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Billet de blog 12 mai 2010

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DENISE L.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Elle s'appelait Denise L. Je ne la connaissais pas, elle ne s'était jamais manifestée. Elle avait 78 ans. Elle était sous tutelle. Elle n'avait pas d'enfant, pas de mari. Juste un neveu, qui n'est pas venu à l'enterrement. D'ailleurs, il n'y avait personne qui la connaissait, à son enterrement. Même sa tutrice n'est pas venue (on se demande à quoi ça sert un tuteur). Si, une demi-heure avant la cérémonie au cimetière, la directrice de sa maison de retraite est venue se recueillir un moment. Mais lors de l'inhumation proprement dite, il n'y avait que les porteurs, le terrassier, le maître de cérémonie des Pompes Funèbres, et moi-même, le pasteur. Ce n'est pas la première fois que je vis cela. Cette femme avait passé soixante-dix huit années à vivre et elle n'avait personne pour l'accompagner, pour rendre à la poussière ce qui n'est que poussière. Du coup, nous, les étrangers à tout ce qu'elle a été ou essayé d'être, nous avons été très attentifs à la remettre délicatement à l'intérieur du sol de la région parisienne dont la surface est peuplée de beaucoup de gens qui s'agitent. Ce n'était pas spécialement triste. Il y avait du vent, des paroles. Aucun jugement. Aucune biographie. Je ne sais pas si cela avait un sens spécial. Je pense néanmoins que nous étions tous là, les étrangers, à trouver un sens à notre présence. Toujours est-il que je n'oublierai jamais cette Denise L, qui n'a rien laissé derrière elle, ni personne.

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