La droite et plus généralement les bien-pensants de la pensée unique accusent Jean-Luc Mélanchon de populisme lequel le revendique et s'autoproclame "tribun du peuple". Les journalistes de cour qu'il lui arrive de dénoncer dans le moment même de leur courtisanerie, appuyés par leur corporation, hurlent au crime de lèse-majesté. Il persiste et signe. Même ses partenaires communistes le pressent de tourner la page considérant que "le populisme ne peut pas être l'orientation du Front de gauche" lequel doit rester une "construction populaire et citoyenne qui parie sur l'intelligence". Cela donne à penser qu'il n'y aurait qu'un seul populisme, unanimement condamné, sans autre signification que celle du dictionnaire* : "Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu'entité indifférenciée"** ?
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La droite et plus généralement les bien-pensants de la pensée unique accusent Jean-Luc Mélanchon de populisme lequel le revendique et s'autoproclame "tribun du peuple". Les journalistes de cour qu'il lui arrive de dénoncer dans le moment même de leur courtisanerie, appuyés par leur corporation, hurlent au crime de lèse-majesté. Il persiste et signe. Même ses partenaires communistes le pressent de tourner la page considérant que "le populisme ne peut pas être l'orientation du Front de gauche" lequel doit rester une "construction populaire et citoyenne qui parie sur l'intelligence". Cela donne à penser qu'il n'y aurait qu'un seul populisme, unanimement condamné, sans autre signification que celle du dictionnaire* : "Tout mouvement, toute doctrine faisant appel exclusivement ou préférentiellement au peuple en tant qu'entité indifférenciée"** ?
Le "peuple de gauche", l'essence du populaire.Si l'on s'en tient à cette définition pour clarifier un peu le propos, c'est du populisme que de dénoncer par exemple "les impôts" qui spolieraient tous les citoyens ou encore "le laxisme des juges" qui mettrait en péril la sécurité de tous. En revanche, dénoncer des inégalités sociales, dans la mesure où cette dénonciation sépare grosso modo le peuple en pauvres et riches n'a rien de populiste. Lorsqu'elle est prononcée au nom du "peuple de gauche" - une partie du peuple plutôt victime de ces inégalités - elle devient franchement populaire. En conséquence lorsqu'un responsable politique fait du peuple de gauche le principal sujet de l'histoire politique, économique et sociale, lorsqu'il s'adresse exclusivement à lui en magnifiant son destin il ne peut tomber sous le coup de l'accusation de populisme. Il est donc paradoxal qu'il puisse s'en réclamer sauf à vouloir brouiller les cartes d'une façon manifestement contre-productive. "Faire payer les riches" par exemple n'est pas une formule populiste mais franchement populaire. En effet, le terme "populaire" dans ses acceptions les plus nombreuses et les plus usitées s'applique à la partie d'une population (les classes "populaires") la moins pourvue en biens et en ressources aussi bien matérielles qu'intellectuelles : ce sont celles et ceux qui au spectacle ou au stade occupent les places les moins chères (les "populaires"), fréquentent les bistrots des quartiers "populaires", regardent des émissions de télévision conçues à leur intention, fredonnent des chansons "populaires", etc ... Cependant tout ce qui est "populaire" n'est pas de gauche …Cela tombe sous le sens. Les commentateurs se retrouvent tous pour certifier que l'élection de Nicolas Sarkozy est due principalement à une percée de la droite de gouvernement dans les classes populaires sur des thèmes tels la sécurité, qui concerne tout un chacun, et l'immigration, présentée comme une menace collective. Ces thèmes et les pratiques qui en découlent relèvent, au regard de la définition, du populisme le plus strict. C'est la raison pour laquelle la communication de la droite ne cesse de s'en prémunir en s'autoproclamant "populaire" à tout bout de champ : Union pour un Mouvement "Populaire", Jeunes "Populaires" et plus récemment la surenchère d'une "droite populaire" au sein de l'UMP ainsi que la proposition d'introduire des jurys "populaires" en matière correctionnelle … Ces habiletés sont calculées et relèvent de la triangulation sémantique chère aux spin-doctors. On cherche à s'approprier des mots caractéristiques les plus définitoires de l'adversaire politique afin de débaucher une partie de son électorat "naturel" en vue d'obtenir l'appoint indispensable pour faire une majorité. On tente de leur faire oublier qu'ils sont du mauvais côté de la partition sociale en s'adressant à la partie à laquelle ils appartiennent comme si elle était le tout. On crée de la sorte une solidarité artificielle, asociale voire antisociale.Finalement on voit que certains affrontements politiques peuvent se jouer aujourd'hui à fronts renversés : on peut-être à bon droit "populaire" et se vouloir populiste tandis que les plus objectivement "populistes" n'hésitent pas à se proclamer populaires …Il faudrait peut-être tirer de l'oubli le "popularisme" et en rénover le contenu afin de mettre les bons mots sur les bonnes (ou mauvaises) pratiques … *Le trésor de la langue française **souligné par nous
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