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Billet de blog 11 février 2012

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Une couleur : rouge

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Il m'a fallu du temps pour en arriver là. Laisser en arrière une partie de mon enfance, de ma naïveté. M'imaginer que l'amour sans digue de mes parents n'était pas la généralité. La générosité générale s'arrêtait alors aux frontières familiales, englobant ça et là quelques amis. La générosité d'alors impliquait, comme quelque chose de naturel, le vivre et le couvert, donné sans même y penser. On économisait. On avait cette jouissance du manque, du peu. Ce qui n'excluait pas les colères, les haines, les incompréhensions et les mépris. Mais la civilisation, certe parfois barbelée tenait tout ça en place.

A cette époque, rouge était ma couleur préférée. Donnée comme ça, instinctivement. C'était aussi celle des tartans écossais que ma mère aimait me voir porter et des méchants plus en laine retricotés avec ceux, détricotés, de mon père. Rouge était aussi une des couleurs de mon drapeau, car nous avions le patriotisme des éloignés. Nous imaginions la France comme faisant partie de notre famille. Ses valeurs étaient les nôtres, son hitoire fantasmée, la nôtre ; l'amour sacré de la patrie, n'était pas seulement un couplet, pas un vain mot. C'est dire ce que fut nôtre déception lorsque nous fûmes contraints de rentrer dans son sein. Mais le pire n'était pas consommé, il manquait encore la vague d’individualisme, de consumérisme et finalement d'égoïsme des années quatre vingt et suivantes. La civilisation se désagrégeait dans les molesses des canalplus et des divans.

A cette époque, rouge était la couleur du poing sur les affiches, de l'étoile sur les murs, du ralliement des camarades, des chansons que nous entonnions ensemble. Enfants gâtés du capitalisme, nous nous appuyions sur lui pour rêver d'un autre monde, plus juste. Nous nous servions de la relative aisance comme d'une marche pour aller plus haut vers l'humain, vers le partage. Les temps nous ont été contraires, les hommes politiques en qui nous avions mis notre confiance à qui nous avions remis comme un gage le rouge drapeau de notre révolte, nous l'ont confisqué. S'en sont suivies toutes ces années de plomb, de doute, de silence, d'angoisse.

Aujourd'hui rouge est la couleur ravivée de mon espoir, celle de la fraternité, de la liberté, de l'égalité.

Rouge est la couleur de notre utopie.

Rouge est la couleur de la gauche

De la vraie.

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