Je rêve d’écrire le poème infini, l'ode à la beauté sublime, le poème chant du coq, le poème cri du cœur, le poème soleil levant.
Le poème enfant qui dort, la sueur perle au bord de sa lèvre.
Le poème homme noir qui rit de toutes ses dents blanches.
Le poème tambour de la terre qui bat et qui fait vibrer les os.
Le poème coup de poing au ventre qui fait jaillir la vérité.
Ecrire de longs jours pour exprimer le sel des larmes, l’eau des corps, le sens du verbe.
Ecrire seul, à la chandelle, dans la noirceur d’une forêt immense.
Ecrire seul, au centre de la foule, avec ce monde qui tourne autour, comme une toupie.
Ecrire de longues années.
Et puis un jour enlever tout les mots inutiles, les mots vains, les mots décors, les mots faux-semblants.
Gommer, effacer, raturer, avec frénésie.
Ne garder que l’essentiel.
Ne garder que le seul mot qui les exprime tous.
Expirer en le prononçant.