de cette demi-mesure (la cession de la moitié du manteau…) ce sera que tout le monde risque de finir à moitié nu !
Les bonnes âmes seront satisfaites et probablement convaincues d'avoir gagné le ciel. Quant aux organisateurs de la charité, ceux qui savent si bien partager le manteau des autres, ils sont déjà en vacances, sur leur superbe yatch défiscalisé, ancré dans la baie… de Saint Martin …
* En effet, chaque légionnaire romain touchait un “paquetage” représentant 50% de son habillement, l'autre partie restant à sa charge, et donc seule la moitié de son manteau lui appartenait.