La formule "les deux corps du roi" a été abondamment utilisée, non seulement pour comprendre les comportements et les pratiques régaliennes mais aussi pour appréhender les conduites des hommes de pouvoir dans tous les lieux de pouvoir, institutions ou entreprises. D'une part la personne du roi est considérée comme une instance du concept de Royauté (il donne "chair" à l'institution) ; la Royauté (ou le pouvoir) demeure, la personne qui l'incarne change au gré des successions, des élections ou de l'actionnariat. D'autre part le Roi est un homme comme un autre avec ses caractéristiques individuelles propres. La cohabitation dans une même enveloppe de ces deux "corps" peut se révéler problématique : les attentes envers le premier sont pérennes et le second peut s'en éloigner considérablement. Le passage "en rupture" de Chirac à Sarkozy notamment l'a bien montré. Mais s'il y trois corps, c'est encore pire ... C'est à mon sens le cas exceptionnel de DSK ... .
Un corps "mondial"
Directeur général du FMI confère un pouvoir planétaire - certes encadré- mais qui donne rang de chef d'Etat. Il constitue donc un "corps" au même titre que le "corps du roi" évoqué ci-dessus.
Un corps "national"
Candidat socialiste à l'élection présidentielle en France très largement favori constitue un second corps virtuel certes mais donnant la perspective d'un pouvoir à venir déjà efficient ne serait-ce qu'au moyen de promesses à l'effectivité presque certaine au moment où l'on parle. C'est le futur "monarque républicain" qui s'incarne déjà dans ce corps.
Un corps "humain"
C'est le corps porteur de toutes les caractéristiques physiques et biologiques héritées ainsi que de tous les acquis de son expérience dans le monde formée dans le quotidien des rapports interindividuels, l'ensemble s'inscrivant dans des comportements habituels socialisés (c'est-à-dire plus ou moins admis ou en tout cas n'ayant fait l'objet d'aucun interdit formellement signifié)
Conflits
Il y a trois possibilités de conflits en prenant ces corps deux à deux. Entre les deux premiers le conflit est permanent puisque l'un est depuis toujours dominé par la rigueur du credo de l'idéologie libérale nettement punitive à l'égard de ceux dont le second entend par principe promouvoir l'émancipation et le bien-être social. Le troisième corps doit trouver sa place en maximisant son plaisir sous la contrainte du droit. Il est à l'affût de toutes les opportunités et peut prendre, en matière de comportement sexuel, des risques calculés à la frontière incertaine de la séduction et du harcèlement. Les tensions croissantes du conflit des deux autres, la mobilisation de l'attention du sujet soumis à de fortes attentes et sollicitations diverses dans des champs ésotériques très éloignés de l'ici et maintenant peuvent, en un éclair, libérer son champ d'action en dehors de toute conscience réflexive des conséquences possibles d'actes transgressifs.
Il peut alors arriver qu'il agisse à deux de ses corps défendants ...