Plus les capitalistes et leurs soutiens sont poussés dans leurs derniers retranchements et plus ils ne décrivent la réalité politique, économique et sociale de leur système qu’en usant d’antiphrases. C’est-à-dire qu’ils emploient des mots flatteurs, ronflants, agréables à entendre pour couvrir leurs horreurs. Ainsi, toutes les contreréformes mises en œuvre par les gouvernements successifs, pour réduire les droits sociaux des travailleurs, par exemple, sont présentées sous un jour très favorable. Plus que ses prédécesseurs, Macron est passé maître dans cette façon de faire. C'est le roi des antiphrases.
Dernier exemple en date, de cette pratique mensongère, la réponse de Macron et de ses soutiens au soulèvement des jeunes, après l’assassinat d’un des leurs par un policier, à Nanterre.
Après avoir exhorté tout l’échiquier politique à appeler les jeunes au calme, ils sont maintenant pressés de rétablir ce qu’ils appellent l’ordre républicain. Or, leur ordre républicain n’est que l’ordre injuste.
En France, le mot république est nécessairement associé aux mots de notre devise : Liberté, Égalité, Fraternité.
En guise de liberté, la conception qu’en ont Macron et toutes les droites, c’est celle du renard libre dans le poulailler libre. Leur conception de l’égalité, c’est de laisser grandir les inégalités sociales de manière exponentielle. Leur conception de la fraternité, c’est d’être très fraternels avec les riches aigrefins qui pratiquent l’optimisation et/ou l’évasion et/ou la fraude fiscale, via les niches et/ou les paradis fiscaux. C’est-à-dire, au total, l’exact contraire de ce que dit notre devise.
Et c’est là que le travestissement des mots par les capitalistes et leurs soutiens produit ses effets les plus délétères sur les habitants de la France en général, sur les plus pauvres en particulier.
Pour bien de ces derniers, l’idée de l’ordre républicain est associée à leurs propres échecs scolaires, sociaux, professionnels, personnels. Ils ont donc la tentation de ne pas respecter celles et ceux qui, à leurs yeux, le représentent, ses symboles, ses institutions, ses bâtiments. La confusion est d’autant plus grande chez eux que, de l’autre côté de l’échiquier politique, celles et ceux qui dénoncent les situations d’injustices et d’inégalités qui leur sont faites demandent eux aussi le rétablissement de l’ordre républicain, mais sans en travestir le contenu. Ils proposent ainsi de revenir à une application juste et pleine des termes de notre devise nationale.
Le malheur, c’est que, placés en situation d’échecs scolaires par le système scolaire, peu ou pas cultivés, donc totalement dépolitisés, bien de ces jeunes, victimes de ces inégalités et de ces injustices, entendent de toutes parts, à droite comme à gauche, des appels au respect des institutions républicaines. Ils ne savent pas suffisamment distinguer entre ceux qui leur mentent et qui sont responsables de leur situation, et ceux qui comprennent leur détresse et leur font des propositions concrètes pour, enfin, leur offrir un vrai avenir, en accord avec l’esprit de notre devise nationale, seule garante de l’ordre républicain, de l’ordre juste.